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1950 : Le scoutisme d’extension

Sept décennies d’action éducative pour les jeunes sourds et malentendants

 

Une plaquette éditée en 2000 présente les activités de ce secteur. Elle est très significative d’une évolution de la réflexion et de l’action et, à ce titre, représente, à la fois, un excellent exemple d’adaptation de notre scoutisme d’extension et de prolongement de notre scoutisme vers l’éducation populaire. Nous en présentons un résumé.

 

Le groupe de l’Institut national de Jeunes Sourds

Créé aux environs de 1935 par une équipe de responsables E.D.F., le groupe a com­mencé ses activités de sorties et de camps auprès des élèves de l’Institut de la rue Saint-Jacques (alors Institution Nationale des Sourds-Muets). Comme pour tous les autres secteurs, ces activités ont deux préoccupations majeures :

d’une part, l’adaptation des méthodes et moyens du Scoutisme aux spéci­ficités du handicap concerné – en l’occurrence, aux problèmes de com­munication ;

d’autre part, l’intégration aux autres pratiquants de ces méthodes, par des activités communes et une réflexion continue de recherche et d’échanges.

C’est ainsi que, à partir de 1935, on trouve la trace d’activités, adaptées aux trois « branches » habituelles. Mais, tout au long de trente années, les méthodes d’animation des unités du Groupe ont évolué, en réponse à une évolution permanente de la société et des besoins des jeunes. En particulier, les problèmes de communication ont tou­jours eu une place prioritaire dans les préoccupations des encadrements : la réalisation de sorties et de camps avec des entendants, par exemple, a conduit à une réflexion permanente sur la communication des jeunes sourds avec le reste de la société – et sur la communication des entendants avec les sourds. La langue des signes a toujours été pratiquée dans ce but, sans être considérée comme un moyen exclusif et sans écarter les autres formes d’ex­pression.

L’association « Loisirs Éducatifs de Jeunes Sourds » et le centre de vacances du Fieux :

Mais le monde change, et le développement des activités de loisirs (qui ris­quent de n’être pas toujours « éducatives » dans la mesure où elles deviennent un élément d’une société de consommation) a conduit les équipes de respon­sables à mener une réflexion en vue d’une évolution, qui s’est avérée double :

– élargissement des activités proposées à des jeunes de toutes origines géo­graphiques, en dépassant le cadre strict de l’Institut de Paris – ce qui nécessi­tait un mode de fonctionnement et d’organisation différents,

– participation aux multiples activités associatives du secteur, en relations avec toutes les autres parties concernées : enseignants et éducateurs, adultes sourds, parents d’élèves.

Cette prise de conscience aboutit, en 1964, en coopération avec la « Société Centrale d’éducation et d’assistance aux sourds-muets en France », à la création d’une association complémentaire, « Loisirs Éducatifs de Jeunes Sourds » et d’un centre de vacances, installé dans une ferme de la Creuse, aux Fieux près Saint-Goussaud. Subventionné par les services de la Jeunesse et des Sports et par les Allocations Familiales, géré par les E.D.F., le centre peut conserver des prix de séjours acceptables par les familles, même si l’effectif d’encadrement reste important pour répondre aux besoins de communication des jeunes. La part destinée à couvrir les amortissements, c’est-à-dire à financer les amé­nagements, res­te faible et est consacrée à renouveler les équi­pements au fur et à mesure des besoins. Le nombre de journées réalisées annuellement, par des séjours en co-éducation de jeunes sourds avec des entendants, a atteint 4000.

Les bâtiments du centre de vacances du Fieux… en photo

… et vus par un jeune responsable

Une activité « paysanne » vue par un photographe pour le calendrier.

La formation des cadres :

Dans la tradition du groupe E.D.F. d’origine, il apparaît également important de consti­tuer des équipes d’encadrement spécifiques, adaptées à l’animation des sourds – et constituées, pour une bonne part, de sourds issus des activités de l’association ou intéressés par elles. Or aucune association spécialisée dans la formation des cadres ne recevait de défi­cients auditifs à cause des problèmes évidents d’adaptation de la com­munication …  Il est donc décidé de réaliser, dans le cadre de l’association, des stages de formation destinés aux cadres de nos séjours, avec délivrance d’un diplôme officiel – alors dénommé « diplôme d’animateur de centre de vacances » – pour lequel un agrément spécial a été accordé au plan national : nous avons donc été les premiers à délivrer à des déficients auditifs un diplôme officiel leur permettant d’encadrer des centres de vacances, et, par la suite, de les diriger.

La vie associative du secteur :

La création de l’UNISDA (Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient Auditif) a été une remarquable opportunité de rencontrer d’autres associations agissant également dans le domaine de l’insertion des déficients auditifs, d’échanger réflexions et expériences et de mettre en commun des projets d’action auprès des Pouvoirs Publics.

 

Action sociale et lutte contre l’exclusion :

Ces activités ont, depuis leur origine, une dimension sociale qu’il est important de souligner : elles reçoivent des enfants et adolescents de toutes origines géographiques et sociales, ce qui suppose souvent d’aider les familles à financer les séjours pour ne pas priver les enfants de ces vacances. Cette action du domaine social est importante car elle met en évidence la contribution de l’Association à la lutte contre l’exclusion qui est une priorité nationale. Elle rend encore plus nécessaire le maintien d’une infrastructure de qualité pour l’accueil, l’animation, le suivi et la gestion de nos activités. Même si l’action a évolué depuis la création du groupe Éclaireurs de France voici plus de soixante ans, l’objectif reste le même et la ligne directrice a été tenue : contribuer, par des activités de loisirs éducatifs, dans l’esprit du Scoutisme d’Extension des Éclaireurs de France, à l’insertion sociale du jeune déficient auditif.

La disparition des subventions et la nécessité de répondre à des contraintes de sécurité de plus en plus exigeantes a conduit, depuis quelques années, à l’arrêt des activités du centre du Fieux et à la recherche d’une autre solution d’accueil des jeunes. Par contre, la formation des cadres avec utilisation de la langue des signes – conduisant à la délivrance des diplômes officiels B.A.F.A. et B.A.F.D. – connaît toujours le même succès auprès de jeunes déficients auditifs et de personnes s’intéressant professionnellement à ce secteur (animateurs, éducateurs, enseignants, interprètes, etc…).