Cette attitude des Scouts de France et la sorte d’accaparement de l’anniversaire des autres devaient soulever des protestations indignées dans le Mouvement, au moins dans sa partie la plus attachée à la laïcité. Le 14 décembre, Jean Kergomard écrivait à Georges Bertier (on peut remarquer que Kergomard, membre du Comité Directeur, vouvoie le président) :
« Pour ma part, je vous avoue que je regrette d’avoir proposé, il y a deux ans, une formule atténuée pour l’affirmation de notre position à l’égard des questions religieuses. Vous acceptiez le mot laïque. J’ai eu tort de croire qu’une définition un peu ambigüe de ce mot pourrait lui être substituée. Il était nécessaire pour éviter toute équivoque. Je m’en aperçois aujourd’hui. Je suis convaincu que vous êtes inquiet, comme moi, en présence de manifestations d’une fausse fraternité qui n’est, en réalité, qu’un moyen de tout conquérir. »
Dans le même temps, André Lefèvre se rendait à Verneuil pour insister auprès de Bertier pour une affirmation énergique de la totale solidarité du Mouvement avec l’enseignement public. Bertier prenait alors une décision qui levait toute équivoque. Le 27 févier 1937, à la veille de l’assemblée générale, il annonçait au Comité Directeur qu’il démissionnait de la présidence de la fédération et proposait pour le remplacer Albert Châtelet. Dans un message qu’il adressait au Mouvement, il expliquait sa décision.
On peut donc considérer, à l’examen des événements de cette période qui, commencée dans l’immédiat après-guerre, va se concrétiser jusqu’au début du deuxième conflit mondial, que les E.D.F. trouvent, progressivement, la place qui va être la leur aux côtés de l’enseignement public. Albert Châtelet, que Jean Zay avait appelé à la direction de l’enseignement du second degré, aura pour successeur Gustave Monod, aussi bien dans cette fonction qu’à la présidence des E.D.F.
Les articles suivants de cette rubrique donnent quelques illustrations de la vie du Mouvement entre les deux guerres.