Ce titre, emprunté à l’ouvrage « les Éclaireurs de France de 1911 à 1951 » de Pierre Kergomard et Pierre François, résume la période de l’immédiate après-guerre qui va entraîner des modifications importantes dans les orientations et les activités du scoutisme E.D.F.
Nous avons donné à cette rubrique, très arbitrairement, le nom de « premier quart de siècle », même si c’est 1936 qui marquera le 25ème anniversaire de notre scoutisme : les événements des années 20 vont en être le prélude.
Ces informations, résumant le chapitre II de cet ouvrage, semblent nécessaires à la compréhension de la suite, et, en particulier, de l’évolution du Mouvement dans les années qui vont suivre la première guerre mondiale
« C’est dans le numéro de L’Éclaireur de France de novembre 1918 que paraît, sous une forme un peu solennelle, la première revendication pour l’association des jeunes à la direction du Mouvement (…). La réaction des jeunes contre une certaine routine, trop largement représentée au Comité Directeur, s’affirme en 1919, en particulier dans L’Éclaireur de France :
Un « congrès-challenge va avoir lieu en 1919 : « Le camp, qui se veut camp-école, rassemble, à l’occasion du 15 août, dans une ferme des environs de Versailles, cent quatre-vingt responsables sous la direction du Commandant Royet et de Paul Charpentier (…) Les jeunes se regroupent en une sorte de congrès : ils y mettent en cause la direction du Mouvement et on y entend même parler de « vider le Comité Directeur ». (…)
Ce congrès semble ouvrir de nouveaux horizons pour certains jeunes responsables :
« Pour conclure, je veux vous annoncer que de nouveaux dévouements surgissent parmi ces jeunes qui se prennent à aimer notre œuvre. Une nouvelle !ère commence. En avant et confiance ! Voilà, en très gros, les idées émises à Versailles. Elles ont trouvé écho chez beaucoup d’entre vous. Tant mieux si elles provoquent des débats : l’heure est aux conceptions saines et combatives. Il faut croire et savoir pourquoi l’on croit. »
Le Commandant Royet n’est pas de cet avis et fait adopter un texte par le Comité Directeur :
Il faut peut-être rappeler ici que Royet est l’auteur du « Livre de l’Éclaireur » qui a défini, début 1912, les principales orientations et activités du scoutisme en devenir. C’est, « à la fois, un traité de morale, un traité de pédagogie active et une encyclopédie ». La traduction française de l’ouvrage de Baden-Powell, «Scouting for Boys », sous le titre « Éclaireurs », n’est intervenu qu’en 1916 et n’a été un peu diffusée qu’à partir de 1917, dans les dernières années de la guerre. Les contestations apparues à Versailles vont être à l’origine de profondes transformations et traduiront, comme l’indique à plusieurs reprises Pierre Kergomard, qui a vécu cette période aux côtés de quelques-uns de ceux qui l’ont animée, « la victoire du scoutisme authentique sur les déformations du début.
Remarque : Pierre Kergomard, qui nous a quittés en 1981, était persuadé que cette remise en cause du Mouvement par ses « jeunes » a été une excellente chose, ce qui lui a permis de comprendre la volonté permanente d’évolution qui a toujours caractérisé les E.D.F., et, en particulier, les « événements » de mai 68 et leur suite dans les années 70.