Le groupe de Montpellier n’est pas le seul mais, dans la période de l’immédiat après-guerre, la plupart des autres « sections » de la région ne survivent pas. Apparemment, la mutation qu’il a subie sans dommage pose des problèmes et conduit, après quelques années, à une renaissance qui est, en même temps, un changement de forme. Toujours d’après le mémoire de Nelly Pagès :
« Il faut attendre 1925 pour que de nouveaux articles concernant les groupes de la région apparaissent dans les revues. Avant cela, ils ont une existence plus ou moins reconnue. Les comptes rendus à partir de 1925 montrent que leurs activités dépendant souvent de la section de Montpellier qui organise et encadre des camps régionaux. (…)
Le groupe de Béziers, qui a pour nom « la tribu des Ceps Dorés », compte à la fin de 1925 une seule patrouille. Il a perdu la moitié de ses éclaireurs puisque le Journal des Éclaireurs de février 1925 en recensait 15. E, 1926, l’effectif de ce groupe reste très réduit mais il est prévu d’entreprendre « dans les écoles une campagne de propagande dont on attend les plus heureux résultats ». Malgré le faible nombre de garçons, le groupe reste confiant en l’avenir. La municipalité lui a offert une subvention de 250 Francs et les sorties ont lieu régulièrement depuis octobre 1926. La réussite et la régularité des activités s’expliquent, en partie, par la formation de « Renard Astucieux », un chef qui a pu heureusement aller à Cappy pendant l’été. L’unité de Nîmes « vit toujours et prévoit un développement prochain ». Une séance réussie dans une école laisse présager l’arrivée de nouveaux éclaireurs. De plus, le groupe possède depuis peu un local.
Les sections de Béziers et de Nîmes sont dépendantes du groupe de Montpellier à différents niveaux. Pendant les camps, le groupe de Montpellier leur fournit des chefs expérimentés. (…) En 1926, un camp d’été régional de quinze jours regroupe trois sections qui représentent à elles seules les E.D.F. de la région. L’équipe de direction de ce camp est entièrement issue du groupe de Montpellier puisque le directeur et ses deux assistants ont été des C.T. des Garrigues Embaumées. La même année, le camp de Pentecôte du groupe de Béziers se déroule sous la direction du C.R.A., un ancien de Montpellier. En 1927, le groupe de Montpellier oeuvre dans la préparation d’un camp régional d’une semaine pour la Saint Georges. Ce séjour rassemble quatre sections de la région.
En dehors des camps, la section montpelliéraine exerce un véritable monopole sur les autres sections. Un délégué, envoyé de Montpellier, rend régulièrement des visites aux groupes fragiles de la région. Il leur donne des conseils et prend en charge la propagande dans les villes. Le délégué, « Vieux Renard », débute son rôle d’agent de liaison, en 1925, par une tournée à Béziers. Sa venue est, pour les éclaireurs bitterois, un « véritable réconfort ». Sa fonction est rendue officielle l’année suivante, lors du 7ème Congrès régional qui a lieu le 26 septembre 1926. On lui demande d’assurer le lien entre les différentes sections pour éviter que la région, déjà affaiblie, ne souffre du départ du C.R.A.. En 1927, il est le seul à gérer les séances de propagande au sein des écoles. Il exerce ses « talents de bavard entraîné » à Béziers et à Nîmes.
En décembre 1926, une nouvelle troupe est créée par Vieux Renard. Elle se situe à Bédarieux et ce sont des professeurs qui constituent le comité. Une salle du collège lui sert de local et, en mai 1927, elle compte trente éclaireurs répartis en quatre patrouilles. Tous les garçons sont des éclaireurs de seconde classe et ils ont passé plusieurs brevets. Cette troupe du collège de Bédarieux est, dans la région, la première expérience du scoutisme au sein d’un établissement scolaire. »
Il nous a semblé intéressant de reproduire dans sa quasi-totalité le chapitre du mémoire de Nelly Pagès consacré à cette période car il montre très efficacement le mode de fonctionnement qui, dans les années d’après-guerre, a caractérisé le Mouvement, apparemment en modification profonde par rapport aux années de démarrage : mis en place d’une structure régionale, stages de formation, parrainage de nouvelles unités par la plus implantée, activités communes à plusieurs unités. La définition de la « fédération » semble avoir permis un mode de vie plus « associatif » et moins « local ». Cette mise en place conduira, après une période de crise, à une implantation quasi normalisée à partir des années 30, en prélude au « premier quart de siècle ».