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1922 : En Languedoc-Roussillon

Au début des années 30, la région connaît à nouveau une période de crise que Nelly Pagès attribue en partie au développement des associations confessionnelles, surtout dans les villes : pour les S.D.F. organisés en « districts », le district du Gard réunit onze groupes, dont cinq à Nîmes ; celui de Béziers, sept ; celui de Sète, cinq ; sur Montpellier, treize groupes, et certaines meutes doivent être divisées en deux pour pouvoir répondre aux demandes. Le recrutement est facilité par l’accès privilégié aux établissements scolaires privés. Les E.U. sont surtout implantés dans les Cévennes, traditionnellement protestantes, y compris dans les petites villes et certains villages.

« La première unité à réapparaître est celle de Montpellier. L’Éclaireur de France du 20 mai 1931 annonce « après quelques années de suspension, le groupe va revivre ». Le 22 avril, une conférence donnée par le C.R. du Sud-Est, en présence des inspecteurs d’Académie et primaires, permet de présenter au grand public les objectifs des E.D.F. Dès le lendemain, une vingtaine de jeunes enfants participent à la première sortie sous la direction d’une nouvelle cheftaine, Melle Marcault. L’année suivante, Le Chef de février 1932 compte à Montpellier trois nouvelles meutes reconnues et une en formation. La réorganisation des troupes pose plus de problèmes car aucun éclaireur n’est recensé.

C’est entre 1932 et 1933 que les adhérents du Mouvement augmentent en grand nombre. L’Éclaireur de France d’avril 1933 en répertorie 250 qui se situent à Montpellier et à Nîmes. Les branches cadettes, moyennes et aînées des E.D.F. se développent à des rythmes différents au sein des deux villes. À Montpellier, il y a cinq meutes, deux troupes et un clan dont la reconnaissance officielle date du 21 décembre 1933. À Nîmes, une meute et une troupe sont en formation mais il n’y a pas encore de clan. Le comité local de Mende dont la composition est reconnue par le Comité Directeur en mai 1931 n’a pas réussi à édifier un groupe. En 1934, une troupe est créée à Saint-Hippolyte du Fort et une meute naît à Béziers.

Les routiers et les louveteaux sont les deux branches qui semblent être les plus actives. Des comptes rendus sur leurs sorties apparaissent sur les revues E.D.F.. Le clan de Montpellier « quoique nouveau-né, dirige son activité vers l’étude de la préhistoire grâce au C.C. Bruguière et au professeur Louis. Il choisit de se spécialiser par la suite dans l’archéologie. (…)

Une fois la crise passée, la région a du mal à stabiliser ses groupes. L’absence de C.R., en 1934, peut être un des facteurs de cette instabilité. Les responsabilités et les fonctions qui dépendent de ce poste « plus lourds et plus complexes eu fur et à mesure que le Mouvement prend de la maturité et que le scoutisme sort d’une forme rudimentaire » peuvent effrayer les éventuels intéressés. En novembre 1934, pour pallier ce problème, Pierre François, C.N.A. depuis 1931, devient C.R. du Languedoc-Roussillon. C’est le début, pour le Mouvement E.D.F., d’une période relativement faste ».

Dans la deuxième partie de la décennie, le Mouvement va connaître un certain développement, vraisemblablement sous l’influence de Pierre François qui cumule une fonction de commissaire « de province » (on ne dit pas encore « régional » malgré les abréviations de Nelly) avec sa fonction principale d’adjoint à André Lefèvre. Cette présence presque continue va permettre une « normalisation » qui restait nécessaire après les années de démarrage et la période de redémarrage qui a suivi la première guerre mondiale. Dans la région comme dans le reste du pays, l’entité majeure est le groupe local et l’homogénéisation, de la pédagogie comme du fonctionnement, suppose un effort particulier des responsables nationaux. Le passage par le camp-école de Cappy, qui reste national, ne suffit pas. Le mémoire de Nelly Pagès met en évidence cette nouvelle phase d’une évolution vers ce qu’elle appelle « la valorisation de la méthode scoute ».

« À partir de 1935, le Mouvement connaît, dans la région, une période florissante. Les groupes locaux ont une existence plus stable et leurs activités sont plus riches.

Le premier numéro du Garrigou, l’organe mensuel régional, paraît dès octobre-novembre 1934. Les articles de ce bulletin mettent en valeur les activités des groupes qui tendent des plus en plus à se rapprocher du scoutisme édicté par le Comité Directeur de la Fédération. Le chef de rédaction de ce journal est M. Jeanjean qui tient une imprimerie – papeterie 14, rue des Étuves à Montpellier.

Les louveteaux et les éclaireurs suivent un programme spécifique à leur tranche d’âge  et les routiers se spécialisent peu à peu dans un domaine particulier. Les meutes, les troupes et les clans se renforcent et se multiplient, notamment grâce à l’appui des enseignants qui accueillent favorablement les E.D.F. dans leurs établissements. (…) Entre 1935 et 1938, le rythme des sorties des meutes et des troupes s’intensifie et leurs activités respectives sont de plus en plus centrées sur la progression personnelle de chaque adhérent ».

Cette période voit la création, à côté des troupes, de meutes dont le nom est également souvent poétique : « Collines Embaumées » et « Joie de Mowgli » à Montpellier, Crocs Brillants » à Béziers, « Mont Saint Loup » à Agde à côté de la troupe des « Oliviers des Sept Collines » de Nîmes, de « Maguelonne » à Montpellier  ou des Romarins à Tournissan.

« L’expansion de ces meutes et de ces troupes est le résultat du travail des chefs locaux et du C.R.-C.N.A.. L’action de Pierre François, pourtant éloigné du commissariat régional, n’est pas sans effet sur la situation du Mouvement dans la région.(…) En plus de ses tournées, Pierre François assume son rôle de C.R. en transmettant ses directives au commissariat régional sous forme de correspondances. Il rédige également des articles pour Le Garrigou, dont deux messages d’introduction qui se veulent très optimistes sur la position du Mouvement dans la région. (…) la nouvel élan qui caractérise le Mouvement a des conséquences sur son intégration dans les villes. À sète, à Béziers et à Montpellier, les groupes locaux organisent des manifestations pour se faire connaître et participent à la vie civique de la société.(…)

Au-delà des frontières du Languedoc-Roussillon, les membres du Mouvement participent à la vie de la Fédération. Le Garrigou d’octobre-novembre 1935 annonce que le 25ème anniversaire des E.D.F. a lieu le 15 novembre à Marseille. Le C.R.-C.N.A. lance un appel aux chefs, aux cheftaines et aux routiers de la région pour qu’ils assistent nombreux à ce rassemblement. Une délégation venue entièrement de Montpellier est reçue à Marseille au foyer scout international et participe activement aux débats qui sont organisés pendant les réunions. Le Garrigou suivant fait part du voyage que Bouscaren, une éclaireur de la troupe de Maguelonne, s’apprête à effectuer. désigné par ses chefs pour représenter sa troupe aux fêtes du 25ème anniversaire à Paris, « il aura la joie de voir Baden-Powelle, il participera à un rallye qui regroupera 25000 scouts, il sentira, quand des milliers de scouts chanteront d’une même voix le même chant, ce que le scoutisme a fait et est en train de faire ». En été 1938, des éclaireurs de Montpellier, Nîmes, Béziers et Sète rejoignent le camp de Saint-Jorioz, en Haute-Savoie. Ils y rencontrent d’autres éclaireurs français, des scouts anglais et des éclaireurs belges. (…)

En trois ans, le Mouvement s’est affirmé dans la région. le développement des effectifs est une tendance nationale qui est, en partie, dû au soutien que les enseignants apportent aux E.D.F. »