2015 : à l’occasion du 75e anniversaire de la création du Scoutisme Français

Dim26Avr201508:53

2015 : à l’occasion du 75e anniversaire de la création du Scoutisme Français

Index de l'article

 

.… Jean-Jacques Gauthé propose un petit jeu de découverte.

 

Le Scoutisme Français (SF),

1940-2015,

soixante-quinze ans de projets


Ce jeu a été créé à l’occasion du 75e anniversaire du Scoutisme Français célébré lors de son assemblée générale le 19 avril 2015. D’une part, devant être joué en un temps limité par des équipes, il n’entend pas et ne peut pas retracer toute l’histoire du SF. Certains points tels le jamboree de 1947, le soutien aux Éclaireurs de France lors de la campagne déclenchée contre eux en 1952 notamment par Le Figaro, la gestion de l’image du scoutisme en France… n’ont pu être abordés par manque de temps.

 

D’autre part, s’agissant d’un jeu, diverses questions historiques complexes ne sont qu’effleurées. C’est le cas par exemple des difficultés d’adhésion des Éclaireurs Israélites de France au Bureau interfédéral du scoutisme (BIF), des relations avec le régime de Vichy, des guerres coloniales…

 

Il est à remarquer qu’un certain nombre de points de l’histoire du SF sont encore mal connus faute de sources connues. Ont été privilégiés ici certains points étonnants (origines américaines du BIF) voire totalement oubliés (SF de Londres).

 

Enfin, les analyses contenues dans ce jeu et son commentaire n’engagent que leur auteur, Jean-Jacques Gauthé.


Nous remercions Jean-Jacques d'avoir bien voulu nous transmettre ce document. Nos visiteurs feront d'eux-mêmes le lien avec d'autres articles sur la vie de nos associations pendant la (longue !) période la seconde guerre mondiale.

 

 

 


 

 

C’est faux.


Le SF succède au Bureau interfédéral du scoutisme français (BIF) créé en 1923 et au Comité de coordination des associations féminines créé en 1931.

 

Voilà un sujet d’étonnement. En effet, le BIF naît en 1923 largement grâce à l’action du Comité américain des régions dévastées. Cet organisme fut créé en 1917 par deux jeunes américaines, Anne Murray-Dicke et Anne Morgan, héritière de la banque Morgan. Le CARD joua un rôle essentiel dans la reconstruction de certains cantons du département de l’Aisne de 1917 à 1924 faisant découvrir aux Français aussi bien les bibliothèques circulantes, les infirmières de PMI venant à domicile en voiture et le scoutisme en créant une association, les Éclaireurs de la France dévastée. Le CARD entend organiser le scoutisme en France en fédérant ses associations !

 

Le CARD animera plusieurs camps importants dans l’Oise à la Croix Saint-Ouen, à Francport. Il restera un point essentiel de son action au BIF la formation des cadres du scoutisme. Dans ce but, il offre en 1923 aux Français une propriété de 11 hectares, le château de Cappy, à Verberie dans l’Oise. Il devient jusqu’aux débuts des années 50 le centre de formation EDF EUF. La question de savoir comment les SDF furent associés à cette opération n’est pas très claire. En tout cas, ils ouvrent leur camp-école de Chamarande dès 1923.

 

Vous noterez l’en-tête du papier en haut : il s’agit d’une lettre du RP Sevin, l’un des cofondateurs des Scouts de France, en juillet 1921. Font partie de l’association des Camps écoles du SF EDF, EUF, SDF et CARD. L’adresse est celle des locaux du CARD, 15 boulevard Lannes à Paris. Dans la liste des membres à gauche, on lit notamment les noms de Anne Murray-Dicke, Anne Morgan, Jean Beigbeder (EU), Georges Bertier (EDF) le RP Sevin (SDF), Lorne Barclay (Boy Scouts of America) et Henri Guerreau, secrétaire général du CARD qui sera celui du BIF de 1923 jusqu’à sa mort en 1938. C’est le symbole du lien CARD-BIF.

 

Les Boy Scouts of America furent très actifs en France jusqu’en 1922-23 au point que l’on peut se demander s’il n’existe pas à ce moment une compétition entre eux et les Anglais pour l’animation du scoutisme mondial. Avec la fin du CARD, ils ne s’occupent plus des affaires françaises et les Éclaireurs de la France dévastée s’intègrent aux EDF.

 


 

 

C’est vrai.


Le souvenir du camp de l’Oradou tenu à Clermond-Ferrand du 24 au 26 septembre 1940 est suffisamment fort pour que le SF en fasse le titre de son journal. C’est à l’Oradou que 20 cadres de six associations créént le SF qui est constitué en association en décembre 1940.

 

 

La conception de l'Homme « d'un optimisme mesuré » en ce début d'automne 1940 alors que la France vient de subir l'une des plus grande défaites de son histoire, que les combats ont fait 93 000 morts, qu'il y a 2 millions de prisonniers en Allemagne et que les deux tiers du pays sont  occupés traduit en fait un sacré optimisme dans l'avenir !

 

Le SF se choisit comme président le général Joseph Lafont (1874-1961), président des SDF depuis 1936. Général d’armée (5 étoiles) en 1939, il commande en juin 1940 la région militaire de Bordeaux et joue un rôle de premier plan dans les dernières heures de la IIIe République. Il restera à la direction du SF jusqu’en avril 1948. Sur cette photo qui paraît en couverture de l’EDF de novembre 1943, il porte l’insigne SF composé de celui des trois associations masculines hors EI et son foulard de Chamarande. Lors de la réunion de l’Oradou, il est bloqué en zone Nord. Il a été nommé président du BIF en août 1940. Le SF est le premier mouvement de jeunesse agréé par le gouvernement le 24 juillet 1941.

 

Cet homme va conduire le SF au travers des tourments de la seconde guerre mondiale. C’est un ami très proche du maréchal Pétain qu’il connaît et apprécie. Il est décoré de la Francisque, décoration officielle, très tôt. Il fait décorer l’aumônier général SDF, le père Forestier. Le 19 mars 1942, il organise un dîner au cours duquel le maréchal Pétain décore Dary (SDF), Gastambide (EUF), François (EDF), Basdevant (SF) de la Francisque. Gastambide la renvoie le lendemain par la poste… Les associations féminines n’ont pas été associées à ce dîner et les EIF ont été dissous deux semaines auparavant, le 7 mars 1942.

 

Le PCF lui reprochera vivement sa Francisque qui permet de le faire passer pour un fasciste. L’information judiciaire ouverte contre lui à la Libération sera classée et il sera témoin dans plusieurs procès à la Libération (Pétain, Weygand, Baudouin).

 

On va le voir, il saura dans l’adversité faire preuve d’un réel courage. Il s’oppose aux projets de jeunesse unique et soutient les EIF contre les projets antisémites du gouvernement.

 

Le premier défi auquel il est confronté est l’interdiction du scoutisme décidée par les Allemands par une ordonnance du 28 aout 1940 rendue publique le 22 septembre 1940. Ce texte qui suspend l’activité de toutes les associations vise clairement le scoutisme, même s’il n’y est pas nommé. Le SF ne s’y trompe pas et le premier document qu’il écrit est cette lettre du 1er octobre 1940, signée uniquement des SDF, EUF et EDF, envoyée au SGJ lui demandant de protester auprès de la délégation d’armistice.

 


 

 

C’est faux.


Le problème dans l’image est constitué par l’absence de l’insigne des EIF dans le titre du n° 1 de l’Oradou (décembre 1943). Cette association a en effet été interdite par le gouvernement français quelques mois auparavant.

 

Images de l’album du chocolat Suchard (1951). L’écu est commun aux associations du SF à l’époque. C'est l'une des conséquences de l'Oradou. Il faut dire un mot de la FFE et de son originalité. Né en 1921, ce mouvement féminin regroupait 3 sections : neutre, protestante, israélite. Il était très proche du système britannique, beaucoup plus que les mouvements de garçons. Les filles catholiques  s'organisèrent de façon autonome au sein des Guides de France à partir de 1923.

 

Les évolutions des associations membres traduisent des évolutions de la société française : la généralisation de la mixité garçons-filles au début des années 60 (la décision de ne plus construire que des lycées mixtes est prise en 1959) conduit à la fusion de chaque section FFE avec le mouvement masculin homologue. Naissent alors les EEDF, les EEUF, les EEIF tandis que disparaît un mouvement très original. À noter que dès 1948 les EDF s'étaient rapprochés de la section neutre de la FFE, ce qui avait été à l'origine de vives tensions avec le scoutisme international.

 

Les SMF créés en 1991 avec l'appui d'associations du SF en pleine guerre du golfe entrent au SF en 1994. Leur entrée marque la prise de conscience de l'importance du scoutisme musulman.

 

Une importante association musulmane avait été membre du SF via son collège algérien, les Scouts musulmans d'Algérie, (6 000 membres en 1947). Dans un contexte politique très difficile, émeutes nationalistes de mai 1945, société coloniale, pression des pouvoirs publics, guerre d'Algérie), ils seront défendus par le SF y compris quand le gouverneur général d'Algérie demande officiellement au SF leur exclusion (septembre 1949).

 


 

 

Dans un état officiellement antisémite, le SF couvre les activités des EIF à partir de mars 1942. En application de la loi du 29 novembre 1941 qui interdit toutes les associations juives, sauf celles à caractère cultuel et qui crée l’UGIF, établissement public censé représenter les Juifs de France obligés d’y adhérer, les EI sont dissous à compter du 23 mars 1942. Ils deviennent en bloc la 4e direction de l’UGIF, organisée en cinq divisions. Le général Lafont a obtenu cette décision de la part du commissaire général aux questions juives, Xavier Vallat qu’il a rencontré dès décembre 1941 avec Gamzon. D’où les mentions sur la lettre de gauche : « UGIF 4e direction sous contrôle  du Scoutisme Français » dans un courrier des EI de Clermont-Ferrand du 27 juillet 1942, au moment des grandes rafles, évoquant un enfant interné au camp de Gurs. Les EI disparaissent des documents officiels et passent sous le contrôle du SF… en continuant en fait comme avant.

 

Les milieux collaborationnistes dénoncent l’attitude du SF. Un vif incident se produit en juin 1941 en présence de Louis Garrone, directeur de la jeunesse. Un journaliste antisémite s’étonne de la présence des EI dans une rencontre officielle. Il est vivement contré par les SDF présents et Garrone et très gêné de l’incident rapporté par le journal collabo La Gerbe du 24 juillet 1941.

 

Les visites des responsables du SF à la maison d’enfants installée par les EI à Moissac (Tarn et Garonne) symbolisent son soutien au moment où la chasse aux Juifs est ouverte. Le 2 mars 1942, le SF du SF, Basdevant s’y rend avec Gastambide (EU) et Renée Sainte Claire Deville (FFE). Quelques jours plus tard, le général Lafont s’y rend et réaffirme son soutien aux EI. On le voit ici en discussion avec Shatta Simon qui avec son mari Edouard (Bouli) vont sauver des centaines d’enfants de la déportation grâce à cette maison d’accueil organisée sur le modèle scout.

 

La défense des EIF est une constante du SF. En juin 1941, Pierre François, commissaire général des EDF et adjoint du général Lafont part en avion en Algérie pour éviter que l’administration n’y interdise les EIF sur le modèle de ce que vient de faire en Tunisie l’amiral Esteva, résident général. Il réussira dans sa mission.

 

En métropole, Darquier de Pellepoix, commissaire général aux questions juives et antisémite fanatique, se répand dans la presse collaborationniste contre les EI, comme ici dans « Le Matin » du 9 décembre 1942 dans lequel il expose ses projets. Après qu’il ait annoncé l’interdiction définitive des EI en janvier 1943, le général Lafont le rencontre pour tenter de le faire changer d’avis. Gamzon le signale dans sa dernière lettre aux EI. À la remarque de Lafont selon laquelle « Gamzon et tous ces types sont des gens très bien », Darquier répondra « Justement, ce sont les plus dangereux ».

 

Darquier à une autre idée que le SF va s’efforcer avec succès de saboter : l’interdiction d’adhésion de tous les jeunes Juifs aux mouvements de jeunesse. Le SF se lance dans un campagne discrète de lobbying pour torpiller le projet en rencontrant les autorités spirituelles du pays. Pierre François intervient auprès du cardinal Gerlier. Le général Lafont fait de même auprès du maréchal Pétain. Le pasteur Boegner, président de la Fédération protestante de France, intervient aussi sur ce thème auprès du cabinet du maréchal Pétain et s’entend répondre que le général Lafont est déjà intervenu. Le projet est enterré avec le limogeage de Darquier en février 1944.

 

Rétrospectivement, le SF peut être fier de son action. On peut aussi ajouter qu’à titre individuel, plusieurs de ses membres dirigeants n’hésiteront pas à donner l’exemple en ce qui concerne l’aide aux Juifs. Parmi les 18 cadres présents à l’Oradou, hors EI, au moins 3 (François, Taphanel, Basdevant) cacheront des Juifs. Et bien d’autres comportements individuels répertoriés dans le Dictionnaire des Justes de France montreront comment les scouts se sont engagés dans le sauvetage des Juifs. Citons simplement Gilbert Giraud, commissaire SDF à Marseille qui sauve Roger Eisinger, le futur poète Emmanuel Eydoux, son collègue des EI et fondateur des EI en 1937 à Marseille. Alors qu’Eisinger se rend à une réunion scoute le 21 janvier 1943, il est arrêté en gare de Marseille, ayant ses vrais papiers d’identité marqués « juif ». Giraud, témoin de son arrestation, réussit à prévenir la femme d’Eisinger. Ils font alors intervenir un inspecteur des services de la jeunesse qui obtient sa libération. Giraud et sa femme cacheront ensuite Eisinger et sa famille jusqu’à la Libération.

 

 


 

 

C’est vrai… bien que totalement oublié

 

 

Dès juillet 1940, le SF s’organise à Londres. Plus exactement le BIS fusionne toutes les associations scoutes et guides françaises en une seule, les EFGB avec pour emblème le lys tricolore.

 

L’homme de la photo de droite est celui qui organise les EFGB. Vous ne le connaissez pas, se sont encore les mystères de l‘histoire du SF ! Il s’agit d’un suisse, Alfred Renou, qui arbore sur son uniforme le lys tricolore des EFGB et le heaume du chevalier Bayard marqué de la croix de Lorraine.

 

Et Renou a une idée extraordinaire : il va demander au général de Gaulle de prendre la présidence d’honneur des EFGB, ce que celui-ci accepte dès le 14 aout 1940.

 

Après l’AG des EFGB le 29 janvier 1943 à Londres, le général de Gaulle rencontre lady BP et JS Wilson, directeur du BIS et  n°4 ou 5 du SOE britannique. En compagnie d’Adolphe Sicé  (1885-1957) qui vient de prendre la direction des EGFB, il rencontre un chef qui vient d’arriver d’Afrique du Nord. Il pourrait s’agir de Frédéric Caquelin, commissaire général adjoint des EDF.

 

De Gaulle aura un beau commentaire sur le scoutisme : « Il y a fort peu de choses qui, en ce monde, soient vraiment réussies. Eh bien ! le scoutisme est une de ces choses qui sont réussies ! Le scoutisme a été réussi dans le passé. Il n'y a qu'à voir pour cela le développement qu'il a pris et les résultats, qu'il a donnés ; le scoutisme est réussi aujourd'hui, et la preuve en est l'honneur et la joie que je ressens à rencontrer lady Baden Powell. Le scoutisme sera réussi demain, parce qu'il est quelque chose d'humain, de pur, de désintéressé et de grand. Et tout cela, nous le devons au grand homme que fut Baden Powell. »

 

Les différentes branches du SF : EFGB de Grande-Bretagne, Scoutisme Français d'Afrique isolé par le débarquement allié de novembre 1942, groupes isolés de Madagascar, d'Egypte et de Syrie s'unissent en mars 1943 pour créer la FSF OPL dirigé par Adolphe Sicé. Ici, il annonce  à l'AMGE l'unité du SF. Ce n'est pas tout à fait exact : l'Indochine où l'ensemble des associations a fusionné dès 1937 au sein d'une Fédération indochinoise des associations scoutes sur le modèle de la FFE reste  à l'écart de la FSF-OPL.

 

Autre surprise : il y a de 1940 à 1944 des émissions radio scoutes régulières sur la BBC où Sicé prend la parole à différentes reprises.

 

Et la FSF-OPL se rallie  à la Déclaration de l'Oradou. Le CN du SF donnera quitus à Caquelin de son action au titre du SF d'Empire lors de ses réunions du 17 octobre 1944  et 7 novembre 1944. Sicé est nommé commissaire assistant de Lafont pour l'Empire, fonction qu'il exerce au jam de 1947.

 


 

 

Vrai… et faux !

Le SF a-t-il osé aller jusque-là ? Et oui, et il a eu bien des réalisations communes qui vont bien au delà de l'uniformisation des insignes de chefs et des épreuves. Quelques exemples, outre la célèbre chorale fédérale du SF fondée en 1940 par César Geoffray d'où À Cœur Joie est issue et qui fonctionna jusqu'en 1967 et produisit de nombreux disques chez Philips, tel celui-ci enregistré les 3 et 4 mai 1961.

 

 

Les SDF s'opposent à  ce texte à leur AG de décembre 1945 au motif son niveau spirituel ne correspond pas aux buts du scoutisme catholique, qu'il s'écarte trop du texte de BP « que notre loi serre de très près ». On notera que la formule « Le scout sait obéir » sera reprise en 1953 par les Guides de France et en 1964 par les Scouts de France.

 


 

 

Deux des réalisations communes les plus étonnantes, totalement oubliées, la Route de l'Avant et l'Aéro-club. Début 1944, au sein des armées françaises reconstituées qui se battent pour la libération du pays et qui vont entrer en Allemagne, se crée une Route de l'Avant comprenant Routiers et guides des six associations du SF. Elle compte 2 000 jeunes qui se sont engagés et combattent, les filles étant en général dans les fonctions de soutien et qui publie ce bulletin « Sois chic » au titre un peu ringard. Mais ces scouts et ces guides n'hésitent pas et nombre d'entre eux ne reviendront pas…

 

Et à coté, deux guides dans un planeur de l'aéro-club du SF dont  vous voyez l'insigne au premier plan avec l'écu SF.

 

Vrai… et encore totalement oublié.

 

 

Après 2001, selon rapport 2011, IGJS, « entre dans le droit commun des ACM », ce que l'administration souhaitait depuis 1988…

 

La commission de surveillance a eu un rôle discuté. Elle émit ainsi en 1952 un avertissement en découvrant le Marsupilami dans Les Voleurs du Marsupilami de Franquin car « cette créature absurde et imaginaire pousse des cris inarticulés ».

 

 


 

 

C’est faux… même si c’est très rare.


Le 25 avril 1945, jour de la Saint-Georges, le SF organise un immense défilé de 40 000 scouts, guides, éclaireuses et éclaireurs sur les Champs Elysées. Il s’agit de montrer la vitalité du scoutisme malgré la guerre et son interdiction en zone nord. La manifestation est abondamment médiatisée, ici le titre de la séquence des Actualités françaises du 27 avril 1945 que vous pouvez retrouver sur le site de l’INA. Le défilé se déroule entre l’Arc de Triomphe et la Place de la Concorde notamment en présence de lady BP qui a ravivé la Flamme sur le tombeau du soldat inconnu et du général Lafont. C’est le premier défilé de scouts en uniforme.

 

C’est faux… car la participation à ces coordinations est dans l’ADN du SF.


 


 

 

Gerojep : Groupe d'Études et de Rencontres des Organisations de Jeunesse et d'Éducation Populaire

 

Faux :

 

Le Foyer universitaire du SF est un lieu central de réflexion sur les problèmes de l'enfance. Ce livre paraît dès 1946.

 

Henri Joubrel (EDF, 1914-1954), Jacques Astruc (1903-1959), Jacques Rey (EUF, né en 1898) sont trois de ceux qui vont conduire le SF à s'investir dans ce champ.

 

 

Vrai et faux

 

 

Voilà un exemple de l’action discrète voire secrète du SF. En zone nord, soit les deux tiers du pays, les unités scoutes vivent dans une semi clandestinité depuis l’ordonnance allemande du 28 août 1940. Semi clandestinité car les polices françaises et allemandes savent bien qu’ils existent. Et ils ne sont pas pourchassés comme le sont les résistants ou les Juifs. Catholiques et protestants se rapprochent de leurs églises afin de bénéficier de leur protection.

 

Les unités sont isolées, le port des uniformes est interdit ainsi que les rassemblements. Parfois, un chef maladroit ou trop voyant se fait interpeller. Le SF refuse les propositions des Allemands pour faire redémarrer ses unités en zone Nord. Le détail des négociations reste à découvrir mais la question des EI en fait partie. En octobre1942, les associations masculines décident de lancer une revue commune pour leur garçons en zone Nord, Les Cahiers du colibri. Cette revue est publiée par les éditions du Seuil qui viennent de se créer, est uniquement centré sur les activités, ici le théâtre et les marionnettes dans le n°4 publié courant 1943. Les articles sont signés par des responsables scouts dont Pierre Déjean, les dessins sont de Pierre Joubert ou de Sven… mais le mot « scout » n’apparaît jamais ! Comment cette revue a-t-elle été financée, diffusée, voilà des points à découvrir.

 

Sur le terrain, Les Campeurs de Sceaux qui n’emploient jamais le mot de scout ou guide donnent leur fête annuelle les 14 et 15 novembre 1942, dissimulent bien peu un groupe SDF qui inclut le bâton des routiers dans la francisque officielle tandis que le groupement paroissial des jeunesses protestantes recouvre les groupes A et B (UCJF et EUF) qui campent au printemps 1944 près de Meaux. Le site du centenaire des EU a mis en ligne le film de ce camp, un document unique !

 

 

 


 

 

En conclusion un symbole de la fraternité agissante que constitue le SF aux heures noires de l'Occupation, cette banale carte de commissaire provincial adjoint Éclaireurs des EUF délivrée à François Ménard. Seulement François Ménard n'existe pas et la carte est un faux délivré par les EU en toute connaissance de cause. François Ménard n'est autre que Freddy Ménahem, commissaire des EIF qui à ce moment, fin 1942, met en place la structure clandestine des EIF, la Sixième qui va sauver des milliers d'enfants juifs. C'est notamment grâce à cette carte qu'il va pouvoir circuler librement et organiser le sauvetage des enfants. Le contrôle du document est compliqué à opérer : Ménard habite Paris mais est responsable scout en zone sud tout en étant né en Algérie…

 

Ce document est l'image du SF que nous voulons, uni et fraternel.

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