Nouvelle formule de la formation de premier degré, suite à Mai 68…
(Extrait de « Cent ans de laïcité dans le scoutisme et l’éducation populaire)
Une conséquence directe de mai 68 :
l’évolution de la formation d’accueil
Les « événements » des années 68 et suivantes ont une conséquence directe sur la conception de la formation à l’intérieur du Mouvement. Les « grands principes » hérités du camp-école de Cappy, sans être totalement abandonnés, vont subir une cure de rajeunissement assez irréversible… Cette évolution était déjà sensible depuis quelques années – voir la définition du « Cappy Commissaires » – mais elle va se concrétiser dans la réalité du terrain. Bien entendu, comme d’habitude dans le Mouvement, toutes les régions ne sont pas touchées au même degré, mais les éléments présentés ci-après, qui concernent la région parisienne, peuvent être considérés comme assez significatifs.
En ce qui concerne la formation « de base », un premier constat s’impose : nos jeunes responsables ont tiré, de cette période de remise en cause et de remue-méninges, des conclusions importantes sur leur rôle d’animateurs… Il ne s’agit pas, à ce stade, de savoir s’ils ont ou non raison, et de nombreux responsables adultes ne partagent pas tout à fait leur avis. En bref, la réflexion menée sur cette étape de la formation conduit à un constat : il ne s’agit plus de montrer « comment » on fait du scoutisme, mais « pourquoi » on fait du scoutisme. La « motivation » remplace la « connaissance »…
L’aboutissement en est, sous la houlette du responsable régional de Paris, Roger Lambert, la définition d’un « stage Motivation » considéré comme la première étape d’un parcours de formation. On est assez loin des « camps écoles préparatoires » (les C.E.P.) dans lesquels, suivant le grand principe installé à Cappy dans les années 20, les stagiaires jouent les éclaireurs ou les louveteaux dans des patrouilles ou des sizaines. Et la dynamique de groupe, très à la mode en ce temps-là, va encore frapper : on fonctionne en petits groupes de discussion (qu’on n’appellera pas, évidemment, patrouille ou sizaine) à partir d’un exposé présenté par un responsable. Le stage motivation est d’ailleurs « toutes branches », une journée ou deux étant réservées aux spécificités des tranches d’âge.
Cette réalisation est présentée par un cahier spécial « Toutes branches » de Routes Nouvelles en février-mars 1971 qui rappelle qu’elle a été expérimentée en 1968 et 1969 avant d’être précisée en 1970 : ces trois années ont permis de mettre au point une structure de formation qui s’efforce de répondre à des objectifs quelque peu contradictoire : motivation (donner envie), information (présenter), formation (enseigner), participation (discuter)… Si l’on ajoute que l’environnement est toujours en mutation (en particulier, en ce qui concerne la coéducation, l’éducation sexuelle, la liberté de la femme…) et qu’un certain nombre de responsables de groupes voient le tout d’un assez mauvais œil, on comprend que le jeu n’est pas gagné !