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2012.01 : Un colloque à Orléans Sur le thème :  » Scoutisme laïque et Éducation à la Citoyenneté »

 

« Cette initiative,… Je souhaite qu’elle fasse des petits et que d’autres régions puissent elles aussi être tentées par l’exercice. »

Jacques Delobel

Je voudrais d’abord remercier Henri-Pierre Debord pour tout le travail qu’il a accompli.

Il n’est pas retraité, il a une profession qui l’occupe beaucoup de temps, souvent tard dans la soirée, et il n’a souvent de temps libre que le samedi et le dimanche.  Et pourtant, toute l’année 2011, il a travaillé avec nous au comité scientifique du colloque du 26 novembre 2011 à l’UNESCO. C’est pour moi, un vieux complice puisqu’il était Vice-président des EEDF lorsque j’en étais Président.

Le colloque de l’UNESCO s’intitulait « L’éducation à la Citoyenneté au 21ème siècle : quel rôle du Scoutisme laïque »

Il a eu l’idée d’un colloque régional « Scoutisme laïque et éducation à la citoyenneté : 100 ans d’histoire, une ambition pour l’avenir » dans cette ville d’Orléans qu’il connait bien.

En reprenant sa propre histoire, il a retracé au fil des dates évoquées les grands moments vécus dans cette région. Et son émotion a été particulièrement visible lorsqu’il a évoqué les relations avec des Responsables  des ZHP (*) de Cracovie qui séjournaient à Orléans au moment de la déclaration  en Pologne de l’« état de siège » décrété par le Général Jaruleski.

Les soutenir dans ces moments difficiles, n’était-ce pas un engagement citoyen ?

Cette initiative exemplaire d’un colloque voulu par Henri-Pierre, je souhaite qu’elle fasse des petits et que d’autres régions puissent, elles aussi, être tentées par cet exercice. Il faudra, bien sûr tirer les leçons de cette journée et s’adapter car chaque région est particulière.

Je veux aussi remercier chaleureusement nos intervenants : d’abord Yvon Bastide, président de l’ « Association pour l’Histoire du Scoutisme Laïque ». Après ses deux interventions, il n’est plus la peine de vous le présenter et je vous engage à faire connaissance de ses deux ouvrages aussi remarquables l’un que l’autre.

Là encore l’engagement citoyen est ô combien visible !

Nous avons également vécu  un moment d’émotion en évoquant le Ministre Jean Zay et son discours repris en grande partie dans le bulletin « Le Chef » des Éclaireurs de France en décembre 1936. Nous sommes heureux d’avoir pu remettre le fac-similé de cet article du Chef à  ses filles, Catherine Martin-Zay et Hélène Mouchard-Zay. Elles ont tenu à associer Albert Châtelet, notre ancien Président et père de Suzanne, 101 ans et toujours à l’AAEE.

Merci aussi à Philippe Bernat qui est venu nous parler de Bécours, ce joyau des Éclaireuses et Éclaireurs de France, connu non seulement du Scoutisme français, mais bien au-delà de nos  frontières comme il vous l’a expliqué. Il fut l’un des premiers à vivre « l’épopée modeste et belle des nouveaux habitants de Bécours ». Mais ce qui m’a frappé aujourd’hui, c’est que les pionniers de cette entreprise ne s’approprient pas Bécours, que les générations successives puissent aussi vivre leur projet sans pour autant reproduire ce qui a déjà été vécu. Elles  inventent, chacune,  leur animation de Bécours.

C’est bien cela le Scoutisme : s’adapter à l’aujourd’hui. C’est bien cela, aussi,  la proposition de l’AAEE : laisser les générations actuelles inventer leur Scoutisme. Car c’est par l’engagement citoyen que l’on forme les cadres de la Nation pour demain.

Merci à vous, de la « Table ronde ». Merci à Marie-Jeanne Villiers et Jean-Amand Declerck pour l’animation et merci à ceux qui ont accepté d’y participer.

Nous avons eu des témoignages intergénérationnels comme on dit maintenant. Je retiens que c’est parce qu’on a fait confiance à des jeunes de 17-18 ans pour organiser et encadrer des camps qu’ils sont devenus des hommes et des femmes engagés. Et je pensais aux J.A.E. (Jeunes Adultes Éclés) et à « Transhumances ». C’est exactement ce qui se fait encore aujourd’hui. Avec une adaptation constante, il reste que les méthodes et l’esprit demeurent. C’est vrai que, par la confiance, on développe l’autonomie.

Et c’est peut-être aussi, comme l’un des participants à cette « Table » l’a souligné, un drame pour les jeunes aujourd’hui. Les jeunes aujourd’hui veulent leur autonomie et pour être indépendants, il leur faut parfois sacrifier leurs projets bénévoles.

Et puis, il restera l’émotion, le rêve, et l’écoute. Et puis ce cri, difficile à sortir : nous ne pouvons pas abandonner les enfants et les jeunes, ils ont besoin de nous !

Cette journée a montré qu’il y a encore des gens qui croient en l’avenir et qui sont prêts à relever des défis.

Merci aux Éclaireuses et Éclaireurs de France, et à Vincent Cocquebert, leur Délégué général. Merci Vincent, de la confiance que tu accordes à notre association d’anciens.

Nous avons maintenant le même siège social, ce qui nous permet de nous atteler très vite à des actions communes lorsqu’elles se présentent. Ce n’est pas facile d’accepter une association d’Anciens qui a sa personnalité propre et qui revendique son indépendance. C’est tellement plus confortable de rester entre soi. Mais je crois qu’une expérience comme celle de cet après-midi doit nous encourager à continuer à regarder vers l’avenir dans la même direction. Et accepter que des initiatives puissent être offertes en toute gratuité.

Car le souci de développer le sens de la responsabilité civique est un souci partagé par toutes les générations. Le scoutisme laïque a toujours été une école de la Citoyenneté. C’est même une « école de la pratique de la Citoyenneté ».

Nous n’apprenons pas ce qu’est la vie citoyenne, nous la pratiquons.

Dès le plus jeune âge, les Éclaireuses et Éclaireurs de France ont l’habitude de débattre sur leurs projets, de les voter et de les réaliser.

Les « anciens éclaireuses et éclaireurs » ont vécu dans le scoutisme laïque cette pratique de la démocratie. Certains dans cette salle en ont conservé une pratique dans leurs engagements sociaux ou politiques. C’est parce qu’on leur a fait confiance très jeunes qu’ils ont appris à prendre des responsabilités, des initiatives et qu’ils ont naturellement continué dans leur vie d’adulte.

Cet apprentissage était dans le contexte d’une époque. Yvon nous a fait revivre différentes étapes et à chaque fois, il y eu une adaptation. Comme nous l’avons fait, les EEDF ont à s’adapter à leur époque. La législation a évolué.  Ils ne peuvent plus prendre les mêmes risques que ceux que nous avons pris. Nous pouvons le regretter, mais c’est ainsi : la société est plus sécuritaire. Il n’est donc pas question pour les anciens d’intervenir dans les décisions des EEDF. C’est eux qui vivent dans cette époque, c’est eux qui doivent trouver leur Scoutisme et la façon dont ils vont participer à l’éducation citoyenne.

Mais les « Anciens » ont davantage de recul et ont une autre vision du temps qui passe. Ils peuvent rassurer et relativiser les tensions. C’est le militantisme et la force des convictions qui les ont fait vivre. Ce sont un peu les grands-parents qui regardent leurs enfants et leurs petits enfants vivre ce qu’ils ont vécu. Bien sûr, ils retrouvent leurs petits enfants dans leurs enfants. Semblables, mais tellement différents dans cet univers technologique qui les dépasse parfois. Et pourtant, le rôle des grands parents n’est pas vain.

Ils sont là. Disponibles. « Toujours prêts » pour aider mais sans se substituer.

A l’écoute des petits.

Et on les écoute raconter des histoires d’autrefois. Ce sont de belles histoires de Scoutisme, de feux de camp, d’ « explos », d’aventures qui font rêver. Et si c’était aussi cela le bonheur, celui qui fait rêver !

Et bien les anciens disent : N’hésitez pas à rêver, à imaginer et lancez vous dans l’aventure. Trouvez-vous vous-mêmes.

Cette époque est difficile. Nous avons parfois l’impression que l’individualisme a remplacé la solidarité. Que chacun vit pour lui-même sans trop se préoccuper des autres. Le scoutisme, c’est tout le contraire. Et la jeunesse, lorsqu’on lui propose les valeurs du scoutisme est tout aussi partante qu’autrefois. L’âme de la jeunesse n’a pas changé et j’ai foi en elle. Elle est capable d’une générosité extraordinaire. Elle est attentive au monde qu’elle laissera, bien plus que nous ne l’avons été. Lorsqu’on lui donne une « Règle d’or », qu’on lui propose de vivre en équipe, qu’on lui propose d’être solidaire, elle vibre et se donne toute entière à cet idéal.

Les anciens lui font confiance et sont là pour répondre à leur appel.

Merci aussi à vous tous, Mesdames et Messieurs les élus et représentants de l’administration qui avaient montré votre intérêt pour notre scoutisme engagé dans l’éducation citoyenne.

Et merci enfin à vous tous de la région d’Orléans ou d’ailleurs. Cette journée fut une bonne journée.

(*) Le sigle ZHP  signifie « Zwiazek Harcerstwa Polskiego » (Éclaireuses et Éclaireurs de Pologne ou Scouts et Guides de Pologne)

Vincent COCQUEBERT et Mesdames ZAY

Quelques « témoins »


Vincent COCQUEBERT et Jacques DELOBEL