Le 25ème anniversaire des E.D.F., en 1936, se situe dans une période où une nouvelle prise de conscience des loisirs éducatifs se fait jour au niveau même des pouvoirs publics et permet un nouveau développement de l’éducation populaire à travers de nombreuses associations.
Il nous semble intéressant de nous arrêter un peu sur l’une d’entre elles, les Faucons Rouges, qui se situe alors dans le secteur laïque avec un objectif sensiblement différent de celui des E.D.F. mais avec des méthodes pédagogiques proches et une volonté de réflexion plus « politique ».
Extrait de l’ouvrage « Cent ans de laïcité dans le scoutisme et l’éducation populaire » –
Merci au site Faucons rouges.org et à Robert Léopold qui nous a donné l’autorisation d’en reproduire certains passages
S’il est exact que le scoutisme catholique s’est adjoint des associations complémentaires – Cœurs Vaillants et Âmes Vaillantes – il existe une différence importante à noter dès le départ : les Faucons Rouges ne sont pas complémentaires des E.D.F. ; il s’agit d’un mouvement d’éducation d’enfants des milieux populaires qui trouve son origine dans les «Amis de l’Enfance Ouvrière » qui se développent à partir de 1932 (date de la première « République d’enfants » à Draveil) avec l’aide du pédagogue allemand Kurt Löwenbstein.
Après 1945, les Faucons Rouges, appelés aussi Mouvement de l’Enfance Ouvrière, dont les liens directs avec le parti socialiste SFIO restent mal définis et conflictuels, ont pour but de « proposer une éducation aux valeurs socialistes, moins par l’endoctrinement théorique que par l’apprentissage en collectivité d’un mode de vie fondé sur l’amitié, la solidarité, l’expérience de la démocratie et des responsabilités. » (…)
Ils écrivent : « Il ne s’agit pas pour nous de faire une éducation politique. L’éducation socialiste dont se réclame le Mouvement de l’Enfance Ouvrière ne saurait être une formation de l’individu en vue de l’adhésion à un parti politique quelconque, à coup de formules, de symboles, d’affirmations distribuées par les adultes à des jeunes passifs et soumis. Mais plutôt elle est éducation active, elle aide l’enfant à prendre conscience de lui-même, à se libérer des entraves de la société actuelle pour lui permettre le développement complet de sa personnalité. Elle est réaliste, elle met l’enfant en face des réalités de la société dans laquelle il vit, et le prépare à prendre sa place dans une société socialiste, en le faisant vivre dans nos communautés d’enfants où se mettent en pratique l’amitié et la solidarité. »
En conclusion, ils résument : « Les caractéristiques de notre Mouvement sont en résumé les suivantes :
– éducation en dehors de toute politique, tendant à permettre à l’enfant de vivre dans des collectivités socialistes.
– acquisition des techniques comme moyens d’expression.
– absence de symboles, de distinctions honorifiques, de grades, de promesses.
– opposition à toute méthode autoritaire : l’Aide n’est pas un chef.
– coéducation.
– internationalisme.»
Ces définitions mettent en évidence un certain nombre de points communs avec le scoutisme, en particulier l’articulation des activités suivant l’âge des enfants et adolescents et l’existence de « principes » qui s’apparentent à la Loi scoute : voir à ce sujet l’illustration « les principes des Faucons Rouges » Mais, bien entendu, des divergences importantes apparaissent en ce qui concerne les prises de position de nature politique.
Notons au passage deux éléments sur lesquels le scoutisme laïque évoluera quelques années plus tard : la coéducation des filles et des garçons – qui fait partie des principes : « nous, filles et garçons de la classe ouvrière, nous voulons être élevés ensemble » – et une définition du « responsable » (l’« Aide ») qui n’est « ni un chef, ni un surveillant, ni un moniteur. »