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2011 : Un ouvrage « historique »

 « Cent ans de laïcité dans le scoutisme et l’éducation populaire », l‘ouvrage du Centenaire. Nous en présentons un résumé.

 

 

 

 

 

 

Présentation résumée de l’ouvrage édité à l’occasion du centenaire de la création du scoutisme en France.

Articulation :

– scoutisme et laïcité : une incompatibilité ? pas en France !

– les conséquences « historiques » du choix laïque

– la réalité actuelle : les Éclaireuses & Éclaireurs de France (« les Éclés »)

– conclusion : vers un deuxième siècle de scoutisme laïque

Scoutisme et laïcité : une incompatibilité ? pas en France !

La question se pose effectivement :

– l’origine du scoutisme se situe en Grande-Bretagne avec une religion d’État,

– en France, premières expériences dans le réseau protestant des U.C.J.G. (Unions Chrétiennes de Jeunes Gens),

– la définition initiale du scoutisme prévoit le « devoir envers Dieu » et est confirmée par le « mémoguide du Scoutisme Français » édité par l’Institut National de la Jeunesse et de l’Éducation Populaire en 2000.

Mais, en France, pour les garçons,

– dès le début (1911), quelques années après la loi de Séparation, affirmation d’une réelle différence : le « Livre de l’Éclaireur », paru début 1912, supprime la référence religieuse systématique dans l’engagement de l’éclaireur,

– deux fédérations seront créées en 1911 avec le choix affirmé d’une ouverture à tous sans référence religieuse ; en mai 1912, création des Éclaireurs Unionistes qui tiennent à « l’esprit évangélique »,

– et, surtout, pendant dix ans, opposition violente de la hiérarchie catholique  aux principes même du scoutisme : crainte d’une concurrence des protestants et des francs-maçons de la part d’une approche « laïcisatrice » (sauf une expérience sur le diocèse de Nice)

– la différence (par rapport à la Grande-Bretagne) se traduit aussi par la volonté de traduire les termes anglais « scout » et « guide » par « éclaireur » et « éclaireuse » ;

Le résultat : création de deux fédérations non confessionnelles

Pourquoi deux ? : incompatibilité entre deux personnalités et différence de conception du scoutisme :

– Pierre de Coubertin crée en octobre 1911, à la Sorbonne, « les Éclaireurs Français, boy-scouts de France »,

– Nicolas Benoît crée en décembre 1911 « les Éclaireurs de France, boy-scouts français »

Pour les filles,

une des premières unités, créée au foyer de la rue de Naples à Paris dans le cadre « Unioniste », affirme très vite le même choix d’ouverture à toutes sans obligation religieuse.

 

À partir de 1920, la hiérarchie catholique bascule son jugement et crée deux associations, les Scouts de France et les Guides de France (en conservant les termes anglais), avec pour conséquences :

– développement important du scoutisme catholique, religion majoritaire disposant d’une « clientèle captive » avec les jeunes préparant le catéchisme et les « premières communions »,

– recentrage des associations non confessionnelles sur les familles non ou moins pratiquantes,

– première définition de la laïcité comme ouverture à tous PLUS absence de référence religieuse (toutes les fédérations se disent « ouvertes à tous » mais leurs responsables sont liés à un choix religieux)

À noter : le rôle important du « catholicisme social » du Sillon de Marc Sangnier pour les responsables pratiquants qui choisissent la laïcité (et ne rejoignent pas les S.D.F. ou les E.U.) :

– Georges Bertier, directeur de l’École des Roches, président des Éclaireurs de France,

– André Lefèvre, animateur de la « Maison pour Tous » rue Mouffetard, responsable national,

Dans le même esprit, Georges Gallienne, vice-président des E.D.F., pasteur, ne choisit pas l’association protestante des Éclaireurs Unionistes créée en 1912.

Pour les Éclaireurs Français, affirmation du refus de rejoindre le « bureau de Londres », ce qui aura pour conséquences de limiter leur développement, sauf en Algérie.

Pour les Éclaireuses, création en 1921 de la Fédération Française des Éclaireuses articulée en « sections » dont,  sur exigence  du foyer de Naples et de la Maison pour Tous de la rue Mouffetard, une section « Neutre ».

La F.F.E. aura toujours une forte préoccupation de « spiritualité » pour  toutes ses sections, y compris la section « Neutre ».

Pour les Éclaireurs de France, le terme de laïcité apparaît dans les années 30 et est confirmé dans les statuts de l’association en 1947 :

« L’association des Éclaireurs de France,  laïque comme l’école publique, est ouverte à tous sans distinction d’origine, de race ou de croyance. (…)

L’association a pour objectif final de préparer des citoyens conscients des problèmes sociaux et soucieux de les résoudre. Elle ne sépare pas ce devoir civique de la lutte pour libérer l’homme de tout asservissement »

Le Mouvement subit alors des attaques des « Vaillants » (ouvrage : « la duperie du scoutisme ») et affirme : la laïcité n’est pas neutralité ni neutralisation par endoctrinement religieux ou politique.

Cette conception de la laïcité est confirmée à nouveau, avec affirmation du refus de tout « intégrisme », par l’Assemblée Générale de 1961 à l’occasion du cinquantenaire de l’association :

« La laïcité est un caractère essentiel du Mouvement. (….). Notre laïcité contient le refus de toute pression sur l’individu. Elle refuse le caractère « missionnaire » de certaines idéologies politiques ou religieuses, car ce caractère comporte une obligation. Elle n’est nullement une atteinte à la religion : ce que nous combattons, ce ne sont ni les personnes ni leur foi, mais leur sectarisme… (…) L’obligation d’accepter une pensée toute faite est, dans notre esprit, la pire forme d’asservissement. »

Aujourd’hui, pour les Éclaireuses et Éclaireurs de France, la « règle d’or » évoque la laïcité pour tous les jeunes : « Nos copains sont tous différents et nous les respectons quels que soient leur origine, leur religion, leur handicap : nous vivons la laïcité »

Les conséquences du choix laïque :

• rapprochement de l’Éducation Nationale et forte implication dans l’éducation populaire,

• des choix collectifs et personnels de Résistance pendant la guerre 1939-1945,

• liberté de réflexion « pédagogique », à partir de l’expérience de « terrain », entraînant des ennuis avec le scoutisme mondial mais aussi un rôle international

Un rapprochement avec l’Éducation Nationale :

– au niveau national : à partir des années 30, les présidents des E.D.F. sont des universitaires : Albert Châtelet, Gustave Monod, Louis François ;

– au niveau local ou régional, de nombreux responsables ou formateurs sont enseignants.

Une forte implication dans l’éducation populaire française :

– Léo Lagrange a été responsable E.D.F….

– dans les années 30, création des CEMEA – action d’André Lefèvre,

– après 1945, création des FRANCAS – action de Pierre François,

– adaptation du scoutisme aux « jeunes en danger moral » aboutissant à la création de l’ANEJI, association nationale d’éducateurs de Jeunes Inadaptés puis de l’AIEJI (internationale) – action d’Henri Joubrel,

– approfondissement de la réflexion sur l’adaptation du scoutisme aux handicapés – physiques, sensoriels, mentaux – sous la responsabilité de Mme Lévy-Danon,

– création de services vacances adaptés aux adolescents puis aux personnes en situation de handicap – action de René Tulpin, Claude Deru, Claire Mollet, Émile Gagnon,…

– participation au développement du chant choral pour les jeunes – action de William Lemit,

– participation à la création et à l’animation du Festival d’Avignon – rôle de Paul Puaux,

pour mémoire, création des Conseils municipaux de jeunes (J.P. Maillard) et des « classes vertes »

Des choix collectifs et individuels de Résistance pendant la guerre 1939-1945 :

– la hiérarchie des Scouts de France adopte les conceptions de l’État Français, ce qui rend difficiles les initiatives non individuelles de Résistance,

– « double jeu » et nombreux exemples d’engagement chez les E.D.F. ou à la F.F.E. : Pierre Déjean, Raymond Aubrac,  Jean Estève, Louis François, Lucien Fayman, Maria Baccalerie, plusieurs clans au maquis,…

– contacts avec le Gouvernement d’Alger (rapport Fraval) : Pierre François, André Basdevant…

– voir ouvrages « Éclaireuses pendant la guerre » et « Une jeunesse engagée »

Une grande liberté de réflexion « pédagogique » à partir de l’expérience de « terrain » et sans dépendance d’une doctrine ou de préjugés – en particulier,

– introduction de la démocratie dans le fonctionnement de l’ensemble du Mouvement : des « sociétés de jeunes »,

– introduction de la « coéducation » des filles et des garçons et de l’information sexuelle, aboutissant à la création du « Mouvement commun » en 1964.

L’évolution du Mouvement est à l’origine d’une crise grave avec Georges Bertier dans les années 50.

… avec pour conséquences des ennuis avec le scoutisme « mondial » :

– « pas de propagande anti-religieuse »

– « le scoutisme est pour les garçons, le guidisme pour les filles »

… mais également un rôle international :

– participation à la décolonisation par la création d’associations nationales, puis des activités communes,

– coordination des associations non confessionnelles ou « pluralistes ».

Les Éclaireuses & Éclaireurs de France aujourd’hui :

Une période de crise après mai 68

– pour le Mouvement : remise en cause des fondamentaux, consultation des membres, révision des définitions,

– mais également pour les autres : Antirouille chez les E.U., la Trivalle chez les Scouts et les Guides,

– provoquant des dissidences, surtout dans le scoutisme catholique : la Fédération du Scoutisme Européen donne sa propre définition du scoutisme (rejetant tout principe de « laïcité » ou de rencontres de valeurs).

Une période de reconstruction progressive à travers :

– une réflexion sur les valeurs, les méthodes et les moyens,

– des rencontres « citoyennes »,

– la création d’un « haut lieu », le hameau de Bécours dans l’Aveyron.

Une nouvelle affirmation de la laïcité :

– au niveau des Assemblées Générales (statuts),

– au niveau des activités (modalités du « passage à l’acte » sur le terrain)

– avec un suivi attentif : l’observatoire.

Conclusion :

Le scoutisme est une méthode éducative qui apporte des idées et des principes  pour l’animation des jeunes et la formation de la personnalité. Il n’est la propriété de personne et, comme toutes les méthodes d’éducation, il doit être en situation permanente d’évolution en fonction de celle de la société,

Notre scoutisme laïque est une réalité depuis cent ans. Il a choisi d’apporter sa contribution à la formation du citoyen à travers ses valeurs, ses méthodes et ses actions. Il est fidèle à la pensée du Fondateur par son caractère affirmé d’ouverture à tous pour « vivre ensemble ».

Notre Mouvement est prêt pour… UN DEUXIÈME SIÈCLE DE SCOUTISME LAÏQUE

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