2015 : quelques réflexions sur la coéducation aujourd'hui

Sam19Déc201521:45

2015 : quelques réflexions sur la coéducation aujourd'hui

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… à l'occasion de la Journée de la mémoire du scoutisme laïque le 28 novembre 2015

 

La coéducation aujourd'hui, au-delà de la juxtaposition de sexes

Intervention de Maud Réveillé, responsable E.E.D.F. à Toulouse,

Membre du Comité Directeur



Je m'appelle Maud Réveillé, militante aux EEDF depuis 4 ans en tant que responsable d'animation et directrice, et depuis un an et demi élue au Comité directeur de l'association. Je vais commencer par vous présenter le déroulé de cet après-midi et évoquer rapidement la logique qui a présidé à sa construction.

Les échanges de cet après-midi sont regroupés autour de la thématique « la coéducation aujourd'hui : au-delà de la juxtaposition des sexes ? », et partent de l'idée que cet objectif éducatif – la coéducation – ne se limite pas à la mixité, au fait de mettre filles et garçons ensemble. Dès l'origine des EEDF, l'ambition était plus large. La question est donc aujourd'hui : comment s'y prendre pour donner un nouvel élan à cet objectif politique, comment parfaire notre action éducative dans ce domaine. Car de fait, il est très facile, et on l'observe malheureusement dans nos activités, de réduire la coéducation à la mixité.


Jean-Marie Bataille, qui est pédagogue, directeur des éditions Le social en fabrique, nous parlera dans un premier temps des limites de la mixité : non dans l'optique de prôner un retour de principe à la non-mixité, mais pour interroger les effets de la mixité quand elle n'est pas doublée d'un travail éducatif sur le genre.


Jean-Mark Guérin, qui représente l'A.M.G.E. (Association mondiale des guides et éclaireuses), évoquera le travail enclenché par la région Europe dans ce domaine, et la manière dont il vise à relayer les initiatives des organisations nationales comme la notre.


Laure Salamon enfin, est membre des EEUDF et de leur commission mixité : ils ont travaillé depuis 2010 sur une approche cohérente pour traiter ces sujets au sein de leur mouvement, et elle nous en expliquera les grandes lignes.

Après la pause, avec Nadine Tetron qui est membre du Comité Directeur des EEDF, nous vous proposons d'animer un temps de discussion collective, sur la base des interventions de l'après-midi, notamment : comment nous emparer de ces sujets au sein des éclés, de manière structurée (car les initiatives locales existent déjà bel et bien). On vous proposera trois thématiques : l'impulsion politique (régionale/nationale) ; la formation ; et les objectifs et moyens pédagogiques.

Isabelle Dhoyer, présidente des EEDF, concluera ensuite la journée.

Je voudrais maintenant, en guise d'introduction pour l'après-midi, évoquer ce qui est à mes yeux le prisme par lequel nous devrions aujourd'hui aborder la question de la coéducation et de l'égalité des sexes.


Depuis que je fais partie des éclés, en tant que responsable d'animation au sein de plusieurs équipes, nous avons travaillé dans nos projets pédagogiques sur la question de l'égalité des sexes. Je voudrais prendre une phrase entendu à cette occasion pour illustrer mon propos : Il y a deux ans, avec des lutins, des 6-8 ans donc, nous avions organisé une discussion en non-mixité sur ce sujet.  J'animais la discussion avec les garçons, avec comme point de départ la question « si j'étais une fille, qu'est-ce que je pourrais faire, que je ne peux pas faire aujourd'hui ? Et inversement ». Et Nino, 7 ans, a répondu : « si j'étais une fille, j'aurais le droit de pleurer ». Il faut mesurer la gravité de cette parole : en 2013, un garçon de 7 ans a encore, a déjà intégré que son rôle de garçon va avec la répression de ses émotions.


J'utilise le mot rôle volontairement. Au-delà du sexe biologique, filles et garçons sont des rôles sociaux. Des rôles avec des caractéristiques particulières, des manières de se tenir, d'agir, de penser, bref de vivre. Comme n'importe quel rôle, ils sont prescriptifs : ils vous disent, dès votre plus jeune âge, comment vivre et comment penser. Et si vous ne tenez pas votre rôle, gare à la sanction du public (et le public, c'est nous tous). La notion de genre, que nous allons beaucoup utiliser cette après-midi, est la manière de penser ces rôles, leur contenu, leurs attendus, et leurs conséquences.


Penser aujourd'hui notre travail éducatif par le prisme du genre, c'est tourner le dos résolument à une autre notion, celle de la complémentarité. Je voudrais insister sur ce point car nos documents cadre l'évoquent encore, et elle imprègne toujours nos manières de penser.


Penser que filles et garçons sont complémentaires, c'est attribuer à chacun des caractéristiques intrinsèques. C'est donc une notion pernicieuse, parce que cela en fait un obstacle à l'égalité des sexes. On ne peut pas dire que deux groupes sont complémentaires sans définir de manière figée, au moins pour partie, ce qu'ils sont, sans naturaliser leurs différences supposées. Donc dire que filles et garçons sont complémentaires, c'est agir dans une sphère de pensée, un univers mental, où il est normal de dire que les filles sont douces, agréables, timides, maternelles, calmes… et que les garçons sont forts, courageux, agressifs, audacieux. Bref, c'est reproduire, encore et encore, des stéréotypes, des clichés, qui entravent l'épanouissement personnel des individus et font le lit des discriminations.


Il est indispensable que, collectivement, nous sortions de ce schéma de pensée. Ce qui n'est évidemment pas facile : il faut arrêter de nous dire que nous éduquons ensemble filles et garçons parce que ceux-ci sont différents, peuvent se nourrir l'un de l'autre, doivent apprendre à vivre ensemble. Parce que cela revient à nourrir et renforcer les clichés qui réduisent le champ des possibles pour les filles et les garçons.


Dire ceci, cependant, ce n'est pas dire qu'être fille aujourd'hui ou être garçon aujourd'hui, c'est la même chose. La notion de genre, de rôle social, permet justement de penser cela. Aujourd'hui, les individus dès leur naissance et jusqu'à leur vie d'adulte, sont assignés à l'un de ces deux genres, fille ou garçon, femme ou homme. Consciemment, inconsciemment, volontairement ou non, ils sont modelés par leur famille, leurs amis, l'école, les médias, et nous-mêmes dans nos activités pour se conformer aux rôles sociaux de filles et de garçons.

Et bien évidemment que cela fonctionne, c'est le concept même de socialisation. Donc bien évidemment que, en tendance, les filles aujourd'hui ont moins confiance en elles lorsqu'il s'agit de manier des outils, de pratiquer des jeux de balles, d'assumer des places de pouvoir. Bien évidemment que, en tendance, les garçons aujourd'hui encore sont moins enclins à prendre soin d'eux, des autres, et plus aisément audacieux pour faire valoir leurs opinions, leurs compétences, occuper l'espace. Les genres permettent précisément se penser ces différences sans les naturaliser, mais en les pointant précisément comme des entraves, des limites, des œillères, et donc des objets à déconstruire dans nos activités.


Penser les genres et leurs stéréotypes, plutôt que la différence et la complémentarité des sexes, c'est aussi permettre de penser la diversité des orientations sexuelles, plutôt que de fonctionner sur l'idée implicite que les jeunes que l'on accueille sont en principe hétérosexuels, et ponctuellement homo ou bisexuels. On voit bien comment l'idée de complémentarité des sexes se nourrit ou se prolonge, comme on veut, dans une vision hétéronormée des choses. Cette vision est non seulement partiale, car elle occulte une partie de la réalité, mais elle cause aussi des dommages : tout ouvert et tolérant que l'on soit, si l'on pense l'hétérosexualité comme l'orientation sexuelle normale, alors un enfant homosexuel même s'il est accepté, sera toujours un être à part. Penser les genres, c'est donc aussi pouvoir penser les orientations sexuelles comme un éventail de possibles et non pas comme quelque chose de normatif.


Réfléchir autrement que par l'idée de différence des sexes et d'hétérosexualité « normale », c'est finalement sortir d'une binarité enfermante. Évidemment, c'est plus facile à dire qu'à faire ; parce que nous sommes tous, nous aussi, influencés par cette binarité qui reste très forte dans notre société. En tant qu'éducateurs, cela suppose de faire un gros travail sur nous-mêmes en même temps qu'avec les jeunes. Mais c'est crucial, et je voudrais terminer là-dessus. C'est crucial, parce que ce sont ces systèmes de pensée qui sont la base des discriminations et des violences. Je ne vais pas égrener les chiffres, ils sont assez connus, et témoignent encore, et même si bien des choses ont progressé depuis 1964, de l'infériorisation persistante des femmes et filles dans la vie professionnelle, la vie publique, la vie intellectuelle. Je voudrais tout de même en citer deux, qui donnent une idée de l'ampleur des conséquences : en France, une fille ou une femme est violée en moyenne toutes les six minutes. Et chaque année, 30% des homosexuel-le-s de moins de 25 ans tentent de se suicider, ce qui fait de la violence homophobe (symbolique, verbale ou physique) la première cause de suicide des jeunes en France.


Ces chiffres sont effarants. Et le travail sur les stéréotypes de genre et d'orientation sexuelle n'est pas accessoire, ne peut pas être secondaire. Les femmes et les individus qui ne sont pas hétérosexuels ont à y gagner, encore, en dignité, en sécurité. Et plus largement, il y a une liberté majeure à gagner pour chaque enfant en travaillant sur ces sujets.


J'espère que cet après midi nous permettra d'esquisser des pistes pour poursuivre le projet de notre mouvement : un Mouvement coéduqué qui agit en étant conscient de ses limites et de celles de la société dans laquelle il s'inscrit. Un mouvement qui, au-delà d'affirmer un principe d'égalité, agit effectivement pour la voir advenir.


 

Intervention de Jean-Marie Bataille,

Pédagogue,

Directeur des éditions Le social en fabrique


De quoi parle-t-on quand on parle de mixité ? Il faut revenir sur le terme lui-même. On parle de mixité quand on organise la mise en commun de parties préalablement séparées. La division des groupes sociaux, au principe même de la mixité, doit être étudiée en tant que telle, si on veut comprendre comment réunir ensuite les parties séparées.


Dans l'histoire des camps et colonies de vacances qu'observe-t-on ? Des observations d'une colo mixte ont été réalisées au cours des années 1950 par Blanche Harvaux (fondatrice d'une école nouvelle) : on donne à la mixité une fonction particulière : produire le couple hétérosexuel, fondateur de la famille. Elle observe un camp de garçon et de fille, et dit deux choses : d'abord que l'équipe essaie absolument de lutter contre les situations d'homosexualité, donc dès que des filles ou des garçons restent ensemble, l'équipe met en place des pratiques pédagogiques pour limiter cela ; ensuite, elle observe que l'équipe favorise l'agressivité sexuelle des garçons et la soumission sexuelle des filles. Cela prend plusieurs formes, par exemple quand des garçons font des irruptions brutales lorsque les filles prennent leurs douches, et c'est reçu avec une attitude qui est « cela fait partie des choses ». Un autre exemple est celui des filles à table : l'équipe se rend compte que les filles et garçons sont séparés, et va alors demander spécifiquement aux filles de faire de la table à table pour les garçons. Pourtant dans cette colo, plein d'autres choses se passent, il y a des moments où filles et garçons jouent aisément ensemble, mais elle en parle à peine et ne met pas ces moments en valeur.


Pour comprendre son propos, il faut revenir vers André Berge, qui a écrit en 1948 l’Éducation sexuelle et affective. Il est fondateur de l’École des parents et psychanalyste, avec une vision où le complexe d'Oedipe peut fonctionner si on permet au garçon d'entrer dans un rapport d'agressivité sexuelle, et si chez les filles, le principe de soumission est mis en place : cela fait partie pour lui du processus normal de réalisation du complexe d'Oedipe. C'est le livre le plus diffusé en France pour l'éducation sexuelle dans les années 50 et 60, et très connu également sur le plan international.


Que cherche-t-on à faire en séparant garçons et filles ou en les rapprochant ? Le premier niveau que l'on vient d'évoquer, c'est bien l'hétérosexualité comme perspective : la mixité est une manière de renforcer les stéréotypes de genre et de faire en sorte que chacun tienne bien sa place pour fabriquer la famille. Un autre plan, une autre visée possible est la question de l'égalité entre les garçons et les filles. Si on s'intéresse à la question de l'égalité, il faut noter immédiatement que dans une société, quand on sépare deux groupes, on fabrique en même temps des rapports dénivelés entre les deux groupes : l'un des deux groupes va être pensé comme supérieur à l'autre.


Si on veut travailler cette question, on doit poser que l'enjeu est de produire des situations d'égalité entre filles et garçons. Commençons par regarder, par le biais de la psychologie sociale, ce qu'il se passe lorsque l'on met ensemble deux groupes préalablement séparés, et donc avec un groupe dominant et un groupe dominé. On pourrait imaginer que la mise en commun pourrait produire immédiatement quelque chose de positif : or la psychologie sociale nous dit, les dominants changent : ils changent leurs préjugés à l'égard des dominés, par l'opportunité de les rencontrer. Mais il y a aussi des effets non souhaités : les dominés perdent en rigueur dans leur demande d'égalité. Ils étaient plus déterminés avant, et quand ils sont au contact des dominants, les dominés baissent leurs revendications, et notamment au profit d'un rapprochement avec la norme dominante. Quand on regarde à l'inverse des groupes de dominés seuls, on observe plusieurs choses. D'abord une partage de l'expérience face aux dominants est possible : les dominés parlent de ce qui se passent quand ils sont au contact des dominants, ce qu'ils ne peuvent pas faire en leur présence. Ensuite, il y a une demande d'égalité plus forte : collectivement, le groupe arrive à formuler une demande d'égalité plus nette.


Il y a donc une nécessité à travailler sur la rencontre entre les deux groupes, et ne pas se dire que cela va se passer naturellement. Cette question de la mise en relation est une question centrale, et je vous renvoie notamment is m'appuyer pour la suite sur les travaux d'Elise Vinet, maîtresse de conférence à Lyon II, qui s'est penchée notamment sur les centres sociaux et les MJC. Dans cette mise en relation, on observe que les dominants vont fréquemment s'appuyer sur la norme pour établir leur place au sein du groupe. Pourquoi ? Parce que fréquemment, cette norme est la leur. Elle vient d'eux, même indirectement, et elle apparaît aux yeux de tous comme la norme normale. Les dominés ont vont prendre des ressources dans les espaces informels : on parle de régulation de norme, et de régulation informelle. Si on veut travailler la rencontre entre ces deux groupes, il faut aussi penser des régulations conjointes, c'est-à-dire trouver des manières de penser des normes qui soient au service non pas de certains mais de tous. Il y a une clé vraiment déterminante également autour du lieu, de l'espace, où les participants vont pouvoir exprimer véritablement ce qu'ils ressentent.


Je vais partir de mes pratiques personnelles autour des pédagogies de la décision, mais en écoutant ce que vous dites, je pense que nous avons des points communs. D'abord il y a la question des réunions, ce que vous appelez des conseils, qui doivent être des endroits où s'expriment l'expérience des uns et des autres sur les rapports sociaux au sein du collectif. Mais on ne peut pas en rester là, notamment parce que ces espaces – on le sait- sont fréquemment appropriés par les dominants, symboliquement ou physiquement, sur les questions de temps de parole et de point traités.


Il faut donc multiplier les stratégies pour « ramener l'expérience » :

- par exemple les cahiers de ralage, inventés par la pédagogie institutionnelle dans les internats et dont le but est de surseoir à la violence à un moment donné, en posant par écrit son éprouvé, son conflit, que l'on traitera à un autre moment que pendant le « point chaud ». Le cahier de ralage fonctionne aussi avec le conseil : à ce titre, l'expérience montre qu'il ne faut pas terminer par le cahier de ralage, ce qui ne laisse pas le temps de l'explorer, mais commencer par lui. Si on commence par parler de la manière dont on vit ensemble, la question de l'activité se déplace : l'activité devient une manière de réguler la distance qu'on a les uns aux autres.

- Autre façon de faire : le « comment ça va ?» issus de la pédagogie de la décision, qu'on appelle aussi la « météo de chambre », qui est un moment pour vérifier, au sein d'un petit groupe, et en prenant vraiment le temps, toutes les relations qui animent ce groupe : en son sein, mais aussi avec les adultes, avec les autres enfants hors du groupe, etc.

- Troisième chose, utilisée par Yves Raibaud et issues de démarches féministes au Québec : les cartes sensibles. Elles ont été inventées pour voir comment les femmes vivent l'espace urbain, s'il y a des endroits où elles se sentent bien et d'autres où elles se sentent mal : car il y a des espaces qui fabriquent du bien-être ou du mal-être. On a réutilisé ça dans des colos, sur la base d'un plan général de l'espace : et cela fonctionne assez bien, ça permet d'accéder à des informations sur le mal-être, sur les tensions, que l'on avait pas autrement.

- Quatrième exemple : la réunion non-mixte. Le but est de donner un temps pendant lequel on permet à des individus, pour un temps, d’être définis par quelque chose qui se joue dans la présence des corps. Toutes ces questions se jouent aussi sur le plan physique, dans l'espace, et pas uniquement intellectuel, ils ne faut pas l'oublier. Cela peut s'appliquer bien entendu aux garçons et aux filles, mais aussi aux blancs et non-blancs, aux valides et handicapés… Toutes ces choses ne se disent pas toujours, du coup, les réunions non-mixtes permettent parfois de se le dire, le fait d’être « entre-soi » permet aussi de libérer la parole.


Pour continuer sur cette question de la mise en relation, qui ne va pas forcément de soi, parlons de la question de la médiation. Sur la question du harcèlement par exemple, on a beaucoup avancé sur les méthodes, dont certaines sont posées depuis plusieurs années. Un protocole d'action est par exemple :

- écouter les protagonistes séparément, jamais en co-présence. Il faut que les deux aient la possibilités de dire ce qu'il se passe, sans l'interférence avec l'autre.

- ne pas faire de sanction, pour dépasser, sortir du modèle avec un coupable immédiat sanctionné par la collectivité ; parce qu'il s'agit souvent de situations systémiques où plusieurs acteurs sont impliqués, et où les observateurs sont aussi responsables en observant sans agir.

- impliquer le harceleur dans la solution : « tu sais, untel se sent mal, il est n'est pas bien : est-ce que tu pourrais faire quelque chose pour l'aider », ce qui des témoignages recueillis conduit souvent le harceleur à finir par dire « tu as raison, peut-être que moi aussi je contribue à ce qu'il ne soit pas bien », comprend qu'il est aussi acteur de ce système et parvient à reprendre sa responsabilité.

Il faut d'ailleurs noter que dans la médiation scolaire, l'observation montre que fréquemment, les situations de harcèlement sont très anciennes, viennent parfois d'en dehors de l'école, traînent sur plusieurs classes, voire se sont inversées le harceleur et le harcelé. Il faut qu'en temps qu'adultes, nous évoluions sur notre capacité à entendre ça, à entendre « l'éprouvé » des enfants.


Pour terminer je voudrais présenter comme support les travaux d'un professeur de sciences de l'éducation et de psychologie, Omar Zana, à l'Université du Maine, qui a d'abord travaillé dans les prisons. Les jeunes qu'il rencontrait étaient tout à fait perméables à l'idée de la norme : ils savaient qu'ils avaient transgressé une norme et que du coup, ils étaient sanctionnés. Par contre, ils avaient du mal à intégrer que leur attitude avait eu des conséquences sur d'autres, sur les victimes, comme une incapacité empathique. Il travaille depuis sur des formations à l'empathie auprès des enseignants. On sait que la capacité d'empathie va se développer entre 8 et 13 ans environ, et on sait par les neurosciences qu'il existe des neurones-miroirs : quand quelqu'un fait un geste en face de nous, nous avons à ce moment les mêmes zones du cortex qui s'allument, et que c'est certainement un phénomène clé à la fois dans l'apprentissage et dans l'empathie. Il travaille lui sur un protocole avec des enfants, pour passer d'une capacité à entendre l'autre à une capacité à comprendre l'autre. Le but est d'arriver à saisir que le point de vue de l'autre peut être différent du mien.


Pour conclure, je crois que cette question qui nous anime est en train de se renouveler. Nous sommes passé de la période où s'est ouverte la question de la mixité, à une période où peut-être, nous nous ouvrons à la mixité et à la division des groupes sociaux, autrement dit une période qui arrive à penser les deux en même temps - on fabrique de la rencontre mais on pense qu'il y a eu la séparation. Nous avons un déplacement à faire : en quoi, dans ces situations, l'ensemble des individus sont traités de manière égale. Le principe de la rencontre entre des individus qui ont été traités de manière inégalitaire, c'est aussi que dans la rencontre, on puisse déconstruire ces mécanismes inégalitaires pour essayer de trouver ensemble la manière de les dépasser. Cela suppose probablement que l'on accepte dans ce travail des étapes, des chemins multiples. Ne laissons pas cependant la solution aux dominants : travaillons avec les dominés sur les manières de parvenir avec cela. Cela revient à une phrase de Mandela, qui disait : « Tout ce qui est fait pour nous, sans nous, est fait contre nous».

 

 

 

Interventions des participant-e-s suite à l’intervention de J.M. Bataille :

 

Quels sont les critères qui vous permettent de définir un groupe de dominants et un groupe de dominés ?

 

Certains auteurs parlent de « statuts hérités », c'est à dire qu'il y a eu des moments dans l'histoire où l'on sait que les groupes ont été séparés, et que pendant ces périodes, on a créé des rapports de dominants et dominés.

Mon hypothèse est que l'inscription dans nos représentations de ce moment-là de l'histoire est puissante, et nous habite encore : tant qu'on n'a pas déconstruit les stéréotypes et les représentations issus de ce moment, on y est encore. En l'occurrence, c'est le moment où on a séparé dans l'histoire l'espace public et l'espace privé, les hommes et les femmes, qui correspond il me semble (mais je ne suis pas historien) à la fin du Moyen-Age et à l'époque des procès en sorcellerie qui touchent surtout les femmes. C'est aussi le moment de la naissance du capitalisme, et de la refondation de la question de l'esclavage après la chute de Constantinople.

Il me semble qu'il y a une triple fabrication historique : un modèle socio-économique, le capitalisme, en tant que système économique, un certain type de rapports homme-femme et une certain type de rapport de l'occident au reste du monde. Et ces choses là, à travers le patriarcat, les rapports Nord-Sud, nous animent encore.

 

Comment interpréter les trajectoires individuelles d'un groupe à un autre ?

 

C'est une question qui rejoint des critiques faites à Bourdieu : « votre schéma est magnifique, mais finalement c'est aussi des cas uniques et il faudrait regarder la circulation des individus ». C'est précisément ce qui m'intéresse. Barrie Thorne, qui a travaillé sur les cours d'école, parle du « travail des frontières » : elle s'est rendu compte que dans les cours de récréation, les garçons fabriquent des frontières pour dire aux filles « ça c'est notre espace, vous vous restez sur le coté ». Alexandra Ferreira qui fait une thèse auprès de la Ville de Paris montre ça aussi dans les centres de loisirs. Ma réflexion c'est justement : comment on fabrique les conditions pour abaisser justement ces frontières, et se remettre dans des relations mutuelles ?

 

Est-ce qu'on peut revenir sur le Mouvement de l'Enfance Ouvrière ? L’interlocuteur actuel de ce Mouvement expliquait que non, ce Mouvement n'était à l'époque pas du scoutisme, notamment parce qu'il avait dès l'origine la coéducation et l'attention à la démocratie. Est-ce que les deux ne sont pas justement très liés ?

 

Il y a une réponse simple de William Reuben George là-dessus, qui a rencontré Baden-Powell. La discussion était est-ce qu'on fait la même chose : la République des jeunes et le scoutisme ? Et sa réponse à lui, Reuben-Georges, est : non. Non parce que le scoutisme s'intéresse initialement à la formation des élites, et fait de la responsabilité un enjeu central, alors que lui met au centre la question de la citoyenneté et de la démocratie, avec comme point central la fabrication commune de la loi. Ces idées ont été nourricières ensuite en France. Peut-être que dans la visée du scoutisme sur la fabrication des élites, il y a des choses à déconstruire, et qu'il y a des chaînons à remettre dans ce circuit, comme ce qui a été exposé ce matin sur le lien fait avec la mixité fille-garçon et la centralité de la démocratie du petit groupe à partir de 1947 sur votre branche louveteaux.

 

Comment porter ces questions dans les lieux de formation actuels, les ESPE ou dans le champ de l'éducation populaire, si attaqué aujourd'hui ?

 

C'est une question essentielle : si on ne bouge pas, on meurt. Je ne peux répondre qu'à mon niveau. J'ai fait bouger dans mes représentations, dans mon rapport aux autres, deux choses : aller voir quel est mon rapport aux femmes d'abord, même si je ne suis pas au bout du cheminement.

Yves Raibaud dit : « quand j'organise un colloque, j'appelle toujours, en premier, les copines pour voir si elles peuvent venir, et ensuite seulement les copains ». Il s'est rendu compte que s'il ne faisait pas ça, il n'avait que des hommes que la scène. Donc il a construit une stratégie.

Sur le travail sur Génération Camp Colos que je fais actuellement au Ministère, la démarche a été lancée dans l'urgence, il fallait démarrer très vite. On a monté une équipe de 10 personnes : j'ai pensé à appeler les copines femmes. Elles sont là. Je n'ai pas pensé à appeler les collègues afro-descendants, et bien ils n'y sont pas. J'ai oublié, c'était trop rapide et mon fonctionnement immédiat a été de retrouver du « même », alors que je suis plutôt vigilant sur ces questions. Parce que je sais qu'on ne peut pas poser ces questions centrales sans… être en vis-à-vis, en co-avis. Chacun doit se poser les questions de son monde, qu'est-ce qui fait que j'ai ça dans mes représentations, comment je le dépasse ?

 

Vous évoquez la séparation des groupes de dominants et de dominés. Nous avons l'expérience du scoutisme avec des handicapés, des enfants sourds. Et nous avons toujours considéré que lorsqu'on leur permettait de vivre en communauté, ils pouvaient s'exprimer, ils ne se sentaient plus comme des dominés. Cette notion de communauté, qui peut s'appliquer aux femmes, aux sourds, aux musulmans… est-ce qu'elle n'est pas un peu brouillante aujourd'hui ?

 

Pour moi c'est une question de stratégie de fabrication d'une société. : comment, stratégiquement, on va s'y prendre pour construire des rapports égalitaires, pour neutraliser les rapports inégalitaires ? Un collègue travaille avec des jeunes diabétiques et dit, le fait d'avoir des espaces propres, l'expérience de ces jeunes de vivre entre et de pouvoir sortir du regard condescendant et du regard méprisant est ce qui permet de se reconstruire une estime de soi, et c'est à partir de là qu'on peut rencontrer l'autre. Sans cette estime construite préalablement, on est trop vite repris par les systèmes de stéréotype, de domination, on se les reprend dans la figure et on est reparti pour un tour.

Dans ce qui se passe dans les quartiers populaires, on a quelque chose de cet ordre là. Par exemple sur l'éducation populaire, y a un slogan récent de l’État pour favoriser les colonies de vacances : « c'est bon pour vous ». Mais c'est bon pour qui ?! Est-ce qu'on est pas un peu condescendant envers la population des quartiers populaires en disant ça ?!

Pour aller un peu plus loin, il faut regarder par exemple le travail de Silyane Larcher, dans un livre L'autre citoyen : elle essaie de comprendre le statut différent de citoyen en Guyane et aux Antilles et en métropole, et elle réalise que si cette différence existe, c'est qu'en 1854, fin de l'esclavage, certains élus pensent qu'il faut quand même pas donner la citoyenneté normale aux anciens esclaves, parce qu'ils ont été socialisés dans l'esclavage, alors c'est quand même pas tout à fait des citoyens. Là on fabrique de la communauté. Je pense qu'aujourd'hui, pour ce qui concerne les quartiers populaires, on pense d'une certaine façon que parce qu'ils vivent entre eux (et comment on a fabriqué ce « vivre entre eux »?) et bien ils auraient une citoyenneté différente.

Ça fait des années que je rencontre ça dans le travail que je fais dans les quartiers : on me demande systématiquement de travailler les questions de citoyenneté avec eux. Il y a un positionnement de départ qui est de dire qu'ils ne sont pas citoyens comme tout le monde. Tant qu'on ne bouge pas sur ce sujet-là, tant qu'on ne les pense pas comme partie intégrante du « nous », on n’arrivera pas à travailler ensemble pour construire la société.

 

En ce qui concerne les colonies de vacances, il n'y en a plus : que font les jeunes que ce soit dans les beaux quartiers ou les quartiers populaires pendant les vacances ? On a un Ministère de la jeunesse et des sports : les sports on en parle, mais les Mouvements de jeunesse, ça n'existe plus !

 

Ce que je vais dire ne va pas vous plaire. Ce qu'il se passe aujourd'hui, c'est qu'il y a un développement des colos dans les quartiers populaires, au travers de mini-camps, mais que les Mouvements d'éducation populaire ne reconnaissent pas comme étant des colos. Pourquoi ? Parce que ça concerne « d'autres » ? Quand je parlais de ce que je faisais dans ces quartiers, on me disait souvent « ah mais toi c'est différent, tu fais un boulot d'éduc ». Mais pourquoi il faudrait des éduc dans ces quartiers ? Ils sont si différents que ça ? C'est le problème aujourd'hui du monde des colos : ça reste un entre-soi. Et c'est vrai, du coup, les colos dégringolent. Mais ce n'est pas une question d'argent, parce que justement d'autres formes émergent.

Ça ne nous plaît pas, mais pourquoi ? Parce que ce n'est pas notre vision de « la bonne colo » ? le « bon séjour » ? On retombe sur « ce qui est bon pour eux » : il faut qu'on fasse gaffe à cette condescendance. Allons plutôt voir comment fonctionnent ces animateurs, ce qu'ils font, ce que ça comme effets sur les enfants. D'autant qu'ils pratiquent, comme vous, et à l'inverse des colos, de la continuité éducative : ces séjours sont issus des MJC, des centres sociaux, du terrain.

 

 


 

Intervention de Jean-Mark Guérin

représentant la région Europe de l’A.M.G.E.

(Association Mondiale des Guides & Éclaireuses)

 

Le scoutisme féminin (le « guidisme ») : historiquement, une affaire d’égalité :

-   1909 : des filles font part de leur volonté de faire du « scoutisme »,

-   1920 : première conférence du « guidisme »,

-   1928 : fondation de l’A.M.G.E. (en anglais, WAGGS)

L’A.M.G.E. représente dix millions de filles et de jeunes femmes dans 146 pays ; elle est le plus grand mouvement bénévole voué aux filles et aux jeunes femmes dans le monde.

Son objectif et son organisation :

-   une structure qui respecte les spécificités locales : le monde du guidisme n’est pas homogène : des déclinaisons nationales, voire locales…

-   une même vision, une même mission :

Vision : Toutes les filles et les jeunes femmes sont valorisées et agissent pour changer le monde

Mission: permettre aux filles et aux jeunes femmes de développer pleinement leur potentiel de citoyennes du monde, conscientes de leurs responsabilités.

Le monde pour les filles :

-   45% des filles pensent qui est plus difficile pour elles que pour les garçons de réaliser pleinement leur potentiel.

-   Six filles sur dix arrêtent de faire ce qu’elles aiment parce qu’elles n’apprécient pas l’image que cela renvoie d’elles.

-   Six femmes sur dix font l’expérience de la violence au cours de leur vie.

Quels outils ?

-   Des programmes éducatifs pour une éducation « non formelle »,

Des formations au « développement de la responsabilité »

Exemple : http://glow.wagggs.org/course/view.php?id=30&lang=fr

Pour la région Europe : les inégalités liées au « genre » au coeur de la stratégie triennale :

Une Région Europe en croissance

Une Région Europe diversifiée

Une Europe AMGE qui s’intéresse aux liens entre leadership et genre

Une Europe dynamique  (approche transversale)

Principe 1:

S’intéresser aux inégalités de genre, c’est s’intéresser aux causes des problèmes, s’intéresser aux raisons qui nous empêchent de ressentir, nous comporter, nous habiller, comme nous le souhaitons (les limitations liées aux stéréotypes de genre)

Cette approche par la cause est complémentaire des autres initiatives AMGE (“stop the violence”, “libre d’être moi”, etc.) qui se penchent sur les problèmes liés au genre qui peuvent affecter les filles et les garçons.

Principe 2 :

S’intéresser à l’impact du genre est un des moyens les plus efficaces pour atteindre notre mission : permettre à chaque fille et à chaque femme d’atteindre son plein potentiel en tant que citoyenne du monde, responsable.

La question de l’égalité des genres ne concerne pas que les filles : les garcons et les hommes sont limités par les structures “genrées” et gagneraient à plus d’égalité.

Principe 3 :

Oeuvrer à diminuer les inégalités genres est un des plus important, si ce n’est le principal, levier de croissance.

Il importe de s’intéresser  à l’impact du genre aussi bien dans les associations “mixtes” que dans les “non mixtes”.

Principe 4 :

L’égalité des genres implique que :

-   les ressources et le pouvoir soient partagés,

-   les intérets, les besoins et les envies des femmes et des hommes soient également pris en consideration,

-   chacun soit libre de choisir comment il souhaite se construire en tant qu’individu, sans limitation socialement construite liée au genre.

Principe 5 :

On ne peut isolément travailler sur le genre : il est nécessaire de rechercher une approche intégrée de la problématique du genre afin d’être réellement efficient.

Nous proposons une approche “intersectionnelle” qui reconnaît l’interaction des inégalités et leur égale importance (couleur de peau, origine sociale, handicap, orientation sexuelle, etc…)

Au total, nous voulons que :

-   Les guides et les éclaireuses, les scouts et les éclaireurs, puissent atteindre toute leur (considérable) potentialité : cela est possible si le verrou du genre est défait et ne les restreint pas.

-   Les guides et les éclaireuses, les scouts et les éclaireurs,  deviennent conscients des limitations, s’investissent dans la resolution des problèmes liés au genre et mettent en oeuvre/conçoivent des outils adaptés.

-   Les guides et les éclaireuses, les scouts et les éclaireurs, soient prêts à investir la société de demain en étant des citoyens et des citoyennes responsables pour le monde

Nous voulons que :

-   Les organisations membres de l’A.M.G.E. puissent faire appel à nous pour metre en oeuvre une approche intégrée de l’égalité dans leur guidisme/leur scoutisme, notamment concernant le genre.

-   Plus de filles et de jeunes femmes soient en position de leadership à tous les niveaux des organisations.

Notre approche :

-   Un groupe de volontaires a été mis sur pied, ce groupe possède une expertise dans le domaine de l’égalité de genre. Il s’agit de la “gender task force”.

-   Il s’agit notamment de faire des liens sur ces sujets avec l’Academy et les partenaires des organisations nationales

-   L’approche est intégrée avec le groupe sur la diversité : travailler sur la diversité, c’est travailler sur le genre et inversement.

Avec trois domaines de travail :

-   Cartographie de la problématique au sein des associations nationales,

-   Sensibilisation des problèmes liés au genre : identification des causes d’inégalité, communication et déconstruction des stéréotypes de genre,

-   Promotion d’une approche intégrée du genre.

Nos premiers événements :

-   Gender leadership (projet pilote) 2015-2016 : travail avec des pays pilotes.

-   NLDP - focus on gender : prise en compte de la problématique dans des formations pour leader (chef(taine)s).

-   « Les hommes et l’égalité de genre » -  journée d’étude sur le rôle des hommes

-   Mise en route de la “gender task force”

Un document à lire :

Rapport de l’événement “Égalité de genre et hommes”, Finlande, mai 2014: les participants d’associations guides et scoutes ont discuté de comment impliquer les garçons et hommes dans le travail sur l’égalité de genre : https://www.youtube.com/watch?v=nX1qeGuPhGc

À propos de la coeducation :

- Déclaration sur la coéducation (Oct.2011)
-   Lignes guide pour adapter les matériaux produits (Nov.2011)
-   Programme éducatif co-éducatif (SVC 2012)
-   Matériaux adaptés (Connecté et éclairé, 2012)
-   Séminaire leadership pour hommes et femmes (PDLA, 2013)
-   Évènements en partenariat avec l’OMMS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

La commission mixité des Éclaireuses et Éclaireurs Unionistes

Intervention de Laure Salamon :

 


 

Un groupe de travail est né en septembre 2010, dirigé par Laure Salamon, ancienne commissaire internationale AMGE pour les EU et pour le Scoutisme Français. Le point de départ a été la volonté politique d'impulser un travail sur les questions d'égalité entre les femmes et les hommes. La participation des commissaires internationales aux travaux de l'AMGE a beaucoup influencé ce choix.

Deux responsables issus du terrain ont manifesté leur intérêt à participer à ce groupe puis la présidente de la commission pédagogique de la branche moyenne (12-16 ans) a rejoint le groupe. Céline, ancienne du Mouvement, a aussi entendu parler du groupe et l’a rejoint. D’un petit groupe de travail en 2010, on est devenu une commission à part entière que l’on appelle thématique comme les commissions « éducation à la paix » ou « environnement ».

 

Message important à passer : la méthode scoute produit de l’égalité. Quand on fait de la qualité, on œuvre à l’égalité. Ce n’est pas un truc à bosser en plus mais une attention à avoir quand on prépare ses activités, quand on travaille l’organisation de son groupe (unité, équipe), quand on entend une remarque sexiste…

 

En 2010-2011

Le travail a commencé par un audit de tous les documents du Mouvement.

Été 2011, trois jours de travail près d'Agen ont permis de finaliser l'audit et d'élaborer un premier questionnaire de sensibilisation : « Sexistes, nous jamais ! », inspiré et adapté du travail des Scouts laïques allemands (BDP).

Les conclusions de cet audit du mouvement :

- Aucun document étudié ne comporte des propos ouvertement sexistes et/ou discriminatoires.

- La question du genre n'est pas abordée, sauf dans quelques documents pédagogiques à destination des responsables.

=> On peut se demander si cette absence est délibérée (parti pris d'universalisme) ? Si le Mouvement n'en parle pas parce que ça ne pose pas de problème ? Parce que ça va de soi ? Parce qu'on ne sait pas en parler ? Parce qu'on n'en a pas conscience ?

-   Certains documents véhiculent des stéréotypes de genre :

A - par la grammaire : vocabulaire généraliste : les jeunes, les enfants. Peu de distinction filles-garçons, par l'orthographe qui en découle, certains termes sont presque toujours au masculin : « le conseiller de groupe », « le coordonnateur » ;

B -  par les illustrations : la proportion de filles et de garçons dans certains documents est déséquilibrée, les activités dans lesquelles sont  représentés  filles-garçons sont, dans certains documents, stéréotypés : les filles sont plus souvent passives, les garçons actifs, lorsque les documents ont été faits en interne, le déséquilibre est moins flagrant que lorsque les documents ont été produits par une boîte extérieure (campagne affichage communication, film promotion…) ;

C - par les signatures : certains documents sont signés du seul responsable de la commission alors que le document a été produit en équipe.

 

En 2011-2012

Finalisation du questionnaire « Sexistes, nous ? Jamais ! », diffusion.

Pédagogie sur l'audit, et démarrage de la conception du Kit (Guide d'outils pour la mixité : Gomix) (statistique, FAQ, histoire...)

Réflexion au sein du Conseil d’administration sur le modèle d’hommes et de femmes que l’on veut promouvoir dans le Mouvement

 

En 2012-2013

1 : Labo (week-end de formation continue pour les formateurs du Mouvement, sur une thématique) en janvier sur égalité F/H avec intervention des SGDF pour qu’Emmanuelle Audras nous explique leur démarche. Élaboration de deux documents pour formation, un sur « travailler la mixité en stage de formation » et un autre à destination des directeurs de stage (jamais diffusé)

2 : AG : diffusion d'un test pour entrer dans la thématique (est-ce que ca me choque si…) comme un test de magazine, intervention de Nicole Mosconi sur « La mixité assure-t-elle l’égalité des sexes ? » (ancienne professeure en sciences de l'éducation), ateliers pour les participants à l'AG (équipes mixtes et non-mixtes, FAQ sous forme de marais (Pourquoi les garçons battent toujours en premier à la thèque ?) Diffusion du clip de promotion sur la question du genre.

Bilan : très bon sur le questionnaire pour entrer dans la thématique avec humour, atelier trop court, retour mitigé sur l'intervention.

3 : Poursuite et finalisation du « Gomix » - maquette et diffusion été 2013

Le Gomix explique la démarche du Mouvement. Dans notre projet éducatif, les EEUdF souhaitent  « former des individus épanouis et libres de leur choix ». Cela implique de réfléchir aux conditions qui permettent cette liberté et qui peuvent l’entraver. Cela nécessite de prendre conscience et d’assumer notre responsabilité dans la construction des identités de nos adhérents, en tant qu’éducateurs, éducatrices aux EEUdF.

-   Conditions qui permettent cette liberté : égalité de droit (et non absence de diversité, uniformisation) et éducation (construire les capacités à faire des choix)

-   Problèmes et obstacles : les freins invisibles, les stéréotypes que l’on véhicule malgré nous.

Il est composé d’une partie historique sur le genre, sur l’histoire du Mouvement, d’une partie sur les statistiques, ce que chacun peut faire en fonction de son poste, de fiches pratiques sur les jeux, sur les équipes, sur le folklore, sur l’attitude et langage, sur la vie spirituelle. À la fin questionnaire « Sexistes, nous ? jamais ! », les questions qui reviennent souvent ! (FAQ), des idées d’activités et ressources.

 

En 2013-2014

1 : Diffusion du Gomix via les outils de communication du Mouvement (newsletter, émission de radio...)

2 : AG 2014 : intervention à l'AG avec un questionnaire sur la sexualité. Cette question d’éducation à la sexualité passera essentiellement via la formation.

3 : Écriture et diffusion d’un document sur l’estime de soi en partenariat avec la commission « éducation à la paix »

4 : Pendant le congrès national qui a réuni 500 responsables fin août près de Poitiers (Lusignan) : exposition sur égalité F/H et éducation à la sexualité, animation d'une conférence sur « comment construire durablement une égalité femmes-hommes ? »  avec Catherine Coutelle, députée et présidente de la Commission femmes à l'Assemblée Nationale, Coralie Denoues, présidente de Entreprendre au féminin Poitou, Marion Veziant-Rolland, ancienne président des EEUDF. Animations d'ateliers sur l’éducation à la sexualité.

 

En 2014-2015

-   Animation en janvier 2015 du labo sur l’éducation à la sexualité avec intervention de deux formatrices du Planning Familial de Paris.

-   Élaboration de revues à destination directe des enfants diffusées sur les camps, et intervention sur Canaan à la Toussaint

-   Intervention pendant le week-end cadres régionaux sur éducation à la sexualité

 

En 2015-2016

-   Intervention en région : on a produit beaucoup d’outils mais qui ne sont pas tous connus sur le terrain localement. Encore des retours de propos sexistes.

-   Les responsables qui sont intéressés par la question nous sollicitent et font des choses formidables. Mais ceux qui ne se sentent pas du tout concernés « chez nous y’a pas de problème » on a du mal à les toucher !

-   Formation de référents régionaux en mars 2016 pour mieux organiser des formations et interventions en région. En trois ans, on veut voir toutes les régions.

 

 

Quelques pages du "GOMIX" :

 


 


 

 

Discussions croisées

Temps animé par Nadine Tetron et Maud Réveillé

 

On propose d'aborder trois thématiques, sur un mode d'échanges croisés, de brainstorming collectif, dans l'optique d'esquisser des pistes pour que le Mouvement des EEDF puisse trouver une nouvelle dynamique sur les questions de coéducation et d'égalité des sexes. Ces trois thématiques sont l'impulsion politique, la formation, la pédagogie et les outils pédagogiques.


Nous avons ici ordonné les échanges, mais sans hiérarchiser ou sélectionner les prises de paroles.


Quelle impulsion politique sur ces sujets, tant au niveau national que régional ?


Une question préalable à se poser : les acteurs de l'association, notamment les jeunes, ne se disent-ils pas qu'il n'y a plus de problèmes sur ces sujets ? Être conscients que la situation sociale n'est pas du tout la même que lors de la création des EEDF : on avait alors conscience d'être en avance, et on avait conscience des progrès à faire. Aujourd'hui, la situation semble plus difficile pour initier une mobilisation, parce que, dans la société comme dans l'association, il y a un risque à se dire « il n'y a plus de problèmes ». Les progrès faits ces dernières années sur l'accession de femmes à des responsabilités (responsable et trésorière régionales, collège féminin du CD) dans l'association peuvent, par exemple, masquer des inégalités persistantes, comme l'a montré la mesure des temps de parole lors de l'assemblée générale (entre 10 et 25 % seulement pour les femmes, mesures sur 3 années consécutives).

→ un enjeu : convaincre que c'est un sujet, un enjeu majeur dans l'association

→ Expliciter combien c'est un sujet inhérent à notre projet éducatif depuis toujours (notamment par la question de l'épanouissement individuel) et non pas une préoccupation nouvelle.

→ sujet aussi en vogue, auprès des Ministères, des financements sont possibles jusqu'en 2017 au moins.

→ s'appuyer peut-être sur l'écart du nombre de filles et de garçons dans l'association ; et d'un constat d'une tendance générale à la baisse du nombre de filles dans les Mouvements de scoutisme (AMGE).

Sur la question de l'impulsion politique, envie exprimée par des représentants de plusieurs mouvements présents de travailler ensemble, par exemple au sein du scoutisme français, avec en outre un sentiment d'avancer un peu isolés chacun dans nos Mouvements. Avec un objectif qui ne serait pas de débattre, mais, sur une base déjà commune, de construire ensemble. C'est le bon moment.

Se poser la question de la mesure de la réussite, quels seraient nos critères de progrès.

→ une proposition d'intégrer les outils de valorisation de progression personnelle, type brevets, dans cette réflexion,

→ se pencher sur les outils utilisés dans le monde du travail sur la question de la mixité et de la diversité.

Deux manières de regarder des situations inégalitaires : on peut regarder l'individu, se dire qu'il y a quelque chose en lui qui génère ces comportements inégalitaires ; ou on peut se dire que le comportement est lié à une situation.

Examiner plutôt collectivement des situations inégalitaires, et essayer de déconstruire ce qui les rend inégalitaires. La question des prises de parole est assez intéressante : on peut se dire que c'est avant tout les hommes qui parlent beaucoup et les femmes pas assez, ou on peut se dire que la configuration spatiale, la manière de choisir les thèmes de discussion, bref le cadre du débat est plus ou moins propice à de l'égalité.

→ il existe des techniques lors d'assemblée pour visibiliser les équilibres de prises de parole : par exemple dire que ceux qui souhaitent parler viennent se placer à l'avant, de manière à rendre visible l'alternance H/F

 

Quelle formation, comment intégrer ces préoccupations dans notre action de formation ?


Un aspect fort des formations éclés est l'idée de se remettre en cause, d'interroger ses pratiques, de prendre du recul. Les questions de genre et d'orientations sexuelles peuvent parfaitement s'intégrer dans cette matrice, si on le veut.

La capacité d'autocritique est une nécessité sur ces sujets, et c'est précisément quelque chose qui est central dans nos formations.

Le contenu de ce que l'on voudrait faire et travailler sur les questions de coéducation et d'égalité des sexes semble prêt : ce que l'on cherche collectivement, c'est le vecteur, le moyen de le diffuser, d'accompagner l'appropriation par les responsables. Il peut être intéressant de lier la question de la coéducation avec une réflexion renouvelée sur la diffusion des intentions éducatives et des outils pédagogiques dans l'association, ayant depuis longtemps constaté la limite des supports type fiches, plaquettes, brochures en termes d'appropriation.

→ l'attention et l'intérêt collectif semblent plus facile à générer « en personne », lors de rencontres comme les week-end tremplins, que ce soit en ateliers ou en discussions informelles. Utiliser les gens qui font des choses : raconter, témoigner de ce que certains tentent, pour donner envie. Proche d'une logique très anglo-saxonne du « role model », s'appuyer sur celles et ceux pour qui c'est une priorité éducative et qui en font un élément central de ce qu'ils mettent en œuvre pour « essaimer ».

Montée en puissance des règles et contraintes dans l'exercice d'encadrement de mineurs… l'exercice devient très contraint, ou au moins perçu comme tel.

→ un enjeu : vigilance à ne pas présenter ce sujet comme une contrainte, trouver le bon levier pour donner envie d'agir.

lors qu'il s'agit de travailler avec les responsables d'animation, arrêter d'en discuter et le faire. Dire « il faut que vous réfléchissiez à ça » ne permet pas d'avancer, ça entre dans une multitude de « choses à ». Dans les formations par exemple, des séquences de formation ne sont pas nécessairement le meilleur moyen de sensibiliser : en revanche, mettre en œuvre une réelle égalité et une vigilance sur ces sujets dans l'organisation de la vie quotidienne, des prises de parole, des prises d'initiative, ça permet de contribuer à le rendre incontournable, évident.

→ sur la question de la réglementation : ne pas hésiter à interpeller les institutions, à se positionner comme expérimentateurs sur certains sujets, à porter nos actions comme des expérimentations auprès des Ministères (y compris en matière de formation avec le classique base – stage - appro : partir de l'expérience et travailler une pédagogie sur la base de ce que l'on a fait)

→ Ne pas négliger, lors que l'on a « fait ensemble », l'étape d'explicitation : dire quelle était l'intention derrière cette action, la rendre visible et liée à notre projet éducatif.


Quels moyens et outils pédagogiques ?


Nécessité de proposer une gamme d'outils pédagogiques pour traiter ces sujets de manière active.

Faire la nuance entre l'attention collective à une répartition équilibrée des compétences et appétences entre des filles et des garçons, et la question des choix individuels (ne pas forcer les filles à faire des sioules). Le minimum de ce qu'est le scoutisme, c'est d'ouvrir les verrous, de permettre à chacun de vivre ce qu'il souhaite, en élargissant aussi le champ des possibles par rapport à ce qu'un modèle social offre. Déconstruire ces verrous, ça nécessite parfois de construire nos activités dans une optique d'inciter à la découverte, au-delà de leur socialisation. De poser à un cadre qui permette de dépasser les stéréotypes intégrés et des déterminants sociaux.

Être vigilant sur les questions d'effectifs : la recherche de l'équilibre (et non de la stricte parité) correspond avant tout à éviter les situations de minorités insupportables.

Ne pas négliger que, lors de la création, les EEDF étaient un des rares espaces pour être ensemble filles et garçons, notamment puisque l'école n'était pas mixte. Aujourd'hui, on ressent parfois le besoin d'une non-mixité, ponctuelle, dans un contexte où la vie scolaire est mixte.

Réfléchir à la place de la non-mixité, aux conditions dans lesquelles elle peut être pertinente en tant qu'outil.

 


 

 

Mesurer l'équilibre des temps de parole lors de nos instances démocratiques.


La place minoritaire des femmes dans l'expression publique est régulièrement étayée dans des études universitaires, tout comme son « invisibilité » : que ce soit pour les femmes ou pour les hommes, le temps de parole des femmes est communément perçu comme supérieur à ce qu'il est en réalité1.


Depuis 2013, des observateurs et délégués de Midi-Pyrénées à l'Assemblée générale ont mis en place une comptabilisation des temps de parole sur certains temps (notamment débat sur le rapport moral). La méthode ne prétend pas à une rigueur scientifique, mais cherche à faire un premier état des lieux : les résultats, même avec une marge d'interprétation, mettent clairement en lumière les progrès possibles dans ce domaine au sein de notre association.

Assemblée générale de l'année...

2013

2014

2015

Temps de parole des femmes durant le débat sur le rapport moral

29 %

14 %

25 %

Nombre d'interventions des femmes durant le débat sur le rapport moral

26 %

13 %

27 %

Quelques militants de l'association ont développé, pour faciliter ce travail, un outil informatique accessible à tous : http://nouph.net/observatoire. Ce travail a également été mené lors du Congrès 2014 de la région Midi-Pyrénées, avec des résultats plus équilibrés qu'à l'AG (détail disponible sur https://wiki.midipy.eedf.fr/Paroles2015)

 


 

 

 

Isabelle Dhoyer, présidente des E.E.D.F.

Conclusion de cette « journée de la mémoire du scoutisme laïque »

Concernant le sujet de la coéducation, je me suis questionnée sur mon propre parcours. J’ai identifié deux ou trois caractéristiques de ma situation, qui peuvent expliquer ma perception, l’impact, la place qu’a la coéducation dans ma construction personnelle.


Le 1 : j’ai grandi dans une famille nombreuse (6 enfants) et j’ai un frère jumeau : le nombre et la mixité étaient pour moi déjà quotidien, normal,


Le 2 : l’école publique devient mixte,

Je me souviens de mon institutrice un peu perdue, à l’idée de devoir adapter le cours de gym et l’atelier de  travail manuel. Pour elle, les autres contenus ne poser pas de problème.

Le 3 : les EEDF, un complément, une continuité éducative, un espace d’aventure.


Avec le recul, je garde la sensation que ce qui m’a été proposé au sein de mon groupe local éclé m’a permis de vivre une coéducation dans une époque où cela était novateur.


Je pense que je suis de la génération qui a profité des expérimentations, des nouveautés pédagogiques et relationnelles. La mixité, la coéducation, sont une évidence à ce moment-là.

À mon tour, devenue responsable, j’ai choisi d’animer la branche « éclaireuses / éclaireurs ». J’en garde un formidable sentiment de plaisir, d’aventure, de liberté et d’école de la vie. C’est là que j’ai appris le plus, je crois, sur moi et sur les autres… et c’est là que j’ai initié la démarche de curiosité, d’apprentissage par l’action, et compris que l’imagination, la créativité servaient la vie.

La nouveauté qui peut déstabiliser apporte l’occasion d’expérimentation, de questionnement, d’évaluation, de remise en question, d’ajustement

De là, je pense que le contexte de départ détermine la façon de mettre en œuvre la proposition éducative et donc la coéducation.

Les équipages peuvent être mixtes ou non mixtes : tout dépend du contexte, de la situation et de l’objectif visé.

La coéducation fait partie des fondements des EEDF, comprise dans un Ensemble de « valeurs » que sont : la laïcité, la démocratie, la solidarité, l’écocitoyenneté.

Il me semble essentiel d’avoir une approche complète : chaque VALEUR s’appuie sur les autres ; le SENS, la direction à suivre est donné par l’ensemble.

La coéducation : un fondement de notre « vivre ensemble ».

En 2016, les EEDF construisent leurs « Orientations Nationales », ç’est peut être l’occasion de réactiver, de réaffirmer la volonté de vivre une coéducation adaptée à notre époque.

À chaque époque, à chaque endroit,  les relations Homme / Femme sont établies dans un contexte de « pouvoir », de culture, d’éducation, qu’il nous faut connaître et intégrer dans  notre analyse pédagogique.

Nous devons former nos cadres, nous devons débattre de ces sujets et clarifier les enjeux, et ainsi pouvoir  adapter la proposition éducative à la situation locale.

Dans notre contexte actuel,  le vivre ensemble est au cœur de toutes les préoccupations…

Chaque structure d’activité doit s’adapter à son public. Je  pense que la coéducation ne peut pas toujours avoir la même  réponse éducative.

J’aime à dire que « la liberté c’est de savoir tout faire ». Je n’ai pas la prétention de savoir tout faire, mais l’idée est de rendre libre en permettant à chacun de pouvoir apprendre ce qu’il a besoin, ce qu’il a envie… de cultiver la curiosité et de permettre à chacun de trouver par lui-même et avec les autres.

Pour s’épanouir, pour développer ce que l’on est, pour se trouver, pour oser, pour s’aventurer… Pour vivre ensemble … il est essentiel d’exister, d’être reconnu : ça doit se déterminer en compétences, en qualités - et non « en fille ou garçon ».

C’est ça le scoutisme …

Isabelle Dhoyer

Présidente des EEDF

 

 

 

 

 

 

 

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