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1922 : En Languedoc-Roussillon

La suite du mémoire donne, après une information sur la plan national, quelques exemples de création d’unités E.D.F. en établissement scolaires, avec l’aide des enseignants. Il nous a paru intéressant de la résumer.

« Après la première guerre mondiale, des instituteurs et des enseignants remplacent en partie les instructeurs militaires. Encore minoritaires, ils ne réussissent pas à implanter des sections  au sein de leurs établissements. En 1925, Édouard Herriot encourage les éducateurs à faire bon accueil à la Fédération qui est alors reconnue d’utilité publique. La circulaire ministérielle qu’il a fait rédiger à cet effet reste sans réel résultat jusqu’au début des années 30. En 1932, (seulement) une vingtaine de troupes dans des établissements scolaires est recensée en France. Ce faible constat s’explique par la méfiance des milieux laïques devant une organisation « trop paramilitaire et trop empreinte, du fait de ses origines et de la nature, souvent confessionnelle, de ses expressions étrangères, de spiritualismes » (¨P. Ory, La belle illusion, Culture et politique sous le signe du Front Populaire, 1935-1938). Pour les E.D.F., les responsables de cet échec sont certains chefs de la Fédération. Un article, non signé, du Chef de juillet 1932 concernant les rapports entre les E.D.F. et la Ligue de l’Enseignement se révèles être une véritable plaidoirie. l’auteur incite les chefs récalcitrants devant une éventuelle collaboration, à « réserver bon accueil aux demandes qui leur seraient adressées par les dirigeants des patronages en vue de la constitution de troupes ». En Languedoc-Roussillon, une troupe est fondée en 1931 dans le lycée Alphonse Daudet de Nîmes. Elle est créée par un des professeurs de ce lycée, René Bruguière. Jusqu’en 1935, cette troupe est la seule de la région à être installée dans un  établissement scolaire.

La nomination en 1936 de Jean Zay comme ministre de l’Éducation favorise les rapports entre le scoutisme et l’enseignement. À partir de cette date, les troiupes E.D.F. dans les lycées et les écoles se multiplient. Dans la région, ces expériences touchent l’Hérault et le Gard, les deux départements où le Mouvement est le plus développé, et l’Aude. Dans ce dernier département, les troupes issues des établissements scolaires constituent les seules troupes E.D.F. (…)

Le Garrigou de décembre 1937 – janvier 1938 annonce la fondation du groupe d’Agde. Implanté dans le collège, le groupe accueille, lors de sa première sortie, le 8 janvier, 17 garçons. Le principal du collège, M. Delsol, le professeur Paraire et M. Lenoir sont à l’origine de cette troupe. (…) La rencontre se fait sous la direction de chefs avertis, le C.T. de Sète et le C.R.A. qui font découvrir aux jeunes quelques-unes des activités scoutes. À Béziers, à partir de 1937, une troupe (…) est installée officiellement dans le lycée. Dans le Gard, peu avant décembre 1937, deux routiers du clan de Nîmes ont pour mission de créer une troupe à l’École Pratique. (…) À Carcassonne, un clan à l’École Normale est cité dans le bilan donné lors du Conseil régional en février 1938. Quelques mois plus tard, Le Garrigou de juin-juillet 1938 fait part de la formation d’une troupe à l’École Primaire Supérieure.

Le fonctionnement de ces troupes dépend des relations qu’elles entretiennent avec le principal du lycée ou le directeur de l’école. (…) Cette éducation ne doit pas freiner (la)

scolarité, et le C.T. (du lycée de Nîmes) affirme que les jeunes « montreront à l’accomplissement de leur devoir d’écolier la même ardeur qu’à la réussite du grand jeu scout ». (…)

Les troupes et les clans affiliés à un lycée ou à une école permettent aux E.D.F. de donner une nouvelle vision du scoutisme au grand public. Dans la région, bien qu’aucun clan universitaire n’existe à cette période, l’Université et le scoutisme sont très liés. À Montpellier, en 1937, le président du Comité local est M. Courtin, professeur à la faculté de Droit.

L’année suivante, M. Schmitt, inspecteur d’Académie de l’Hérault, met en valeur ce lien dans son discours, le 27 février 1938, lors du Conseil régional. Il affirme que « la morale des Éclaireurs est aussi celle de l’Université. Les Éclaireurs ont le culte de la droiture, le sentiment de l’honneur, ils ambitionnenent de devenir maîtres de leur âme, les capitaines de leur destin. (…) Ainsi compris, le scoutisme, en plein accord avec l’Université, devient un très puissant moyen pour essayer de réaliser une éducation complète ».

Le scoutisme et les milieux enseignants sont tout aussi liés chez les éclaireuses de la F.F.E. : plusieurs groupes sont créés par des enseignantes ou des directrices d’établissements scolaires. En 1939, Melle Suzanne Châtelet, enseignante ) Lille, est mutée à Perpignan dans un collège de jeunes filles. Elle organise alors un groupe d’éclaireuses neutres. (Son père, Albert Châtelet, est le président de la Fédération en 1937). La même année, Melle Elles, directrice de l’école Primaire Supérieure à Mende, et Melle Labro, professeur d’anglais, créent la section d’éclaireuses neutres.

NDLR : Suzanne Châtelet a été, en 2009, la principale correctrice de l’ouvrage « cent ans de laïcité… »