1915 : Un autre "journal scout" à Troyes pendant la guerre

Jeu22Sep201109:03

1915 : Un autre "journal scout" à Troyes pendant la guerre

Index de l'article

 

La troupe de Troyes a édité, à partir de 1915, un journal d'abord dénommé "Le Scout Troyen" puis "Le Scout" (après qu'il ait été mis à la disposition de l'échelon national) ; sa lecture est passionnante car elle donne une excellente idée des valeurs et activités de cette période.

 

Remarque : on peut considérer que "le Scout Troyen" prend le relais du journal "Le Scout" édité à Reims dont Jean-Jacques Gauthé a retrouvé quelques exemplaires. Nous n'avons pas identifié de lien entre les deux, mais il est évident, à la lecture, qu'ils sont conçus et agissent dans le même sens : faire connaître, localement puis nationalement, ce scoutisme en démarrage.

"Le Scout Troyen", dont Guy Wilmes a retrouvé retrouvé une quarantaine de numéros publiés de 1915 à 1917, sera essentiellement la création d'Étienne Garnier, président de la section de Troyes et père du chef de troupe, qui en assurera la rédaction, la réalisation et, apparemment, le financement. Le journal va être évidemment plus marqué par la période de la guerre que son homologue de Reims. Et, dans la mesure où  cette période sera génératrice d'une réflexion sur des problèmes " de société", il va en rendre compte : place du sport, préparation militaire obligatoire, formation post-scolaire seront des préoccupations collectives pour lesquelles le scoutisme aura son mot à dire...

 

 

Le premier numéro :

 

 

Le décor est planté et les objectifs indiqués seront tenus pendant plusieurs années (Guy Wilmes dispose de la collection du journal jusqu'en 1917). À noter qu'il y est question de la "section de Troyes" (puis d'autres lieux) et non du "groupe". La présentation s'améliorera au fil du temps, mais la réalisation restera semi-bénévole puisque prise en charge par l'école de sténo-dactylos de la ville :

 



Quelques extraits du premier numéro, après les informations sur le programme d’activités :

Les articles concernent les programmes d'activités des éclaireurs, leur participation à la vie locale puis à celle de la Fédération, des "conseils" ou des mises en garde - attention aux amendes pour non-respect de l'uniforme ! S'y ajouteront bientôt des informations d'ordre "technique".

À noter que les éclaireurs sont répartis en deux "partis" suivant leur âge ; on donne le nom des éclaireurs disciplinés mais on ne fait qu'une allusion aux autres ! La vie de la Fédération est "scout" et non "scoute". Cette dénomination au masculin subsistera pendant plusieurs années.

À noter également qu'il est question de "girls scouts" alors que la dénomination d'"éclaireuses" a été retenue des 1912 au foyer de Naples !

 

REMARQUES – OBSERVATIONS – CONSEILS :

Il y a une amélioration dans la discipline générale et tout le monde s’en trouve mieux. Cependant il reste encore à faire. Les ordres doivent être plus rapidement exécutés. Les rassemblements sont trop lents et pas assez silencieux. Pas assez d’efforts personnels chez beaucoup. Le parti bleu, quoique composé des plus jeunes, semble plus appliqué que le rouge. Quelques Éclaireurs gagneraient à être un peu plus sérieux et plus disciplinés. Les Éclaireurs (suivent des noms) ont une bonne conduite et montrent beaucoup de bonne volonté.

LES AMENDES :

Certains Éclaireurs ne pouvant se corriger d’arriver en retard ou de ne pas prévenir en cas d’absence, les amendes ont été rétablies. Elles sont ainsi fixées : retard sans excuse sérieuse : 0,10 – plus de cinq minutes : 0,25 – absence sans excuse sérieuse préalable : 0,25.

Des amendes pourront être infligées pour oubli de matériel ou légères fautes. Les Éclaireurs bruyants pendant les exercices ou en retard aux rassemblements verseront 1 sou d’amende au profit des Blessés.

LA VIE SCOUT :

L’Assemblée Générale des Éclaireurs de France a eu lieu le 28 Mars à Paris. Le bureau de 1914 du Comité Directeur a été maintenu pour 1915. « L’Éclaireur de France » ne reparaîtra qu’après la guerre. Une centaine de Boy-scouts et Girls-scouts sont partis en Serbie avec une expédition sanitaire.

L’INSTRUCTION : L’ÉTUDE DU MORSE :

(…) L’étude du Morse est bien moins difficile que la plupart se le figurent. (…) On arrive ainsi par un travail de cinq à six minutes par jour à connaître totalement le Morse en une semaine.

Suit une rubrique « CONTES ET NOUVELLES » qui raconte une histoire, écrite par un chef de patrouille, où des éclaireurs jouent le rôle de garde-voies et viennent à bout de « bandits » dangereux.


Quelques autres articles dans les numéros suivants :

Le numéro suivant rend compte de la cérémonie de remise d’un drapeau, offert par la Caisse d’Épargne, en présence du maire de Troyes, avec plusieurs discours insistant sur le rôle du scoutisme dans cette période historique :

On trouve également dans un numéro de 1915, en pages « activités », le texte du « serment » prononcé par les éclaireurs :

Notons qu’il reprend très exactement celui qui est indiqué par le « Livre de l’Éclaireur », sans référence religieuse.

 

Le numéro de Juin 1915 est tout à fait poétique :


Dès juillet 1915, le journal est mis à la disposition de la Fédération :

Et, très rapidement, il donne la liste des présidents de sections de Paris (une par arrondissement) et présente les activités de la section de Macon :

et relaye les informations concernant les éditions de la Fédération. On peut noter que, tout au long de cette année 1915, c'est le "Livre de l'Éclaireur", édité en 1912, qui est diffusé, ainsi que le "memento" qui en est issu, et non la traduction de "Scouting for Boys" où Baden Powell présentait le scoutisme ; il s'agit bien de l'interprétation française des principes du scoutisme britannique, comme nous l'avons déjà constaté au sujet du "serment" :


Le patriotisme est très présent :

Le numéro de juillet évoque la mort au combat de Nicolas Benoit dont la section va prendre le nom :

Le patriotisme occupe d'ailleurs une grande place, aussi bien dans les "contes et nouvelles" que dans les informations sur la guerre et sur l'héroïsme des éclaireurs :

Extrait d'un article publié dans un journal local et repris par "Le Scout Troyen" : "ils sont cocardiers, nos jeunes éclaireurs"....


 

L’unification des costumes et des insignes

Une réunion du Comité Directeur, dont le numéro de fin novembre rend compte, se préoccupe de ces sujets et aboutit à des « résolutions » soumises à l’homologation du Comité Directeur « pour être appliquées immédiatement en attendant la ratification de l’Assemblée Générale qui les rendra définitives ».

Ces résolutions concernent aussi le salut, à échanger avec les membres d’autres fédérations :

À noter l'allusion à des "Éclaireurs de la Société de l'Enseignement Moderne" à côté des U.C.J.G.

 

En ce qui concerne les tenues, les consignes sont très strictes :

À noter que les « bandes molletières », partie intégrante du « costume » des chefs, sont absolument interdites pour les éclaireurs « pour des raisons d’hygiène ».

En ce qui concerne les insignes des chefs, le but est d’ « établir d’une façon précise la qualité et le grade d’un instructeur ». En conséquence, « il est donc arrêté que les instructeurs porteront trois (de ces) boutons sur l’épaule gauche et la cordelière blanche ; les seconds, deux boutons et la cordelière bleue ; les chefs de patrouille, un seul bouton et la cordelière rouge. Les cordelières devront être portées de telle façon qu’elles fassent le tour de l’emmanchure, en passant sous la patte d’épaule et que l’extrémité se trouve placée dans la poche gauche de la veste. »

Il est également question des « étoiles d’ancienneté » :

 

Le numéro de décembre annonce la reparution de « L’Éclaireur de France ». « Le Scout Troyen » continuera de paraître et donnera des nouvelles des sections qui le souhaiteront et, à partir de 1916, il deviendra « Le Scout » dans une présentation améliorée. Tout au long de 1915, le rythme « bi-mensuel » - un numéro toutes les deux semaines - aura été assuré !

 

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