La présentation de la F.F.E. ne serait pas complète si nous n’évoquions pas le domaine des Courmettes qui, sans être un « investissement » au sens qu’ont donné à ce terme les E.D.F., apparaît comme un « haut-lieu » de la Fédération pendant plusieurs décennies. Sur ce sujet encore, c’est à la personnalité de Marguerite Walther qu’il faut faire allusion ; un chapitre est d’ailleurs consacré au domaine dans la plaquette éditée à sa mémoire.
Il semble, en effet, possible de lui attribuer la découverte du site, et, par la suite, une volonté permanente d’en assurer l’animation… et l’entretien, qui n’était pas toujours facile. Même si la section Neutre n’est pas uniquement concernée, elle a contribué à la vie du site dans le cadre général, et les EEDF ont assuré une partie du relais après 1964.
Un « haut lieu » de la Fédération Française des Éclaireuses
Résumons la présentation que donne la plaquette :
« Il y avait une colline provençale, le domaine des Courmettes.
Il y avait, travaillant en France, une femme de grand cœur douée de beaucoup d’intelligence et de volonté.
Or, en 1937, il advint par une rencontre providentielle que l’ancien sanatorium des Courmettes fut proposé à la Fédération Française des Éclaireuses dont M. Walther était alors commissaire nationale.
Celle-ci fut immédiatement tentée et partit voir le domaine, accompagnée de quelques amies éclaireuses. Par une belle journée de mai, le petit groupe monte pour la première fois le rude chemin muletier qui conduit en une heure et demie de Tourrettes sur Loup à la maison.
Émotion, joie de la découverte !
Après la longue montée, voici le débouché en pleine lumière et le vent du plateau qui frappe à la figure. Les yeux émerveillés découvrent l’immense étendue, les chaumes coupés de pierres, de lavandes, d’arbres, de genêts, le dessin des collines lointaines, les découpures de la côte, les îles, la mer… D’emblée, Marguerite Walther est conquise… »
S’ensuivent une série de projets et de réalisations, dans des domaines divers : exploitation agricole, équipes de travail pour « vivre un scoutisme authentique et éminemment formateur », amélioration des locaux, camps, accueil de pensionnaires, colonies de vacances. Il s’agit de remettre en état l’ensemble, de le rentabiliser pour qu’il puisse jouer son rôle d’accueil. Au cours des années suivantes, la F.F.E. sera organisatrice de nombreux séjours et camps-écoles, mais recevra également des groupes de diverses provenances : lycéennes, adolescentes envoyées par des Comités d’entreprise, pensionnaires individuelles, éclaireuses étrangères de passage… Il est amusant de constater que plusieurs témoignages précisent « mais nous on couchait sous la tente », ce qui semble indiquer que les camps ne bénéficiaient pas de la totalité du confort des installations…
Le domaine appartient à l’association protestante « Amiral de Coligny », (dénommée jusqu’en 1950 « œuvre du sanatorium d’héliothérapie Amiral de Coligny ») qui l’a créé pour aider à l’amélioration de la santé d’enfants ; il a, dans ses débuts, abrité un sanatorium et un préventorium. Le premier accord avec la F.F.E., signé en 1939 après la « découverte » des lieux par Marguerite Walther, est reconduit dix ans après à l’unanimité par l’Assemblée Générale de l’association et définit, d’ailleurs d’une manière relativement floue, les relations entre les deux parties :
« L’association, représentée par son Conseil d’administration, a la responsabilité entière des Courmettes. Elle assure à la F.F.E. la priorité d’utilisation des Courmettes et l’intéresse par tous les moyens possibles à ses activités et à ses projets d’avenir.
La voix de la F.F.E. se fait entendre par ses représentantes au Conseil d’administration. Celles-ci mettent le conseil au courant des préoccupations éducatives actuelles du Mouvement et s’efforcent de fournir aux activités des Courmettes le personnel d’encadrement nécessaire. Une réunion du Conseil d’administration établit en octobre les projets pour l’année suivante. Les représentantes de la F.F.E. y expriment les désirs de la F.F.E. et le Conseil examine les possibilités de réalisation. »
À noter que la mise en œuvre de cet accord n’est pas toujours facile : en 1946, un document interne à la F.F.E. met en évidence des problèmes de relation entre le domaine et la Fédération, exposés par A. Lafuente, Commissaire générale, suite à une discussion avec Mme H. Léo qui « conteste l’autorité de la F.F.E. en ce qui concerne le choix de celui ou celle qui dirigera le domaine, poste qui, d’après elle, dépend uniquement du Conseil d’administration ». Ce qui conduit A. Lafuente à poser quelques questions de fond au Comité National de la F.F.E. :
« – Faut-il garder la jouissance des Courmettes ou y renoncer ?
– Êtes-vous d’avis de renouveler notre confiance à H. Léo dans certaines conditions à fixer par vous, pour un temps déterminé ?
– Envisagez-vous d’autres solutions ?
– Faut-il que j’accepte la présidence du nouveau Conseil d’administration ? »
Le problème semble avoir été résolu pour les années suivantes.
Les documents retrouvés mettent en évidence une totale superposition des deux organismes : le « rapport moral » présenté lors des A.G. de l’association est, de toute évidence, le rapport d’activité de la F.F.E. pour le site. Il met en évidence les séjours et accueils organisés au cours de l’année écoulée, les résultats financiers… et les problèmes à traiter, dont, d’une manière très répétitive, celui de l’amélioration du chemin d’accès… Le domaine souffre évidemment de la nécessité d’entretenir et d’améliorer des bâtiments qui, pour des raisons climatiques, ne peuvent être utilisés que quelques mois dans l’année.