Actuelle « coordinatrice » du Comité de Gestion et d’Animation de Bécours (CGAB), Florence nous raconte en quelques phrases son parcours, a priori méfiant, et les conclusions qu’elle en tire aujourd’hui.
Témoignage écrit
Présentation personnelle :
« En 2010 j’ai 38 ans, je suis originaire de l’Aude en Languedoc Roussillon, j’ai suivi des études en fac à Toulouse puis à l’IUFM, d’où mon métier (enseignante… trop original chez les EEDF!).
Je ne suis pas “ née éclée ”, les EEDF m’ont “ racolée ” lors d’un stage dans une école, par l’intermédiaire de la directrice, femme d’un responsable de groupe local (et oui ça ratisse large !). Elle m’a parlé d’un groupe tout récent dans mon village, genre “ je suis sûre que ça va te plaire, tu as l’esprit ”. Je me suis imaginée en jupette avec béret et chaussettes blanches, l’horreur, moi qui traînais mes guêtres plutôt dans les concerts rock… Je faisais déjà de l’animation (colo, CLSH, camp d’ados…) mais uniquement en période estivale, et vu son enthousiasme à me parler de cette association, malgré mes a priori je suis quand même allée à une réunion. C’était en 1991. Je n’en suis jamais repartie !
Tout ce qui s’est dit correspondait à ce qui me manquait dans l’animation et à ce que j’en attendais : quelque chose de moins axé sur les loisirs, moins consumériste, moins de discours post soixante-huitard sur le papier et de toute façon pas mis en place sur le terrain avec les enfants. Je recherchais en fait, sans trop le savoir, à faire de l’animation avec une continuité éducative et impliquant plus les enfants dans des projets, dans la vie quotidienne. Pas dans un contexte style “ je suis assis à table et j’attends mollement que la cantinière vienne me servir, pis après ya chépakoi comme activités ”.
Parcours dans le scoutisme :
J’ai donc commencé à 19 ans responsable d’unité dans un groupe local. J’y suis restée pas mal d’années et ce fut une excellente école pour apprendre à organiser, à anticiper, se former à l’intendance, à la comptabilité, monter des projets, rencontrer des élus, à voir du pays lors des camps. J’ai complété ma formation peu à peu (AFPS, BAFD…). Arrive le jour où on doit entrer dans la vie active, changer de département et l’engagement sur le groupe local devient trop lourd. Je me suis alors engagée au GAES* de 1999 à 2006, l’expérience que j’en retire est riche grâce à toutes les questions que ces projets et aventures humaines m’ont amenée à me poser. En parallèle je continuais à participer ponctuellement à la vie de l’association (encadrement BAFA, aide sur les gros rassemblements…). Évidemment, un jour ou l’autre on atterrit à Bécours et voilà ce qu’il advient de vous : se transformer en pauvre chose poussiéreuse et poisseuse qui pousse une brouette dans les ruelles d’un hameau, les mollets griffés par les ronces, appréhendant néanmoins le jour du départ, toute atteinte que j’ai été dès le début par le virus de la bécourrite. De Rencontres Nationales en week-end chantiers là aussi on finit par vous retenir, vous adhérez donc au CGAB, puis un jour on vous flatte pour vous présenter au bureau, et pour peu que vous ayez une grande gueule, de l’énergie, de l’organisation et de la passion pour ce lieu et ce qu’il y a à y faire, vous vous retrouvez coordinatrice.
* GAES (Groupe d’Action et d’Education à la Solidarité) : groupe EEDF toulousain, composé uniquement de responsables éclés majeurs ou d’étudiants « non issus des EEDF », ayant pour but de se former soi-même aux actions de solidarité (activités avec des porteurs de handicaps…) ou projets de coopération (à l’étranger) pour amener cette pratique, ce vécu, cette réflexion, sur son groupe local. Le GAES a fonctionné pendant 10 ans environ.
Conclusion personnelle : ce que les EDF m’ont apporté, ce qu’ils peuvent encore apporter
Je mesure chaque jour l’apport des EEDF ! À mes débuts de jeune enseignante, mon parcours aux éclés a favorisé ma compréhension des projets pédagogiques et leur méthodologie, de façon plus efficace et concrète, je dirais, que les cours à l’IUFM. L’expérience de la formation, comment se positionner par rapport au savoir, aux stagiaires (qui est-on ?, comment enseigne-t-on ?), m’ont également donné plus d’assurance et renforcé ma conception éthique de ce travail.
Sur un plan plus personnel, au fil des années, les camps, stages, congrès et AG, ont développé beaucoup de savoir-faire ou compétences, celles dont je suis le plus consciente sont l’esprit critique, la polyvalence, l’engagement, l’assurance à parler en public, la fidélité en mes convictions, la capacité à organiser, à fédérer. C’est sûrement toute mon expérience bénévole qui a forgé tout cela, mais c’est sans nul doute notre scoutisme qui m’a le plus permis de progresser.
Je suis très fière de tout ce que j’ai appris à faire aux éclés, de la capacité à débattre jusqu’au rejointoiement de murs en pierres ! »