responsable local, commissaire national, international et général, puis membre du Comité Directeur dans des temps difficiles…
(Texte publié par « Scoutopedia)
Jean Estève est né à Neuilly s/ Seine en 1920. Ses parents s’installent à Orange (84) peu après sa naissance.
Il entre aux Éclaireurs de France en 1933 lorsque son père, Armel Estève, crée la troupe d’Orange. Il y prend rapidement des responsabilités d’animation puis de formation. Passant le bac en juillet 1937, il dirige son premier camp comme chef. Il suit à cette époque le camp école de Cappy.
– De 1937 à 1939, poursuivant ses études en khâgne à Lyon, il y crée une troupe d’éclaireurs dans le quartier ouvrier de la Croix Rousse.
– Juin 1940, la débâcle, avec son frère et un ami, il tente vainement de passer en Angleterre.
– 1940 – 1942 : Poursuivant ses études en licence de philosophie à Aix-en-Provence, il y continue ses activités aux Éclaireurs et dirige de nombreux camps écoles. Il est nommé professeur de philosophie à Orange, mais rejoint Lyon pour préparer l’agrégation.
– 1943 – 1944 : A Lyon, il a été en contact avec les réseaux de résistances des MUR. Après l’invasion de la zone Sud et la mise en place du STO, il abandonne la préparation à l’Agrégation pour entrer en clandestinité, sous le nom de guerre de Stéphane. Au sein du réseau « PERICLES » il se consacre à la mise en place des premiers « Maquis-école » chargés de former, pratiquement et politiquement, les premiers cadres des maquis dans l’ensemble de la zone Sud. Dénoncé par un milicien infiltré, il est arrêté à Paris en avril 1944, torturé par la milice puis remis aux allemands et déporté à Dachau où il reprend des activités dans le réseau clandestin du camp.
– 1945 – 1951 : À son retour de déportation, en octobre 1945, le commissaire général des EDF Pierre François demanda à Jean Estève de prendre la direction nationale de la branche Éclaireurs.
À ce poste, il est notamment l’un des artisans des « résolutions d’Angoulême » marquant la traduction dans l’association des options du Conseil National de la Résistance vers plus de démocratie et de participation en donnant leur place aux filles et aux femmes. Au cours d’une tournée en Afrique (AOF/AEF), il anime des camps école Éclaireurs en y appliquant démocratie et fraternité. Il y mesure les aspirations de ces peuples et est considéré par l’administrateur colonial comme un dangereux agitateur. Il assure cette fonction de commissaire national de branche jusqu’en 1951, où il prend un poste de professeur de philosophie à Tunis avant de rentrer en France en 1956 comme principal de lycée.
– En 1961, après la célébration du cinquantenaire des Éclaireurs de France, sollicité par Louis François, il prend la responsabilité de Commissaire général des EDF en remplacement de René Duphil. Il est l’artisan de l’unification du scoutisme laïque d’alors (EDF, FFE-N, Éclaireurs Français) masculin et féminin au sein du nouveau mouvement des « Éclaireuses et éclaireurs de France (EEDF) ». Il œuvre aussi à la ré-acceptation (?) de ce mouvement au sein des instances internationales du scoutisme, AMGE et OMMS. Il est chef de la délégation française au Jamboree de Grèce en 1963.
– En 1969, il quitte sa responsabilité aux EEDF pour prendre la direction d’une expérience pédagogique forte: Le Centre éducatif et culturel Guillaume Budé de Yerres (91) rassemblant collège, bibliothèque, maison des jeunes, théâtre et installations sportives. Dans le même temps, il conseille l’association pour sortir des turbulences crées en interne par les événements de Mai 68.
Il termine sa carrière comme proviseur du Lycée de Grasse de 1975 à 1982. Puis prend sa retraite à Blieux (04).
Il était Officier de la légion d’honneur, titulaire de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance et Officier des Palmes Académiques.
Pour le scoutisme il était DCC et avait été totémisé Hibou esthétique .
Il décède en janvier 1999.
Pour en savoir plus : une plaquette lui a été consacrée par les E.E.D.F. et l’A.A.E.E. : « Jean Estève, un parcours engagé » – en vente à la Boutique éclé.
Après sa retraite, Jean Estève a prolongé son action dans le domaine de l’éducation populaire en créant à Blieux une association présentée dans la rubrique « Le Mouvement et l’éducation populaire ». Pour sa participation à l’expérience du cente éducatif Guillaume Budé, voir, dans la même rubrique, l’article « Le centre éducatif et culturel d’Yerres ».