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1943 : Dans la région de Clermont-Ferrand

 Bernard Delaunay : la Résistance E.D.F. dans la région de Clermont-Ferrand : « J’ai bien reçu les exemplaires d’ « Une Jeunesse engagée ». Ce recueil de témoignages et de documents donne une idée de l’importance du Mouvement de cette époque dans la vie et particulièrement dans les circonstances les plus extrêmes. Je pense être concerné puisque, étant EDF depuis 1936 jusqu’à 1948, je me suis engagé dans la Résistance.

 

J’étais EDF à Lunéville jusqu’au 14 juin 1940. Les Peyre étaient au collège de Lunéville avant le guerre, Étienne Peyre présidait à certaines de nos réunions. Marianne Peyre – Kergomard a participé aux fêtes organisées par la troupe Jacques Cartier. Jean-Claude Peyre était dans notre troupe. Il nous avait annoncé son départ pour Ambert fin mars 1940.Je comprends bien la difficulté de préparer un tel recueil qui comporte fatalement des erreurs et des oublis. Cependant, il est étonnant que l’action des EDF de Clermont-Ferrand et généralement en Auvergne ait été très peu mentionnée. Bien sûr le travail social des Éclaireuses était très louable mais n’a rien à voir avec le combat exemplaire des EDF de la région pour la liberté.

Ma soeur Anne qui était éclaireuse a fait ses études à Clermont. Elle était dans la résistance. Infirmière dans un préventorium du Vercors, elle a recueilli des enfants menacés et les a organisés en troupe EDF, ce qui leur a sauvé la vie. Elle a caché des armes et était infirmière du Maquis. Elle avait pour la seconder une EDF. Elle a sauvé un village des représailles des Waffen SS. Elle a reçu la Croix de Combattante au titre de la Résistance.

En ce qui me concerne, on peut dire que j’ai commencé la Résistance à Lunéville en tant qu’EDF de 1939 à 15 ans, dans la Défense Passive et comme secouriste aux blessés militaires (diplôme de la Croix-Rouge). Puis, à la débâcle de 1940, sous les bombardements et la mitraille, en conduisant dans une camionnette deux femmes et trois fillettes jusqu’à Clermont-Ferrand. J’ai intégré une troupe et ensuite le clan. Quelques-uns d’entre nous ont commencé la Résistance dès 1941, dans un réseau proche de l’Université de Strasbourg repliée. Nous avons, en particulier, effectué des liaisons et entraîné des jeunes à contre-manifester d’une façon spectaculaire à Clermont-Ferrand pour la liberté et la libération de l’Alsace-Lorraine. Nous avons participé à l’important camp-école de Servières-le-Château (1942), non mentionné dans le recueil. L’un des dirigeants était Lévy-Danon avec Pierre Sainderichin. Notre diplôme est signé Pierre François. C’était, en fait, un camp préparatoire à la Résistance. Il s’appelait « Clan du Risque ».

Jean-François, chef de clan EDF, a été arrêté en pleine action contre le chef de la Milice. Il s’est évadé de la prison de Clemont où il était incarcéré. Ce qui nous a obligés, avec son frère, à passer dans la clandestinité. Ils ont participé aux combats du Mont-Mouchet et de la Libération de Clermont. J’ai intégré, en 1943, l’A.S. (Armée Secrète), région de Grenoble, avec comme chef direct le Capitaine Meyer, EDF. Puis, en 1944, l’O.R.A. (Organisation de Résistance del’Armée) du barrage de l’Aigle (Cantal) où se trouvaient un certain nombre d’EDF et SDF. Nous avons combattu dans le Cantal et dans la région d’Autun. (…)

À ma connaissance, nous n’avons pas reçu de consignes particulières du Mouvement. C’est, à mon avis, ce qui démontre la force des valeurs du scoutisme EDF de cette époque. Nous avons tous agi dans le même sens en toute indépendance. (…). Je dois aux EDF l’essentiel des valeurs qui ont guidé toute ma vie.»

Nos commentaires : ils se situent à plusieurs « niveaux » :

Tout d’abord, merci à Bernard de nous avoir apporté ce témoignage, qui est bien dans l’esprit de ce que proposait le projet «Une jeunesse engagée» : rechercher le maximum d’acteurs de cette époque et leur demander quel avait été le rôle de leur engagement Éclaireur dans leur engagement civique.

Ensuite, émettre un constat : nous n’avons pu publier que les témoignages et documents qui nous avaient été communiqués. Notre recherche s’est étalée sur trois ans, à travers toutes les pistes qui étaient à notre disposition et, en particulier, tous les correspondants régionaux de nos associations. Nous sommes évidemment conscients qu’il s’agit pas d’un inventaire exhaustif. Et, comme l’indique l’ouvrage lui-même, nous serions très heureux de pouvoir, aussi rapidement que possible, éditer un complément.

Enfin, en dégager une remarque et une suggestion : ce type de projet ne peut être mené à bien qu’à travers un «réseau» aussi dense et complet que possible. Raison de plus, pour tous les anciens de nos associations, de s’intéresser à ces deux points de rencontre.

À vos plumes !