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1973 : une tentative de sauvetage de Cappy par les E.E.D.F. et les E.U. une dernière fois réunis

Après la deuxième guerre mondiale, il a fallu se rendre à l’évidence : Cappy avait souffert de ces années noires. Le château, surtout, était dans un triste état. Il aurait fallu beaucoup d’argent pour le remettre en état. Pendant un certain nombre d’années, le site a été utilisé pour des sorties, des week-ends et des activités diverses, mais le château posait problème et, si l’on en juge par l’évolution des contraintes administratives, il ne pouvait pas être mis en mesure d’accueillir des séjours dans de bonnes conditions de sécurité. Par contre, il est bien évident qu’une propriété de ce type, proche de la région parisienne mais également du Nord Pas-de-Calais, pauvre en lieux de nature, présentait un réel intérêt pour nos deux associations.


 

C’est alors que, dans les années 70, la question a été posée aux dirigeants des E.U. et des E.E.D.F., de savoir ce qu’on pouvait bien en faire. Une petite équipe mixte EU-EEDF a été mise en place pour étudier le problème, sous l’impulsion, en particulier, de Georges Auberlet et Pierre Morley pour les E.U.. A la demande de Pierre François, j’y ai représenté les E.E.D.F. avec André Poussière. Nous avons œuvre ensemble, sans difficulté, pendant plusieurs mois, dans deux directions :

– d’une part, relancer l’intérêt de membres de nos Mouvements pour cet investissement en redonnant vie à l’association qui, finalement, était propriétaire des lieux,

– d’autre part, chercher un partenaire pour nous aider à financer les travaux nécessaires à une remise en état du château, lieu d’accueil polyvalent mettant à la disposition des unités et des stages de formation le reste du domaine.

Je fus chargé de l’aspect juridique du dossier, les E.U. se chargeant de la recherche d’un partenaire financier.

Le problème juridique n’était pas évident car l’association propriétaire, dénommée, si je m’en souviens bien, « Association du camp-école de Cappy », n’ayant pas tenu ses instances statutaires depuis de longues années, il y avait un risque de ne pas pouvoir la relancer. Heureusement, nous avons retrouvé quelques anciens membres de l’association d’origine qui ont accepté de parrainer la convocation d’une assemblée générale pour élire un conseil d’administration et rédiger de nouveaux statuts. Tâche à laquelle je me suis attelé, sans grand mérite, car j’ai tout simplement recopié les statuts-types des associations d’éducation populaire. Une discussion s’est ouverte, qui a duré quelques heures, sur la nouvelle dénomination de l’association. j’ai emporté le morceau en proposant le nom d’« Association de Cappy » qui me paraissait le plus simple…

L’aboutissement de cette relance d’une nouvelle structure a été, au printemps 73, un week-end sur place, avec groupes de traavil, exposiiton de documents, veillée animée par Alain Morley, aujourd’hui président des Tisons (Pierre Dac, ancien E.U., y avait fait un numéro) et, bien entendu, repas sympathique.

En ce qui concerne la recherche du partenaire financier, nous avons failli aboutir. Un ancien E.U., responsable du secteur formation d’une association patronale, l’U.I.M.M., avait conçu un projet de réhabilitation de l’ensemble qui aurait pu devenir un centre de formation pour l’U.I.M.M. pendant les jours ouvrables, et aménager les alentours pour les activités de nos associations. Malheureusement, il n’a pas été suivi par ses instances dirigeantes et il n’a pas été possible d’aller plus loin.

Cet échec a ouvert une période transitoire : les deux associations propriétaires n’ayant pas les moyens de réaliser les travaux nécessaires (ou, plus exactement, ne les situant pas dans leurs priorités), ont envisagé la vente de la propriété.

Les EEDF se sont portés acquéreurs de la part des E.U. J’ai soutenu cette option car il me semblait intéressant de conserver, dans cette région défavorisée du point de vue des espaces naturels, un domaine de cette richesse. j’ai d’ailleurs, d’autre part, regretté que se perde en même temps un lieu de coopération avec les E.U. La région du Nord des EEDF et, à un moindre titre, la région de Paris, l’ont utilisé quelque temps en l’état mais il est apparu très vite que la seule issue de cette situation était la vente.

S’il est exact que Bécours a remarquablement pris le relais, on peut toujours penser qu’il est dommage d’avoir perdu ce bien tout aussi historique qu’efficace et remarquablement situé. Mais il est inutile d’épiloguer.

Cappy, comme la Mouff ou le 66 Chaussée d’Antin, fait partie de notre mémoire collective et a sa place dans l’histoire de nos Mouvements !

 

(Article signé Yvon Bastide, paru dans le « Trait d’Union », organe de l’association d’anciens EDF / FFE/ EEDF, en mai 2002)

Quelques compléments :

 

– les démarches ont été menées par Georges Schaff, ancien E.U., en relation avec Pierre Morley ; un protocole d’accord a effectivement été signé entre l’AFORP, association de formation dépendant de l’U.I.M.M., et l’association de Cappy alors présidée par Jeanne Déjean ; élaboré sur notre proposition et après… quelques réunions de travail, il entrait dans le détail des modalités de collaboration entre l’AFORP d’une part, qui devait installer à Cappy un centre d’accueil de jeunes apprentis, et les associations de scoutisme, d’autre part ;

ce document, transmis par G. Schaff, a été signé par le président de l’AFORP mais l’U.I.M.M. en a refusé le principe :


– une étude des travaux nécessaires à la mise en place de cet accord a été réalisée par un cabinet d’architectes chois par l’AFORP, qui avait élaboré un cahier des charges et un devis dont le montant était de 231150 F en cas de rénovation du château seul, et de 252780 F dans le cas de sa démolition avec remplacement par un « bâtiment simple, édifié en matériaux naturels, sans prétention ni ostentation, permettant une atmosphère jeune, confortable et particulièrement sympathique » ;


– après l’échec de cette tentative et le rachat de la part des E.U. par les E.E.D.F., l’association de Cappy a été, un temps, gérée par l’équipe E.E.D.F. de la région de Lille. Willy Longueville, dernier président de l’association, en a convoqué une dernière Assemblée générale le 23 septembre 1978 avec comme ordre du jour : « Propositions pour la vente de la propriété de Cappy ».

Une tentative précédente :

La parution de cet article dans le Trait d’Union a provoqué une réaction de la part d’Antonio Castro qui raconte une tentative précédente, tout aussi sans suite :

 » Dans les années 60, René Duphil Castoret avait demandé à Jean-Claude Ferrand si l’association « Vers la vie » pourrait trouver une utilisation à ce lieu de mémoire des E.D.F.

Jean-Claude Ferrand m’a demandé d’aller sur place et voir si, dans le cadre des besoins de l’ANREL (Association nationale réadaptation, éducation et loisirs) dont je m’occupais à l’époque, il serait possible d’utiliser ce « château ». De me faire une idée des frais éventuels à y engager.

Le bâtiment, d’un style discutable, était déjà en très mauvais état, escaliers effondrés, boiseries saccagées, fils électriques arrachés, etc… Les annexes, sanitaires, cuisine, aussi inutilisables en l’état.

On avait pensé pouvoir faire un accord EEDF- ANTREL. ANTREL deviendrait propriétaire pour une somme minime ou symbolique. En échange de quoi, EEDF et ANREL établiraient un programme d’utilisation mixte, ANREL prenant à sa charge la réfection des lieux et constructions annexes – mise aux normes des sanitaires, cuisine, construction d’ateliers, etc… pour en faire un lieu de formation digne de ce nom pour les deux associations. Sur place, j’ai contacté D.D.E. et architecte des bâtiments de France : pas question d’extension ou de constructions annexes car à moins de 500 mètres d’un site classé (chapelle). Ce veto mettait un point final au projet, la réfection intérieure du bâtiment, seule autorisée, était insuffisante pour le projet envisagé… »

Il est amusant de constater que l’étude du cabinet d’architecte évoquée plus haut, qui marquait une réelle préférence pour la reconstruction d’un bâtiment « sympathique », ne faisait aucune allusion aux contraintes d’environnement signalées par Tonio. Mais il est clair que, dans les deux cas, l’idée de base était de partager ce lieu en lui conservant sa vocation initiale. Par contre, le parcours en question ne tient pas compte du partage de fait, obligatoire, avec les E.U….