Des « mini louveteaux » aux « lutins ».
À partir des années 70, le Mouvement réfléchit à la création d’une nouvelle branche, ouverte aux filles et garçons de 6 à 8 ans ; quelques régions acceptent de participer à cette création, à partir d’une véritable expérimentation devant aboutir à la définition et à la mise en œuvre d’une pédagogie adaptée. Maryvonne Colomb-Chédot, alors responsable de la branche Louveteaux sur la région de Paris, a bien voulu nous résumer ses souvenirs…
L’origine ? En ce qui nous concerne, une décision de l’équipe nationale Louveteaux dont je faisais partie, et qui était alors, encore, animée par Andrée Barniaudy. Un besoin était apparu « à la base », venant d’un certain nombre de familles, et il fallait, bien évidemment, définir une réponse, et, pour commencer, l’expérimenter.
Il n’est pas toujours facile de construire une « pédagogie » de ce type : l’équipe nationale s’est posé un certain nombre de questions et donné un certain nombre de limites. La future nouvelle branche devait tenir compte de l’âge des enfants qui allaient nous être confiés, mais, aussi, elle devait s’intégrer dans l’ensemble existant et, en particulier, se différencier suffisamment de la branche Louveteaux : proposer les mêmes activités de 6 à 11 ans risquait de provoquer une réelle lassitude, donc le départ des grands louveteaux qui iraient chercher ailleurs des activités plus intéressantes, interrompant ainsi très tôt le « parcours scout ».
L’âge des « mini-louveteaux » – c’était leur nom, provisoire, dans les premiers temps – correspondait pratiquement à celui des deux premières années d’école élémentaire, c’est-à-dire à la première rupture après l’école maternelle. Les activités se présentaient donc comme une préparation progressive à la suite, avec des activités de cours d’année comme les autres branches, mais aussi quelques adaptations :
– une pédagogie spécifique, les mini-louveteaux ne devant pas être un simple petit complément à la meute,
– un rythme spécifique, plus lent, aussi bien dans les activités (sorties, jeux…) que dans les programmations (horaires),
– un effectif plus limité : là une meute pouvait recevoir 24 louveteaux en quatre sizaines, il était souhaitable de ne pas dépasser un effectif de 12 à 15 pour une unité,
– des modalités d’accueil adaptées, qui devaient, d’ailleurs, tenir compte des dispositions légales : au camp, le couchage sous tente n’était pas autorisé, et il était nécessaire de le prévoir dans un bâtiment « en dur », ce qui, d’ailleurs, pouvait poser problème dans le cas d’un camp de groupe.
J’ai le souvenir du premier camp, expérimental, qui a eu lieu en 1971 à Sainte-Suzanne, investissement de la région de Paris. Nous avons pu, peut-être par tâtonnements mais, surtout, en gardant en mémoire cet objectif de mise au point d’une méthode, définir et valider quelques idées-forces pour nos successeurs. Nous n’avons pas été les seuls dans cette étape, et il faut croire que les conclusions en ont été positives puisque la « nouvelle branche » a vu le jour, comme en témoigne un article paru dans Routes Nouvelles quelques années plus tard.
En France, il semble que les EEDF aient été les premiers, et longtemps les seuls, à se préoccuper de cette tranche d’âge. Les SGDF ont maintenant une branche de « farfadets » pour les 6-8 ans, les autres Mouvements en étant restés à la définition classique. Par contre, de nombreuses associations européennes ont cette préoccupation, par exemple en Belgique ou en Espagne, les tranches d’âge pouvant varier de 5 à 7 ans, de 5 à 8 ou de 6 à 8. Il est vraisemblable que ces différences d’articulation sont liées à celles de l’école élémentaire.
(Extrait de « Cent ans de laïcité dans le scoutisme et l’éducation populaire »)