La région de Ganges, au nord du département de l’Hérault, est historiquement connue pour son activité bonnetière, liée à l’élevage du ver à soie des Cévennes. Ces deux activités ayant maintenant à peu près disparu, la ville est aujourd’hui une petite métropole rurale, dotée d’un collège et de quelques structures d’animation. La création – relativement récente – et les activités du groupe « Sud Cévennes » témoignent de la vitalité du scoutisme laïque dans ce type d’environnement.
L’histoire du groupe
« Le groupe a été créé en septembre 1995, par la volonté de deux mamans et de la région Languedoc-Roussillon. Une première activité de jeu de l’oie, un groupe d’enfants suffisant pour démarrer et quelques parents suffisent pour lancer cette aventure qui dure maintenant depuis plus de 15 années.
Très vite le groupe s’est choisi ses couleurs (sur un week-end, par des lutins et des louveteaux). Ce sera fuchsia avec un liseré turquoise, une envie d’identité forte et d’autonomie. Son nom : Sud Cévennes (Sud 7 pour les linguistes), de par sa géographie, mais surtout ici on ne parle pas de communes mais de bassin, de pays…). Une année riche en sorties et mini camps : même les inondations ne font pas reculer cette jeune équipe qui très vite se structure et s’organise. Le premier camp d’été sera régional avec une participation à Mosaïque. Du camp, nous récupérons aussi un responsable Lutin qui en profitera pour ramener deux de ses amis ; deux parents, anciens EEDF, prennent en main la destinée du groupe : le voilà bien lancé !
Ensuite viendra un autre camp de regroupement régional, mais cette fois Sud 7 devient organisateur et directeur, un tournant qui permettra de faire notre premier camp en autonomie en 1998 : destination la Corse et le golfe de Porto. Déjà un parfum de voyage et d’aventure qui jamais ne nous quittera…
Au gré du temps se créent des branches Éclés puis Aînés, répondant au fait que les plus jeunes vieillissent. Prudemment, lentement le groupe mûrit et grandit, les gens se forment, prennent des responsabilités régionales ou nationales. De deux nous passons à trois branches en 1998, puis à la création du premier clan en hiver 2002.
Les éclés construisent un four… et les louveteaux s’amusent bien !
2002, c’est aussi la première expérience internationale puisque les grands Éclés participeront à un projet sur deux ans qui les mènera en Thaïlande pour le 20ème Jamboree. Une expérience inoubliable qui laissera en chacun d’eux des marques profondes, terreau de leurs vies personnelles et professionnelles futures. Depuis, le groupe alterne projets sur l’hexagone avec camps internationaux en privilégiant la participation aux grands rendez-vous que sont les Jam, bien que nous ayons tout de même fait trois camps « classiques » en Angleterre Ecosse, en Espagne et un camp international à Bécours.
En Thailande
Le prochain défi sera une participation massive au projet Suède 2011, l’aventure internationale du centenaire pour nous EEDF et qui mènera les plus grands au 22ème Jamboree (déjà) en attendant celui du Japon en 2015…
Le fonctionnement actuel
Le rythme des sorties est d’un week-end complet par mois. Ce choix vient du constat que chaque enfant n’est désormais que peu disponible. Les principaux facteurs sont la multiplicité des activités (sport, musique, danse, scoutisme,…) et surtout l’alternance de garde de parents séparés ou souvent, hélas, l’enfant devient un enjeu… et ce que propose le premier est refusé par le second… D’où un absentéisme plus fréquent et une anticipation du calendrier. Le dernier frein est depuis quelques années les moyens, les prix flambent, les revenus ne suivent pas, remettant en cause notre fonctionnement mais aussi nos possibilités.
En raison de l’éloignement de tous, nous réunissons l’équipe de groupe une fois par mois, le vendredi précédant la sortie, et le samedi matin nous permet de fignoler les activités et la préparation du matériel. Nous travaillons de plus en plus par Internet pour tout ce qui concerne la préparation des activités et bilans. Lors des rencontres du vendredi nous avons toujours un espace de formation de base pour les plus jeunes. Méthodes, outils, réflexion, production… Cela permet de garder du sens à nos actions et surtout de rester au plus près de l’idée du scoutisme. En 2009, nous avons travaillé autour de la charte des droits de l’enfant et nous aimions aussi sensibiliser les enfants… aux devoirs.
Nous fonctionnons par branche et c’est une de nos satisfactions. Nos soucis sont certainement la durée de présence d’un responsable : nous sommes en zone rurale, pas de lycée, encore moins d’université, l’éloignement et le manque de travail sur place favorisent le départ des plus motivés. Ce qui entraine le fait que nous ne formons plus de directeur depuis quatre ans et qu’il est dur d’avoir des responsables d’unité. Nos effectifs sont toujours aux alentours de 80 ce qui permet un vrai travail en branche et aussi une bonne dynamique de groupe.
Une anecdote…
Il y a quelques mois, l’une de nos éclaireuses était « expulsable », par suite d’une situation familiale compliquée. L’ensemble du groupe s’est mobilisé autour de ce que nous considérions tous comme une injustice.
Le danger a été écarté, mais il en reste un message que nous avons tous reçu avec émotion : « Je voulais juste vous dire que vous comptez vraiment pour moi, vous êtes vraiment ma famille et vous le resterez. Je m’en rends compte de plus en plus, je pense tout le temps aux Éclés, j’ai besoin de vous, vous me manquez et je vous aime. (…) C’est long, un mois à attendre pour vous voir (je sais, c’est bête). Je pense que vous êtes vraiment les personnes les plus chères à mes yeux après ma « vraie famille » – je n’en ai pas vraiment eu pendant longtemps enfin c’est compliqué. Je vous aime vraiment très fort de mon petit cœur (il est adapté à ma taille) ».
Sans commentaires… »
(Contribution d’Alain Bordessoulles, membre de l’équipe de groupe)