… pour marquer l’existence et les orientations de ce « nouveau Mouvement ».
Cette dénomination, très symbolique, est celle de la première grande manifestation du nouveau Mouvement. Ouverte à « tous nos membres dirigeants, nos amis, et les membres des équipes de direction des clans », elle a lieu les 28, 29 et 30 mai 1966 à Montgeron dans l’Essonne. Jean Estève la présente dans l’édito de Routes Nouvelles : « Le Congrès est là. Ensemble, nous reprendrons notre souffle (…) dans ce haut lieu de l’invention éducative qu’est le Lycée de Montgeron. » On peut considérer que la période de mise en place est en cours d’achèvement, avec un Comité Directeur et une Équipe nationale communs aux associations d’origine, et une présidente, Fernande Chatagner, issue de la F.F.E. va succéder à Louis François, issu des E.D.F..
Le résultat est une réussite : plus de 1800 participants, venus camper sur les pelouses du Lycée, échanger des idées en commissions (60 thèmes abordés), apprendre et se distraire dans une foire aux techniques forte de 70 ateliers. Jean Naty-Boyer crée même deux chansons à cette occasion. Au total, démonstration de vitalité et moment fort de la vie du Mouvement…
L’énoncé des thèmes proposés aux commissions est significatif des préoccupations de l’époque :
– adaptation de nos pratiques aux divers milieux : d’habitat (rural, grandes villes, grands ensembles…), scolaires (écoles, collèges, lycées, écoles normales…), sociaux (associations, enseignants…), politiques (locaux et départementaux) ;
– organisation du Mouvement : permanents, bénévoles, « nous et les autres » ;
– action éducative : individuelle, morale et sociale ;
– techniques : scoutes traditionnelles, nouvelles (expression) ;
– grandes options : éducation, loisirs éducatifs, citoyens du Monde, démocratie et efficacité, laïcité, citoyenneté…
Les conclusions du Congrès de l’AN II apparaissent dans le rapport moral 66-67 soumis à l’Assemblée Générale : des groupes de travail sont créés pour donner une suite à ces réflexions, en particulier sur « principes et formation morale » et en vue d’une « simplification de la méthode ». Une préoccupation particulière apparaît sur la pratique d’une véritable démocratie : « Pour nous, il y a harmonie entre la méthode du scoutisme qui propose aux garçons et aux filles de prendre en mains leurs propres affaires, et la vie démocratique du Mouvement qui exige du responsable, outre ses activités, une participation à la vie d’ensemble de l’Association. » On retrouve ici le problème de l’insertion des groupes locaux dans une vie associative nationale, récurrent depuis que la Fédération initiale a décidé, au début des années 40, de se transformer en association.
Deux ans avant mai 68, le compte-rendu laisse percevoir un malaise qui conduit les responsables à insister sur « l’établissement de relations de mutuelle compréhension entre jeunes et adultes (notamment au sein du conseil de groupe) ».
(Extrait de l’ouvrage « Cent ans de laïcité dans le scoutisme et l’éducation populaire »)