Jean Cau, éminent journaliste et écrivain, ancien secrétaire de Jean-Paul Sartre, prix Goncourt pour un de ses romans, présente, dans un numéro de l’Express (alors en grand format), les E.D.F. du groupe de Meudon, leurs valeurs et leur péniche.
L’article commence par un commentaire peu amène sur « qu’est-ce qu’un boy-scout » décrit comme… « une sorte de dadais aux jambes trop longues et trop maigres » qui « chante des chansons idiotes d’optimisme, porte un uniforme de la police montée canadienne et apprend à se déniaiser dans les bois en poussant des cris affreux ». On reconnaît le style vigoureux de l’auteur qui conclut plus gentiment ( ?) ce paragraphe sur l’avenir de ces chers petits : « De surcroit, ces braves garçons et filles au regard franc et aux joues fraîches appartiennent, j’en suis sûr, à la petite, moyenne et grande bourgeoisie et se transforment en excellents adultes de bonne volonté. Ils passeront leur baccalauréat, leur licence de quelque chose et, derrière le comptoir ou le bureau, succèderont à leur père »
Un cartouche traduit ensuite une découverte progressive de ce que sont réellement les éclaireurs et, en particulier, leur volonté d’éducation à la citoyenneté : « Des gosses sur une péniche au-dessous de Meudon. Auprès d’eux, Jean Cau a dû abandonner quelques préjugés tenaces pour découvrir comment 40000 jeunes Français (Éclaireurs de France) entre 10 et 18 ans apprennent ce que leurs aînés ont oublié : «la démocratie ».
Une interview d’un responsable national précise : « Chez nous, il ne s’agit pas de critiquer, mais de faire. (…) Nous ne fabriquons pas des anarchistes mais, si vous voulez, des militants pour la cité. Autre consigne donc : s’attaquer au problème vrai. Chez les Routiers, informer sur le problème politique, économique ou social vrai. Aussi bien, par exemple, sur l’urbanisme et l’aménagement du territoire que sur la guerre d’Algérie et la Communauté, l’Euratom ou le Marché Commun ». Chez les éclaireurs, idem : « Nous habituons les adultes qu’ils deviendront à s’intéresser à tous les problèmes et à les comprendre efficacement et vite. Nous voulons qu’ils deviennent de vrais militants de la cité, et d’une cité démocratique ».
Suit une description de la péniche, de son rôle (« La péniche, c’est le paradis »)… et de son financement par la vente intensive de calendriers. Au total, Jean Cau ne semble pas regretter son voyage à Meudon !
Merci à Roger Bosquelle qui nous a transmis cet exemplaire.