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1940 : Une présentation de membres de l’équipe nationale EDF

 sur le site AJPN.org, « Anonymes, justes et persécutés pendant la période nazie dans les communes de France »

 

Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France
Tél. 09 51 89 44 87  – mail : ajpn@ajpn.org

 

René Duphil

dit Castoret

 

Dossier Yad Vashem : 11878
Remise de la médaille de Juste : 31/05/2011
Sauvetage : Vichy 03200 – Allier

   

 

 

 

 

 


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Notice

René Duphil entre aux « Éclaireurs Gascons » à Auch en 1919 et y franchira tous les « échelons » d’animation et de gestion jusque dans les années 1970.

Mobilisé en 1939 et fait prisonnier en 1940, Pierre François parvient à s’évader et rejoint Vichy où son épouse est propriétaire d’un hôtel, le Pavillon Sévigné, qui a été réquisitionné pour y abriter les services… du chef de l’État. Pierre François s’arrange alors pour héberger les bureaux des E.D.F. (Éclaireurs de France) repliés de Paris, où ils sont interdits, dans une annexe du Pavillon Sévigné au 11 bis de la rue de la Tour. Et il en prend la direction comme Commissaire Général ; en 1940, il participe efficacement, aux côtés du général Lafont, à la création de la Fédération du Scoutisme Français. Dans son équipe, il y a, entre autres, René Duphil, René Tulpin, les frères Sainderichin, « Baghé » Bouteille, Georgy Wetter, Abeille Leonardi, Mion Valoton, Eugène Arnaud. Ils forment, avec leurs familles, une très amicale communauté qui fait ainsi face aux difficultés et aux horreurs de l’époque. Ils abritent des juifs pourchassés. Élisabeth et Pierre François ainsi que Henriette et René Duphil accueillent, dans leur logement du Pavillon, des éclaireuses juives qui y vivent sous un faux nom :

En août 1940, Sylvain-André Dennery, financier à Paris, s’installe à Vichy, nouvelle capitale de l’État français, où se traitent désormais beaucoup d’affaires. Il obtient un permis de séjour pour son épouse, Madame Dennery, et leurs trois filles mais, du fait des lois antisémites, il ne peut plus exercer ouvertement son métier. Il gère son portefeuille par l’intermédiaire d’un prête-nom. Scolarisées, les filles Dennery sont également inscrites aux Éclaireurs de France, un mouvement scout laïque. Elles y font la connaissance des François, une famille protestante, dont le père, Pierre François, en est le responsable national. Son épouse, Élisabeth, est propriétaire, avec son frère Jean-François Risler, du pavillon Sévigné, une splendide demeure du XVII siècle.

André Basdevant, secrétaire général du Scoutisme Français, et Pierre François, Commissaire général des EDF (Éclaireurs de France), sont décorés de la Francisque, décoration officielle du régime remise par le maréchal Pétain aux commissaires généraux des associations masculines du Scoutisme Français. En mai 42, pour la fête de Jeanne d’Arc, c’est un Éclaireur israélite dont le mouvement a été officiellement interdit par Vichy qui dirige la garde d’honneur du Scoutisme Français pour le maréchal Pétain…

En octobre 1943, face à la menace croissante des rafles, les parents Dennery se cachent à la campagne.
Leurs filles trouvent un refuge sous de fausses identités grâce aux Éclaireurs de France, qui, derrière leur façade légale, mènent des actions de résistance. Annette, 13 ans, est confiée à la famille Duphil sous le nom de Jeannette Le Touzé. Françoise, 17 ans, s’occupera des enfants de la famille Basdevant (André Basdevant était secrétaire général du Scoutisme Français). Et Lise, 19 ans, devient officiellement officiellement la nurse des petits Risler… au pavillon Sévigné. « Un jour, le maréchal Pétain a demandé à Lise si les enfants avaient bien dormi! » raconte à L’Express Annette, 79 ans, qui rendait alors régulièrement visite à sa sœur. Elle-même verra, à plusieurs reprises, le chef du régime de Vichy défiler devant son groupe d’éclaireurs chargé de former la haie d’honneur. Les sœurs Dennery resteront cachées jusqu’à la Libération.

Au Pavillon Sévigné, l’équipe nationale des EDF se livre à une intense fabrication de fausses cartes de ravitaillement et d’identité et encouragent les jeunes qui rejoignent les maquis et la Résistance. Pierre Déjean, commissaire national pour la zone occupée, y est chargé de maintenir des activités clandestines ; membre d’un mouvement de Résistance, il est arrêté, torturé et déporté à Mauthausen dont il ne reviendra pas. Louis François, universitaire et frère de Pierre François, est également déporté, à Dora, dont il reviendra.

Le témoignage d’Annette hébergée par les Duphil, et de Lise hébergée par les François dans les communs du pavillon Sévigné qui abritait, par ailleurs, les services du chef de l’État, permettra d’honorer à titre posthume Élisabeth et Pierre François ainsi que Henriette et René Duphil de la médaille de Justes parmi les nations qui honore « les non-juifs ayant sauvé, sous l’occupation allemande, des juifs au péril de leur vie ».

Cette notice est réalisée avec le concours du Comité français pour Yad Vashem