1963 : la pédagogie internationale du Mouvement commun
Commissaire internationale de la F.F.E. et Commissaire de la section Neutre, Maité Baillard a assuré la responsabilité de relations internationales pour le « nouveau Mouvement », en particulier auprès de l’Association Mondiale des Guides et Éclaireuses ; dans ce cadre, elle nous en donne ici un témoignage, extrait de la plaquette consacrée à Jean Estève.
« Orly, mars 1963 : je vais, avec Jean Estève, présenter à Londres, à «Dame» Leslie Whateley, Directrice du Bureau Mondial de l’A.M.G.E., les propositions et le schéma du nouveau Mouvement des Éclaireuses & Éclaireurs de France, auquel les responsables de la section neutre de la Fédération Française des Éclaireuses, dissoute, les Éclaireurs de France et les Éclaireurs Français, sont en train de travailler. J’ai rencontré Jean Estève en 1961, et nous avons participé à de nombreuses réunions de travail, au cours desquelles j’ai pu apprécier, d’une part, la clarté d’esprit de Jean, sa capacité de synthèse et, d’autre part, son esprit d’écoute à ses différents interlocuteurs.
Dans l’avion, nous mettons au point le déroulement de notre présentation. Dame Whateley a déjà été informée de nos projets de création d’un mouvement mixte, mais il faut lui présenter et lui expliquer ce que sera ce nouveau mouvement. Jean Estève, à son habitude, écoute attentivement le préambule de Dame L. Whateley, qui précise la position de l’A.M.G.E. où l’on commence à voir éclore des mouvements mixtes dans différents pays : l’A.M.G.E. veut préserver l’autonomie des jeunes filles et jeunes femmes dans cette nouvelle éducation mixte.
À tour de rôle, nous exposons l’état d’avancement de nos travaux. Jean se montre très soucieux de respecter cette autonomie féminine et précise bien qu’il ne s’agit pas d’une absorption de la section neutre de la F.F.E., mais de la création d’un nouveau Mouvement commun, où chacun sera à égalité. Il est rassurant, persuasif, s’appuyant sur nos discussions préalables tant sur le plan pédagogique qu’idéologique, confirme qu’il ne faut pas hâter le processus et que des rencontres successives doivent permettre des changements de structures et de mentalités, dans un esprit de mutuelle compréhension.
Je pense que notre entretien a été fructueux. Jean a su convaincre Dame Leslie de son souci de maintenir la présence active de membres féminins de ce nouveau Mouvement des E.E.D.F. au sein de l’A.M.G.E. Ses explications ont été claires et précises. Il ne s’est pas montré impatient d’aboutir vite mais, au contraire, a insisté sur le temps nécessaire à la mise au point de notre création. »