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1911 : Toujours à propos de Nicolas Benoît

 Nicolas Benoît, à l’origine de la création des Éclaireurs de France en décembre 1911, est une grande figure de notre Mouvement. Disparu au combat dès le début de la « Grande guerre », il a laissé, à titre de « testament », un ouvrage de réflexion sur « La voie du chevalier », écrit sous le nom de Victor Morgan. Quelques documents évoquent sa mémoire.

 

La table des matières de « La voie du chevalier » :

édition en hommage à Nicolas Benoît

Voilier-École des E.E.D.F. de Vannes LE SINAGOT

LIEUTENANT DE VAISSEAU NICOLAS BENOÎT

Groupe Nicolas Benoît de Rouen, Éclaireuses et Éclaireurs de France

VICTOR MORGAN (Lieutenant de Vaisseau Nicolas BENOÎT)

LA VOIE DU CHEVALIER

ÉDUCATION PERSONNELLE EXPÉRIMENTALE

(Édition interne)

TABLE DES MATIÈRES :

INTRODUCTION

APPEL

Leçon I. – Aspiration

Leçon II. – Le Surhomme

Leçon III. – Le Pouvoir de la Foi

Leçon IV. – Individualité

Leçon V. – Le pouvoir du désir

Leçon VI. – Les grandes lois de l’Univers

Leçon VII. – Mémoire et imagination

Leçon VIII. – Volonté, Attention, Concentration

Leçon IX. – Forces psychiques

Leçon X. – Action

Leçon XI. – Loi de karma, Évolution, Réincarnation

Leçon XII. – Le Mariage

Leçon XIII. – Signification des Évangiles

Leçon XIV. – L’Absolu, le Silence, la Prière

Leçon XV. – Mission du Chevalier moderne

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Quelques extraits :

APPEL

Frère, es-tu de ceux qui ont soif d’Idéal, soif de le voir régner sur terre et gouverner les actions des hommes ?

Es-tu de ceux qui, las de la médiocrité ambiante, aspirent à quelque chose de mieux ?

Veux-tu connaître le chemin qui conduit à la perfection personnelle et, par suite, au bonheur. Il existe : veux-tu le suivre ? Veux-tu devenir un chevalier moderne et, par tes actions et tes vertus, préparer la grandeur de ton pays et de ta race ! Veux-tu devenir un homme parmi les hommes : une de ces grandes âmes vers lesquelles les foules affolées se tournent instinctivement aux heures de bataille et de crise, et qu’elles écoulent dévotement pendant les jours de paix féconde ?

Si oui ; si, même obscurément, tu aspires à un idéal de volonté invincible, de liberté morale, de vertu, d’héroïsme, d’enthousiasme, de pur et brûlant amour qui te donnera joies hautes et joies impérissables ; la route est longue : elle est dure parfois, mais elle existe, frayée et déblayée par de fortes âmes qui ont atteint le but.

Cette route, veux-tu la connaître ? Songe, scrute ton cœur et décide. Mais, sache que si tu désires sincèrement l’atteindre, tu trouveras toujours de fortes mains, prêtes à se tendre vers toi pour t’aider.

Leçon I

Le Bonheur par la maîtrise de soi – Énergies latentes endormies

Aspiration

Ce qui cause la tristesse de tant de nobles intelligences de notre âge, c’est l’abîme qu’elles sentent entre leurs idéals et leurs réalisations. Rêvant d’héroïsme, elles ne voient que lâcheté autour d’elles et, manquant d’occasions qui eussent permis l’expansion de leur force d’âme, aux jours d’épreuve elles se trouvent dans leurs actions aussi médiocres que ceux qui ne sont point hantés par ce noble souci. Ambitieuses, elles ne trouvent qu’obstacles autour d’elles ; rêvant d’amour sublime, elles n’aperçoivent qu’égoïsme ; ivres de liberté, d’expansion et de sincérité, elles ne sont entourées que de chaînes, de conventions asservissantes, de préjugés enracinés en elles ou chez les autres. Après avoir espéré les bonheurs suprêmes dans leurs années brillantes de jeunesse, elles se courbent sous ce qui leur semble une fatalité de la nature et traînent ainsi une existence sans joies véritables (lui n’est supportable que parce que la voix de l’âme s’est tue, étouffée par les clameurs bruyantes de la chair si satisfaire, ses besoins du moment à apaiser.

Mais, est-ce vivre cela ? Non frère, mon ami; vous pensez, quand vous avez le temps de vous recueillir, vous pensez au fond de vous-même, que cela n’est pas vivre. Mais, vous croyant lié à une fatalité inexorable, vous faites de votre résignation une vertu. Et, si le feu de l’idéal est trop ardent pour s’éteindre en vous, vous reportez vos espoirs vers une époque indéterminée, mais lointaine; et, vaguement, vous espérez qu’un changement dans le monde se fera un jour, qui permettra enfin de respirer un air plus pur et plus vivant; vous donnera l’occasion de vivre et d’agir.

La parole que je vous apporte aujourd’hui, que je désire vous communiquer, avec toute ma ferveur, avec toute ma sincérité, est une parole de foi profonde.

Oui, ces espoirs, ces vagues désirs, cette faim d’une vie plus haute ne sont pas des chimères que vous devez repousser. Ce sont des prophéties d’une réalisations certaine, si vous voulez savoir. Cherchez avec intelligence, soyez brave, soyez hardi et, pardessus tout, soyez sincère avec vous-même et vous pourrez matérialiser ces espoirs dans votre vie ici-bas.

Le bonheur !

Voilà le cri, voilà l’aspiration de toutes les âmes sur terre, petites ou grandes.

Mais ce terme bonheur n’a pas de signification précise. Il veut dire simplement : accomplissement de nos plus hautes aspirations.

Pour l’être peu développé, le bonheur semble résider dans la satisfaction des désirs et besoins tout matériels. Pour un homme plus avancé, ce sera peut-être le sacrifice de joies inférieures, en vue d’atteindre des satisfactions plus hautes.

Mais le bonheur qui ne périt pas, celui qui n’est accessible qu’aux âmes déjà supérieures, ne s’obtient pas par l’acquisition de telle ou telle chose.

Ce bonheur, que seules les grandes âmes peuvent connaître, s’appelle  » maîtrise « . Il est en nous comme le royaume des cieux. Vous commencerez à percevoir son existence et sa beauté, quand vous serez devenu votre propre maître; quand vous serez devenu une force consciente dans l’univers, comprenant – au moins en une petite mesure – l’ordre sublime qui le gouverne, et concourant à l’action de cette loi souveraine, comme si d’elle vous faisiez partie.

C’est donc la route de la maîtrise de vous-même que je vais vous montrer… Conquérez votre propre royaume comme le roi de France fit la conquête du sien, province par province. Apprenez à rester ferme, immobile, vous-même, au milieu des circonstances extérieures : ferme comme un roc, au milieu de la tempête. Alors, dans le calme que vous aurez acquis, une lumière chaque jour plus abondante vous éclairera. Vous verrez la route à suivre. Vous saurez comment agir et vous reconnaîtrez que la conquête de votre royaume intérieur vous a rendu capable de commander sur la partie du monde extérieur où vous évoluez en ce moment.

–  » Devenir maître de moi-même, est-ce possible ?  » – Oui, mille fois oui, sans hésitation, je le proclame. « 

–  » Développer assez d’énergie, de talent, de courage pour être ce que je veux être, n’est-ce pas une chimère ? – Si je suis mal doué par la nature, si mon éducation n’a pas favorisé le développement des qualités viriles, n’est-ce pas une folie d’espérer et de me leurrer de mensonges décevants ? « 

Ami, mon ami, gravement, profondément, je te dis : Désires-tu atteindre ? Si oui, tu le peux, à condition de m’écouter jusqu’au bout.

Ne t’inquiète pas des influences héréditaires. Ne crois pas qu’elles puissent t’arrêter. Non, mille fois non. Ton hérédité remonte jusqu’au premier homme. En toi sont les mêmes possibilités qu’en un Napoléon, un Victor Hugo, un Alexandre le Grand. Les forces, les aptitudes, les énergies latentes de toute la race, depuis des milliers et des milliers d’années, dorment en toi. La baguette magique d’un maître peut les éveiller, ces puissances endormies. C’est toi le maître, ô disciple, et la baguette, je vais, par ces leçons, la placer dans tes mains.

Leçon II

Prenez un modèle – Traits principaux du Surhomme – Il aime passionnément et peut châtier sans haine – Cet idéal est accessible à beaucoup.

Le Surhomme

Avant de vous mettre en route, ami, il voua faut regarder le but. Avant de poursuivre la maîtrise, il faut avoir une vision, même imparfaite, des qualités d’un maître. Avant de partir à la conquête du Saint Graal, il faut avoir entrevu son temple, fût-ce seulement à la lueur d’un éclair. Les grands hommes, de toutes les époques, se sont formés par la contemplation passionnée d’un modèle. L’exemple d’Alexandre hanta César. Quant à Napoléon, il communia avec tous les héros de tous les temps. Et la plupart des saints, sans en excepter la vierge de France, s’exaltèrent à la douloureuse vision du Calvaire. Ce modèle, cet idéal, chaque être humain qui aspire à être un maître, doit le rechercher par lui-même. Mais afin de vous orienter, sans retard, dans la voie nouvelle, je vais analyser quelques-uns des traits ou qualités qui font le grand homme. Sur cette ébauche, vous pourrez construire votre image afin de la faire vôtre, de la chérir et, guidé par elle, marcher sans défaillance.

Le Surhomme Ce chevalier moderne c’est le pion – surhomme nier de la race nouvelle que la nature, depuisdes siècles, s’évertue à façonner. Les premières ébauches se sont appelées Achille, Annibal,Alexandre, César. Depuis deux mille ans des ferments nouveaux ont pénétré la race et nousavons eu un Napoléon. Mais de plus grandes choses nous attendent, pressenties, prophétiséespar le poète, quand il a créé les types surhumains de Lohengrin et de Parsifal : types déjà presqueincarnés, il y a quatre siècles, dans la Vierge guerrière Jeanne d’Arc.

Cet homme supérieur qui doit conduire la race à de nouvelles et sublimes destinées existe déjà là sur la terre. Le coeur ardent et plein de foi sait le trouver, le reconnaître et Le chérir. Rencontrez-le et vous a saurez, sans l’ombre d’un doute, que c’est un fils de la lumière. Si vous aspirez à le connaître et à devenir tel que lui-même, de loin, son influence, silencieusement, sur vous peut agir et vous aider. Tel que lui, vous pouvez devenir. Comme lui, vous pouvez un jour être sacré chevalier et entrer dans la cohorte qui aide le monde à marcher vers son temple. Et c’est pour vous permettre de placer sur votre tête cette couronne des maîtres que ces leçons vous sont données.

Qu’est-il donc et comment agit-il ?

C’est une force au repos

Quand cet homme supérieur n’est pas absorbé par une pensée quelconque, la seule impression qu’il dégage est celle d’un calme souverain. Pas de paroles insignifiantes, ou sans but. Pas d’argumentations, pas de gestes ou mouvements inutiles. Force au repos, sûre d’elle-même qui ne se manifeste jamais sans besoin, parce qu’elle sait qu’à la première alerte, d’un bond elle se dressera, prête à fondre, comme l’éclair, sur le point où elle doit agir. C’est un lion couché qui, de son calme regard, contemple, pardessus la tête des humains, d’infinis horizons de flamme.

Parfois, dans ce silence majestueux, dans cette détente parfaite de tout son être, il semble s’isoler du monde environnant. Son regard s’illumine alors de sublimes lueurs. Il plane comme un aigle au-dessus des humains.

Il communique ses états d’âme

Même dans cette inaction, sa présence est bienfaisante. De ses mots simples ou indifférents s’échappe un rayonnement qui gagne son entourage. Son calme majestueux pénètre; une harmonie réconfortante plane alentour.

C’est un homme d’action

Mais, rares en vérité, sont les moments où vous pouvez le sur prendre en repos. Sa vie parmi les hommes s’appelle action. Il s’isole de tous les regards quand il sent le besoin de longues, fécondes périodes de détente où, seul avec lui-même, il peut communier avec l’Eternel Dieu.

Voyez-le dans ses actions. Observez chaque geste héroïque de ce surhomme, dans son long développement à travers les siècles de l’histoire et vous comprendrez mieux ce que vous devez faire pour devenir tel que lui. Vous saisirez mieux l’énigme de son âme et vous prendrez conscience de la source infinie qui alimente ses énergies.

Oui, c’est une énigme. Car, en lui, les sentiments de tout un monde semblent s’éveiller tour à tour et se manifester à volonté. En lui se fondent, se résument, se concentrent tous les instincts, tous les sentiments, toutes les joies toutes les puissances de la race. Mais si les notes diverses de ce concert infini se font entendre tour à tour, c’est toujours en harmonie parfaite et toujours à sa volonté

Vraiment cette volonté maîtresse est le trait dominant qui Le sacre grand homme. Individualité puissante : voilà Le premier terme par lequel on peut le qualifier; volonté invincible qui fait de lui un roi. Son  » Moi  » plane dans un calme olympien sur tous ses sentiments, sur toutes ses passions; les commande, les enflamme, les évoque ou les discipline. Il est devenu, par son propre effort, un dompteur de bêtes fauves. A cette étincelle pure et divine, à cette flamme spirituelle qui, en lui, toujours garde la maîtrise, obéit ce monde élémentaire qui, tour à tour, chante, rugit, pleure ou se réjouit. En lui, vit un monde où l’homme véritable, l’homme intérieur commande avec le sceptre donné, selon la Genèse, au premier homme. Tout son être est devenu un temple, un monde régénéré et purifié où le lion et les brebis paissent ensemble. Par cette volonté supérieure, il a peu à peu conquis son monde inférieur, mental et physique et le gouverne inflexiblement. Devenu maître de lui-même, il, a acquis le droit et le pouvoir, de commander le monde extérieur et de le plier à sa volonté.

Il transforme ses sentiments en actions

Pensez-vous que, dans un tel homme, où vous pressentez un âme si brûlante et si poétique, une volonté d’une telle maîtrise et impatiente de matérialiser les rêves du poète, pensez-vous que ses moindres actions puissent être en désaccord avec ses sentiments ? Cela est impossible. Sa voix, ses gestes, sa démarche, ses paroles, son regard doivent exprimer un peu du feu qui est en lui.

Sa voix.

Oui, sa voix manifeste tour à tour toutes les émotions qu’il veut manifester. Toujours elle s’adapte aux besoins du moment; douce, pénétrante, s’il veut apaiser et réconforter; fervente, enthousiaste s’il veut réveiller: grave, profonde, solennelle s’il veut impressionner; tonnante, s’il veut commander.

D’un calme imperturbable dans la tourmente, quand les autres hommes sont affolés et terrifiés, toujours c’est la voix d’un maître, dont chaque mot est un pouvoir.

Son regard

Quand tout en lui périrait, son regard resterait pour témoigner, affirmer sa noble origine.  » Ses yeux seuls et son regard fixe et perçant annonçaient le grand homme « , a-t-on dit de Napoléon après Arcole.

Son oeil est expressif, son regard est puissant. Il est éloquent et peut presque transmettre son vouloir, ses intentions et sa flamme à toute une foule.

Il est maître de son corps

Pourrait-il être maître de ses passions s’il ne savait commander aux muscles de son corps ? Par des exercices continuels et persévérants, il a assoupli chacun de ses membres. Sa voix, son regard, sa démarche, ses gestes pendant l’action sont toujours expressifs toujours puissants et toujours sincères. Le comédien n’exprime par ses gestes que des sentiments qu’il sent sans profondeur : le grand homme « agit » ce qu’il sent et sent cc qu’il « agit ».

Son atmosphère.

Tout son être émet une radiation invisible et puissante qui s’impose, même aux moins sensitifs. Quand il s’avance, avant qu’il ait prononcé une parole, chacun reconnaît un maître. On sent, avant qu’il ait agi, que c’est une volonté immuable et qu’il possède en ses propres forces une confiance sans limite. Et cependant, malgré cette confiance sans borne, il n’est point l’image de l’ange de l’orgueil. Etrange paradoxe, en apparence seulement. A cette confiance souveraine en ses propres forces, à cette certitude que sa volonté peut et doit obtenir ce qu’elle veut, se mêle un fatalisme, un abandon au destin qui semble une contradiction.  » Je m’étonne, dit Jules César, que l’on puisse craindre une mort que l’on ne peut commander et qui, tôt ou tard, doit nous visiter « . « Regardez ce ciel, dit un jour Napoléon à un de ses fidèles, vous n’y voyez rien. Moi, j’y vois mon étoile. Tant qu’elle luira, je serai invincible; qu’elle s’assombrisse et, malgré mes efforts et mon génie, un grain de sable suffira à provoquer ma chute « .

Ah ! en vérité, ces deux simples exemples donnent la clé du pouvoir du surhomme, expliquent le sentiment de confiance imperturbable que communique son atmosphère. Oui, les mots de Destin, d’Eternel et de Loi ne sont pas de vains mots pour lui. Il agit comme s’il obéissait à un ordre supérieur avec une volonté héroïque d’exécuter, coûte que coûte, cet ordre qu’il semble avoir juré d’exécuter. D’où lui vient cet ordre ? nul ne le sait. Mais ce qui est certain, c’est que lui sait ce qu’il doit faire et comment il doit le faire.

A l’éloge, au blâme, il est indifférent. Que lui importe ! Il sait bien qu’il accomplira les actions qu’il doit accomplir s’il reste loyalement fidèle à son général, son chef suprême. Mais ce chef suprême n’est pas un maître de la terre.

Oui, en vérité, les suffrages du monde n’émeuvent pas le coeur de ce chevalier – non qu’il affecte de mépriser les honneurs que le monde peut donner il a vaincu la vanité sous toutes ses formes et se gardera de faire étalage de son mépris des hochets -21 humains. Il sait pour quel but il est au milieu de ses frères; il est trop grand pour mépriser leur faiblesse, sachant que, de la même argile, il est sorti. Mais s’il accepte avec simplicité ce que les humains veulent lui donner, son coeur a soif de satisfactions plus hautes.

Comprenez-vous maintenant pourquoi il est un maître dans le monde ? Il n’est pas le jouet des humains; il comprend la loi qui les guide, il se confie à elle et, devenu une loi lui-même, il ne craint plus rien.

Comprenez-vous encore que de cette confiance que rien ne peut tarir est né l’héroïsme surhumain que vous le voyez manifester. Il a compris le mystère de la mort et de la vie. La mort pour lui, n’a plus de terreur et pour accomplir les actions que lui commandera son destin, il sait qu’il est capable de jeter sa vie dans le plateau de la balance, comme Bonaparte à Arcole et à Lodi.

Puissance émotionnelle

En lui, le coeur est puissant, tout puissant. Il aime ardemment il aime plus chaque jour. En lui brûle la flamme de l’enthousiasme, la flamme de l’espoir, la flamme de la foi. Il aime le ciel, la terre, la mer, et le vent et le soleil; le monde dans toute sa vie changeante, tour à tour dramatique ou joyeuse. Il aime passionnément la tâche à laquelle il s’est voué, quelle qu’elle soit; ou une mère, ou une amante, ou la race qu’il doit créer, ou la patrie d’où il sort et qui palpite, souffre, aime, se réjouit en lui.

Il aime, il comprend et, comprenant, il est juste pour les hommes. Ayant lu au fond de son propre coeur et reconnu que souvent le mal n’est qu’ignorance, un profond sentiment de pitié s’est éveillé en lui. Et quand il faut agir, châtier, punir, son coeur n’a plus de haine.

Ses facultés intellectuelles

Ses facultés mentales sont puissantes. Elles ont surtout le pouvoir de juger sainement le rapport des choses. Commandées par sa volonté, elles peuvent se concentrer sur un sujet quelconque et en extraire toutes les richesses.

Mais, si puissant que soit son intellect, n’oublions pas que c’est le caractère qui domine chez le grand homme. Cette volonté en action, cette confiance sereine est, avant tout, d’origine émotionnelle. Le cerveau du grand homme n’est que l’oeil pour voir. Ce qui le rend vraiment grand c’est sa puissance émotionnelle et le pouvoir d’agir : le pouvoir d’unir en lui l’idéaliste et l’homme d’action.

Mais en vérité, il faut ici nous arrêter. Plus de précision dans cette peinture assignerait des limites au pouvoir du héros. Et nous savons qu’il se manifeste et manifestera sous des formes multiples. Mais qu’il soit artiste, dramaturge, homme d’État chef d’Eglise, capitaine d’industrie ou guerrier, en lui, avec des aptitudes variées, selon la voie suivie, nous trouverons toujours les qualités fondamentales, exposées déjà :

– une âme forte qui perçoit son destin et y marche sans crainte avec une joie héroïque, un amour tout puissant au coeur.

– une volonté de maître qui commande à toutes ses énergies intérieures, comme un général à son armée.

– un sentiment de confiance en soi sans soupçon de présomption ou de crainte personnelle : force intime et toute puissante qui l’élève au-dessus des mortels, lui inspire de nouvelles ressources, alors que tout le monde désespère; surexcite ses efforts, alors que tout semble perdu et lui commande parfois le sacrifice de sa vie.

Cet idéal est-il trop haut ?

Est-il possible de l’atteindre ?

Oui, si vous le désirez; oui, si vous le voulez vraiment. Il fut atteint de loin en loin, dans l’histoire. Mais notre époque est celle de la Rédemption. Aujourd’hui môme, nombreux sont ceux qui approchent de cette maîtrise.

A leur troupe voulez-vous vous joindre, ô chevalier des temps nouveaux ?

Certes, oui certes ! il faut vouloir, il faut désirer, il faut mériter. Tant de joie attend celui qui triomphe.

Voilà donc ton Idéal, ô mon frère. Embellis-le, chéris-le, fais-le tien et, chaque jour, contemple-le,

Puis dans les jours de crise, quand tu doutes, quand tu désespères, quand tu trembles, évoque-le, appelle-le.

Il répondra à ton appel. Tu le sentiras, près de toi, comme l’âme du général planant sur le champ de bataille. Et au milieu du fracas de l’action, tu entendras sa voix te dire : « Homme de peu de foi pourquoi crains-tu ? « 

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Une « marche des Éclaireurs de France », parue en janvier 1913, donc de son vivant, lui est dédiée :

Elle est imprimée sur un tissu de soie, très fragile.

(Document transmis par Nicolas Schmitt, responsable EEDF À Nice).

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Peu de temps après la guerre, Laval et Taupin, également auteurs du « chant fédéral » des E.D.F., « Toujours tout droit », écrivent un chant à la mémoire de Nicolas Benoit :