Pour mieux connaître Georges Bertier
Georges Bertier fait partie des personnalités évoqués à plusieurs reprises sur ce site. Il nous a semblé intéressant de reproduire ici, pour mieux le situer en dehors de ses activités dans le scoutisme, une fiche trouvée sur le site du Maîtron
Né le 24 février 1877 à Tonnoy-sur-Moselle, mort le 12 janvier 1962 à Verneuil-sur-Avre (Eure) ; professeur à l’école des Roches, puis directeur ; syndicaliste autonome ; président du syndicat de l’enseignement libre supérieur, secondaire et technique ; président des Éclaireurs de France. Son père était féculier.
Après avoir étudié à la communale, il entreprenait des études secondaires à Nancy (St Léopold, puis Saint-Sigisbert), puis il commença ses études supérieures à la faculté des lettres de Nancy. En 1896, il fasait ses études de philosophie à Paris où il obtint sa licence, mais échoua à l’agrégation. Georges Bertier fréquenta les conférences de la réunion des étudiants, d’obédience catholique, dont il devint président, quelques années avant François Mauriac. Il s’engage alors au Sillon et rencontre l’équipe de Le Play.
Edmond Demolins lui proposa alors de venir enseigner à l’École des Roches, école libre non confessionnelle, fondée en 1899 selon le modèle de l’école nouvelle et réservée à une élite fortunée. George Bertier y enseigna les lettres en 1901 et, après son mariage avec Jeanne Crépin, devint chef de maison et en 1903, directeur de cet établissement. Il restera à sa tête pendant quarante ans jusqu’en 1944. Il y développera des méthodes pédagogiques qui font de l’enfant le centre du dispositif pédagogique, en leur confiant nombre de responsabilités dans la gestion de l’école, selon les principes de l’éducation nouvelle.
Pour propager ses idées, il créa en 1909 une revue Éducation dont il sera directeur jusqu’en 1940. En 1922, il collabora à la revue d’Adolphe Ferrière, « Pour l’ère nouvelle ». En 1919, Georges Bertier participa au mouvement des Compagnons pour une Université Nouvelle. Il était, en 1921, l’un des fondateurs de la Ligue internationale pour l’Éducation Nouvelle et l’un des acteurs du Groupe français d’édification nouvelle (GFEN).
Pendant la guerre, Georges Bertier fut pétainiste, refusa le poste d’inspecteur général de l’éducation générale et sportive, mais collabora à la Fondation française pour l’étude des problèmes humains dirigée par Alexis Carrel. Il influença la réforme Carcopino en mettant l’accent sur la pratique sportive, tout en ne renonçant pas aux lettres.
Après la guerre, il adhéra au MRP et fonda en 1953, le bureau d’orientation scolaire et familiale. Il jouera un certain rôle en 1945 lorsque seront créées les classes nouvelles par Gustave Monod, ancien de l’École des Roches et membre de son conseil d’administration.. Georges Bertier donna des cours de pédagogie à l’Institut supérieur de pédagogie de l’Institut catholique de Paris après la guerre. Il meurt à Paris, le 12 janvier 1962.
En 1902, Georges Bertier adhéra, dès sa fondation, au syndicat de l’enseignement libre supérieur, secondaire. Il s’agissait d’un syndicat autonome, mixte (des employeurs sont membres du syndicat) qui tenta d’organiser une profession très individualiste. C’est la raison pour laquelle le syndicat disposait d’une commission de placement, offrait des avantages matériels à ses membres (réduction sur l’achat de livre, gratuité dans les musées, etc.), créa et géra une caisse de retraite, s’efforçait d’améliorer des traitements très bas (seuls l’École des Roches et le collège Stanislas à Paris assuraient un niveau de rémunération identique à celui de l’enseignement public), avait créé en 1927 une association des Amis de l’Enseignement Libre dont l’objet était d’offrir une caisse de solidarité à destination des maîtres en difficulté matérielle. Membre de la Confédération des Travailleurs Intellectuels, le syndicat contribua à la constitution d’un groupe parlementaire favorable à l’enseignement privé, avec le député de Paris Duval-Arnould, ancien membre du syndicat. Le syndicat revendiquait de pouvoir participer à la rédaction des programmes d’enseignement, de pouvoir participer aux jurys d’examen et souhaitait que les enseignants puissent recevoir une rétribution de l’Etat.
Depuis 1922, Georges Bertier siégeait à la Chambre syndicale (le conseil d’administration de l’organisation). Élu vice-président du syndicat en 1926, deux ans plus tard, il succéda à la présidence à M. Mesuret, qui avait dû, pour raisons personnelles, démissionner. Il accepta cette fonction afin d’éviter la disparition pure et simple du syndicat, mais déclara d’emblée qu’il était surchargé de travail et le faisait en quelque sorte, contraint et forcé. Son action se déroula sur plusieurs plans : il essaya de contribuer au rapprochement du syndicat avec les autres organisations de l’enseignement libre, en proposant la création d’une Fédération générale de l’enseignement libre français, mais n’y parvînt pas. Il s’efforça de développer les adhérents (moins de 5% par rapport à la totalité des professeurs en fonction). Inquiet devant le projet d’école unique qu’il considérait comme une menace pour l’enseignement libre, il œuvra, sans succès, à la mise en place d’une agrégation propre à l’enseignement privé.
Il joua également un rôle interne non négligeable puisqu’il réorganisa le syndicat, en transféra le siège, fit assurer, par une personne employée à cet effet, une permanence pour répondre aux questions des adhérents, organisa des réunions d’information avec les adhérents qui le souhaitaient : le succès, en cette matière, semble avoir été, somme toute limitée. George Bertier créa un comité de rédaction pour améliorer le contenu et la lisibilité du bulletin mensuel, L’Enseignement Libre : il lui donna un tour « plus intellectuel » que par le passé. En 1930, Georges Bertier s’opposa, en vain, à la création de la Fédération des syndicats diocésains, patronnés par les directeurs diocésains de l’enseignement libre, car il estimait que des syndicats « confessionnels » n’avaient pas lieu d’exister.
Débordé par les multiples tâches auxquelles il devait faire face, Georges Bertier démissionna de ses fonctions en novembre 1930 et fut remplacé par le directeur du cours Saint-Louis à Paris, par ailleurs dirigeant de la Fédération des scouts catholiques, Gustave Daumas. Il cessa toute activité au sein de la chambre syndicale à partir de 1936.
En tant que directeur de l’école des Roches, il ne posait pas l’enseignement libre en opposition avec l’enseignement public, mais en complémentarité. Il représenta l’enseignement libre au sein du Conseil supérieur de l’instruction publique, dans les années 1930. Il sera membre de la commission Langevin Wallon, puis de la commission Boncour en 1950.
Il était officier de la Légion d’honneur commandeur des Palmes académiques.
ŒUVRE :
- L’École des Roches, Juvisy, éditions du Cerf, 1935, 315 p. ;
- La colonie de vacances éducatives, Paris, 1942, 254 p. ;
- Hommes ou bacheliers ?, Paris, Centurion, 1957, 175 p.
- Nombreuses autres œuvres et collaboration à de multiples périodiques.
SOURCES : Arch. FEP-CFDT, L’Enseignement Libre. – Guy Avanzini et alii, Dictionnaire histori-que de l’éducation chrétienne d’expression française, Paris, éditions Don Bosco, 2001, p. 59-60. — Nathalie Duval, « Un éducateur oublié : Georges Bertier », Les Etudes Sociales, n° 130, 1999, p. 83-94. — Bruno POUCET, Entre l’Église et la République, une histoire de la Fédération de la Forma-tion et de l’Enseignement Privés CFDT, Paris Éditions de l’Atelier, 1998, 252 p. ; « Les syndicats de l’enseignement privé, éléments pour une histoire », Le mouvement social, n° 195, avril-juin 2001. — Geneviève Poujol et Madeleine Romer, Dictionnaire biographique des militants XIX-XXè siècle, de l’éducation populaire à l’action culturelle, Paris, L’Harmattan, 1996, p. 43.44. Bruno Poucet
Voir aussi la biographie signée par Nathalie Duval dans le cédérom DBMOMS