Un article d’Alphonse Company paru en 1956 s’intitule « Pourquoi nous sommes allés en Grèce ? » et explique bien le problème :
« C’est toute une histoire… qui se rattache au jamboree ;
En effet, notre Fédération, fondée le 27 octobre 1911, n’a jamais été invitée à ces manifestations de fraternité internationale. Parce qu’il y a 45 ans nos fondateurs n’ont pas jugé bon de participer à la constitution du Bureau International du Scoutisme, les Éclaireurs Français doivent être écartés, jusqu’à la consommation des siècles, des réunions mondiales, et ainsi ne pratiquer qu’un scoutisme en vase clos. C’est ce que nous ne voulons pas.
Cependant, à l’occasion du Jam de 1951, les Éclaireurs de France, en vertu d’un projet de protocole toujours en instance, nous ont proposé d’inclure des éléments E.F. au sein de leur propre délégation. C’est un premier pas de fait.
Nous pensions que ce même geste serait renouvelé en 1955 et nous avons créé et entretenu une certaine émulation parmi nos unités en vue de ce voyage. En raison de la faible importance de la délégation française, les Éclaireurs de France n’ont pu nous inviter comme en 1951. »
Se pose donc le problème des activités internationales pour une association non reconnue par le Scoutisme international. Alphonse Company cherche des solutions alternatives, d’abord du côté de l’Afrique francophone, puis vers la Grèce où Pierre de Coubertin a trouvé l’inspiration de ses Jeux Olympiques et où son cœur est déposé dans une stèle à Olympie. Ce contact serait donc « l’occasion d’un pèlerinage aux lieux chers à celui qui est à l’origine de notre Mouvement et de témoigner ainsi de notre fidélité à sa mémoire et à ses principes de fraternité et de rapprochement des peuples ».
Cette rencontre se déroule en 1956, avec un accueil assuré par l’association des Boys-Scouts Grecs. Elle permet de former « le vœu de pouvoir envoyer chaque année un groupe d’Éclaireurs Français visiter un nouveau pays et se faire ainsi des amis nouveaux. » Moyen également de rompre quelque peu l’isolement évoqué par Company au début de son article.
Cette orientation vers des contacts avec d’autres associations scoutes est confirmée par la suite, en particulier par un article intitulé « Aux écoutes du Monde : à propos des voyages des E.F. » : « Les E.F. n’étant pas affiliés au Bureau International du Scoutisme, cela leur pèse énormément de se sentir à l’écart « officiellement ». Aussi recherchons-nous tous les contacts extérieurs avec nos frères scouts pour leur faire connaître notre Mouvement et découvrir les leurs ».
C’est ainsi que les Éclaireurs Niçois se rendent en Italie et en Autriche, les Limousins en Suisse puis en Espagne, les Parisiens en Italie, les Algérois, après la Grèce, prévoient un camp de Noël en Hollande. D’où la conclusion de l’article :
« Souhaitons qu’à l’image du chef Karl Wimmer, secrétaire régional autrichien et commissaire international, d’autres chefs unissent leurs voix à Londres et que très bientôt nous ayons notre place au sein de la grande famille internationale des scouts du monde entier. »
Il faudra attendre 1964 et la création du « nouveau Mouvement » des Éclaireuses et Éclaireurs de France pour que ce vœu se réalise pleinement.