1946 : Érable Lévy-Danon et le scoutisme d’extension E.D.F.

Ven08Fév201909:19

1946 : Érable Lévy-Danon et le scoutisme d’extension E.D.F.

Un témoignage d’Andrée Mazeran-Barniaudy, ancienne commissaire nationale

« Érable » Lévy-Danon

On ne peut pas parler du service Extension des E.D.F. sans évoquer « Érable » Lévy-Danon.

Les lignes que j’ai rédigées pour les « actes » de la « journée de la mémoire du scoutisme laïque » ont tracé ce dont j’ai été témoin 66, Chaussée d’Antin durant les années où, Commissaire nationale Louveteaux, j’ai travaillé aux côtés d’Érable. C’est toute l’action menée par Érable et son équipe que j’ai pu relater.

Aujourd’hui, c’est tout particulièrement la personnalité exceptionnelle d’Érable que je voudrais essayer de faire revivre, avec beaucoup d’émotion partagée avec Denise Kahn dans l’évocation de ces souvenirs.

Érable était une grande dame…

Impressionnante par son allure, son élégance naturelle, son charme,

Chaleureuse dès la premier contact,

Infiniment simple quand on la connaissait mieux.

Érable et son mari étaient éclaireurs. « Chouette » (Marcel Lévy-Danon) était commissaire régional E.D.F. dans le Nord. Ils appartenaient à une famille aisée juive. Ils étaient, pendant la guerre, réfugiés en Corrèze avec leurs deux fils. Marcel Lévy-Danon a été fusillé par la Division allemande Das Reich en représailles après des actions de la Résistance.

À la demande de Pierre François, Commissaire général des E.D.F., Érable a décidé d’avoir un rôle chez les éclaireurs en s’occupant des jeunes handicapés.

Elle avait un fils handicapé, Michel, qui est mort peu de temps après son papa. Nous connaissions son existence grâce à une photo toujours posée sur le bureau d’Érable. Elle nous présentait « son petit Michel ».

Avec détermination, Érable a constitué son équipe, de solides médecins ont toujours œuvré avec elle. Avec une dignité exemplaire, elle a redonné à ce monde des jeunes handicapés une place incontestée. Le regard qu’elle portait sur les enfants était si souriant et confiant, le regard qu’elle portait sur les cadres était si encourageant, le regard qu’elle portait sur les personnalités était si exigeant… que toutes les actions quelle conduisait semblaient évidentes !

Quelle présence partout !

Dans les stages,

Dans les bureaux,

Dans les relations internationales,

Quel travail !

Elle n’avait pas besoin d’arguments (elle en avait pourtant beaucoup) pour obtenir quelque chose. Son exemple l’emportait !

On la considérait parfois comme un peu différente des autres membres du commissariat national. C’est vrai que la grande dame habitait le Champ de Mars. En fait, elle louait un appartement de deux pièces. Mais la simplicité avec laquelle elle acceptait de dormir sous la tente, ou dans un dortoir avec nous, la rendait tout de suite semblable aux autres. Elle savait aussi être si drôle !

J’ai raconté les stages Extension, les ventes, les soirs inhabituels… Une réussite dans tous les domaines.

Ce que personne ne savait, et qu’elle ne disait pas, c’est que sa vie avait été une vie de turbulences… Elle a été accompagnée jusqu’au bout par son équipe nationale. Tout cela ne fait qu’ajouter un peu plus à la dignité de cette grande dame à qui le Mouvement doit beaucoup.

Merci Érable !

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