1973 : les Scouts d’Europe
Le document suivant est un prolongement du précédent ; diffusé par les Scouts de France vers leurs responsables et les associations du Scoutisme Français, il avait pour but de donner des informations sur l’association dissidente « Fédération du Scoutisme Européen (F.S.E. ) » créée quelques années auparavant.
Les textes sélectionnés sont tous issus des publications de cette nouvelle association (essentiellement « Maîtrises », revue des cadres) dont ils définissaient les objectifs, les principes et les « valeurs ». Nous les avons accompagnés de documents d’information publiés par les Scouts d’Europe eux-mêmes. Il est important de noter que ces derniers évoquent en permanence Le scoutisme (en général) et non « notre scoutisme », donnant ainsi à leurs définitions une valeur qu’ils considèrent comme universelle…
Quelques éléments d’information
Le document suivant, diffusé par les Scouts de France vers leurs responsables et les associations du Scoutisme Français, avait pour but de donner des informations sur l’association dissidente « Fédération du Scoutisme Européen (F.S.E. ) » créée quelques années auparavant. Les textes sélectionnés sont tous issus des publications de cette nouvelle association (essentiellement « Maîtrises », revue des cadres) dont ils définissaient les objectifs, les principes et les « valeurs ».
Même si les Scouts d’Europe (et les Guides d’Europe créées simultanément) ne se situaient pas dans le domaine de « recrutement » des Éclaireurs de France ou de la Fédération Française des Éclaireuses, c’est une nouvelle définition du scoutisme qui était donnée en France, refusant, en particulier, l’idée même que le scoutisme pouvait être »pluraliste » ou « laïque ». L’affirmation, plusieurs fois répétée, que B.P. considérait que le scoutisme n’existait pas sans la religion, oubliait simplement que le Fondateur lui-même avait accepté que notre association, et d’autres avec elle (comme les Junak créés à la même époque en Bohême) se sont, dès le début, affirmées ouvertes à tous et ont adopté la promesse alternative… On est loin, d’ailleurs, des réticences formulées, à l’origine, par la hiérarchie catholique vis-à-vis des fondements même de ce scoutisme, qui fait l’ objet d’une véritable appropriation et devient, dans ces textes, porteur d’une conception « occidentale » de la société en privilégiant la culture « européenne » et ses origines chrétiennes.
Ces textes traitent surtout de la relation entre cette association et ses objectifs religieux ou culturels. Ils définissent simultanément un prolongement en ce qui concerne les méthodes pédagogiques, suivant une approche apparemment plus traditionnelle que celle des Scouts de France, dont un responsable national venait de publier l’ouvrage « Baden-Powell aujourd’hui » donnant du Fondateur une image plus actualisée. À noter qu’eux-mêmes avaient été, quelque temps auparavant, l’objet d’une campagne de presse (en particulier dans « le Figaro », dont un journaliste était apparemment spécialisé !) mettant en cause leur évolution (« La deuxième mort de Baden-Powell », article présenté par l’article précédent)
La réaction des Scouts de France est essentiellement justifiée par le fait que les Scouts d’Europe sont ainsi apparus comme porteurs d’un « vrai » scoutisme, par opposition à tous ceux qui jugeaient nécessaire de faire évoluer celui-ci en fonction de l’évolution de la société. Ne voir que cet aspect « technique » serait oublier les affirmations qui accompagnaient la définition même des nouvelles associations, par exemple, émises par le Directoire religieux de la F.S.E. : « Cette très naturelle et bien vivante Europe, qui a été ébranlée par la Renaissance, sapée par la Réforme et plus ou moins disloquée par la Révolution, n’est pas une abstraction »… (…) « L’unité de l’Europe est dans un principe : la chrétienté. » (…) « La F.S.E. voit dans la négation des droits de Dieu sur les Nations, telle qu’elle a été formulée, depuis, par la révolution, l’aboutissement de la tendance qui consistait à subordonner la Foi à la Raison d’État. Elle regarde la laïcité comme « une solution fractionniste incompatible avec les exigences du Bien commun de l’Europe ».
Question : est-il nécessaire, pour pratiquer le scoutisme en Europe, de rejeter une partie de son histoire et de se référer à une Vérité unique, avec un drapeau, l’étendard des croisades qui en est l’emblème : « Blanc et noir, c’est le drapeau de la Vérité absolue sans laquelle aucune liberté ne peut être garantie face à la société politique ». Et, simultanément, de s’interdire toute recherche en vue d’une évolution : « parce qu’il s’est rallié, dès l’origine, à cette conception d’un ordre subjectif voulu par Dieu, le scoutisme n’a jamais été un mouvement « en recherche »… «
Indépendamment d’un certain nombre d’attaques contre les Scouts de France, les Éclaireurs de France ont droit à quelques… jugements, par exemple, en toute objectivité : « Il est clair que le civisme « religieusement neutre » des anciens éclaireurs de France n’a pas eu à subir une grosse transformation pour entrer dans la perspective du patriotisme athée des Pionniers de l’Est »…
On peut dater de cette période l’émergence de nombreuses associations dissidentes du scoutisme catholique. La revue catholique Golias, dans son numéro de septembre / octobre 1998, en dénombre une trentaine dont l’essentiel combine l’affirmation de ces exigences religieuses et une définition peu évolutive des méthodes d’animation des unités. L’association qui a connu, il y a quelques années, de graves accidents au cours d’un camp marin en fait partie.
NB : Cette information est constituée à partir de documents publiés entre 1965 et 1974. Il est tout à fait possible que l’orientation de la F.S.E. ait évolué depuis : notre objectif est de la situer dans le cours de « notre histoire », qui est aussi celle du scoutisme en France. Si l’on en juge d’après certaines publications d’associations dissidentes, le débat continue d’occuper le scoutisme catholique, comme l’attestait récemment la revue des « Scouts & Guides de Riaumont ». Ce document nous a été transmis par un ancien scout anglais qui nous a interrogé à son sujet : il avait acheté sur Internet un livre sur les scouts morts pour la France et reçoit, depuis, la revue en question qui reprend pratiquement les thèmes exposés par la F.S.E.
En pages suivantes :
Document sur les « Scouts d’Europe », publié par les Scouts de France, décembre 1978 Textes fondamentaux : les Scouts et Guides d’Europe, 1965 :
- charte des principes naturels et chrétiens
- directoire religieux de la F.S.E.
Pour en savoir plus : Bibliographie :
- Golias, revue catholique : B.P. 3045 69605 VILLEURBANNE C
- Baden-Powell aujourd’hui (Scouts de France)