…le docteur Tosquelles et la psychiatrie institutionnelle :
Les informations ci-après ont été recueillies sur Wikipedia et divers sites Internet :
« En 1940, le psychiatre catalan François Tosquelles est invité puis accueilli à Saint-Alban. Militant au P.O.U.M. (mouvement trotskiste anti-stalinien), il a vécu les trois années de la société égalitaire et communautaire (de 1936 à 1939) qui, en Catalogne, remplaça la république du Front populaire. Participant à la guerre civile, il a fini par fuir devant les armées nationalistes du général Franco. Réfugié Espagnol, il vient de vivre la réclusion réservée aux « étrangers indésirables » dans le camp Français de « Septfonds », près de Montauban… (…)
La situation géographique bien spécifique de Saint-Alban, situé loin des grandes villes et isolé dans la montagne, va favoriser la rencontre de nombreux clandestins fuyant les régimes nazi ou franquiste, des intellectuels, médecins et hommes de lettres dont les poètes Paul Eluard et Tristan Tzara, le philosophe Georges Canguihem, au milieu des patients et du personnel… S’opère ainsi un riche brassage intellectuel qui a pour toile de fond l’humanisation des conditions d’hospitalisation des « aliénés« . (…) C’est dans cette ambiance très particulière que va s’instituer le dispositif psychiatrique voulu par Tosquelles.
En 1942, la « Société du Gévaudan » est créée par Paul Balvet, Lucien Bonnafé, André Chaurand et François Tosquelles : ils fondent les bases d’une pratique inédite de la psychiatrie dans laquelle « soins, recherche et formation » sont intégrés par une démarche collective. Ils mettent au point les lignes directrices de ce qui, bien plus tard, s’appellera la « psychothérapie institutionnelle« , thérapie collective originale qui se développera sous la double influence du marxisme et de la psychanalyse. Pendant ces années d’occupation, la « Société du Gévaudan » avait une mission beaucoup moins officielle: faire passer vers la France libre des ouvrages ou des passagers clandestins, qui profitaient par exemple des liaisons entre Jacques Lacan à Paris (zone occupée), et Horace Torrubia à Aurillac (zone libre). L’hôpital voit se redéfinir régulièrement et profondément les relations entre les malades, les soignants et le monde extérieur. S’expérimente sur l’ensemble de la commune la pratique d’une psychiatrie égalitaire et communautaire. (…)
Les trains de la S.N.C.F. sont réquisitionnés, les marchandises n’arrivent plus. Alors qu’il manque de chaussures pour les hospitalisés, Paul Balvet surprend un patient, très délirant et que nul n’aurait imaginé capable de cela, se confectionner des sandales avec le raphia de l’atelier occupationnel. Le directeur lui propose d’en fabriquer d’autres paires, mais dorénavant contre rémunération, ce que le patient accepte. Tous deux viennent de lancer les bases de ce qui deviendra progressivement l’ergothérapie, théorisée puis officialisée après la libération : le but n’est plus d’occuper les patients, mais bien de leur proposer un travail rémunérateur répondant à une demande réelle de la collectivité !
En 1947, mise en place d’une association loi 1901 conventionnée avec l’hôpital psychiatrique de St Alban : elle permet de se doter d’un cadre juridique pour intégrer le malade mental au sein des lois françaises. C’est dans cette optique qu’est créé le club « Paul Balvet« , offrant aux patients une organisation de type associatif (il deviendra en 1954 le « club des malades« ). Le club « Paul Balvet » est le prototype du « club thérapeutique » voulu par François Tosquelles, et qui sera définitivement rendu possible par la circulaire gouvernementale de février 1958. L’objectif immédiat du club thérapeutique est de pouvoir organiser la vie quotidienne d’un service en assumant la responsabilité des achats et des dépenses de chaque atelier : cafétéria, ateliers créatifs ou de production… etc. D’autres hôpitaux psychiatriques suivront, comme ceux d’Aix en Provence, Auch, Aurillac, Bonneval, Lannemezan, Leyme, Toulouse, Vauclaire, Ville-Evrard, Villejuif… etc.
En 1950, la technique psychiatrique de St Alban, qui vise à humaniser l’hôpital et à redonner leur humanité aux malades, se traduit par la création de structures internes, commissions, bureaux, activités d’animation, théâtre, ateliers d’activités…
À partir de juillet 1950 paraît le journal « Trait d’union« , porte-parole de l’intérieur dans lequel chacun, infirmier, médecin, membre de l’administration ou hospitalisé, peut écrire ce qu’il veut. Hebdomadaire puis bi-mensuel, rédigé, imprimé, façonné et vendu au sein de l’hôpital (il valait 1,10 francs en 1950), ce journal interne de libre expression paraîtra jusqu’en 1981. Contenant de 4 à 8 pages selon les livraisons, il propose témoignages, revendications individuelles, faits d’actualité… etc. Orienté vers les soins et les échanges institutionnels, c’est un outil thérapeutique dans le sens de St Alban, apte à soigner l’institution autant que les malades ».
C’est dans ce contexte de recherche pour une « humanisation » de l’hospitalisation que se situe la participation des instituteurs du Villaret au stage Extension, et notre apport E.D.F.