Élu Président de l’association lors de l’Assemblée Générale 2009, Yannick Daniel a accepté un entretien téléphonique début 2010, après quelques mois. Il nous raconte son parcours, ses activités, ses engagements, son choix professionnel… et son militantisme.
Entretien téléphonique
« J’ai 38 ans, je suis travailleur social. Je suis entré aux EEDF en 1977 au groupe de Dinan dans les Côtes d’Armor, j’avais six ans. Ma famille n’y est pour rien au départ, ou presque : elle avait trouvé dans sa boîte aux lettres un tract invitant à un grand jeu dans la forêt, ça m’a plu ! Bien sûr elle s’est investie par la suite dans le Mouvement, tout comme moi.
Les EEDF étaient bien implantés en Côte d’Armor, avec six groupes actifs. J’ai fait mon premier camp à 7 ans à Pâques, avec une spécialité locale, la roulotte. Louveteau, puis éclé dans un équipage, puis responsable d’équipage, j’ai fait des camps variés, pratiquant les techniques scoutes – cuisine sur feu de bois, couchage sous tente, froissartage… – sans avoir connu les “ rituels ” traditionnels scouts – loi, promesse, totémisation.
Bien sûr, passage aux aînés : premier camp à l’étranger, en Yougoslavie, camp en Irlande suivi d’un échange avec des aînés Irlandais. Participation à un camp louveteaux, puis responsable Éclé à 17 ans pour quelques années. Retour vers les aînés pour devenir référent de branche et organiser, en 1992, avec l’aide de François Daubin, alors responsable International, un camp en Roumanie : deux ans après la chute de Ceaucescu, c’était une reprise de contact avec le scoutisme roumain. Nouvelle aventure, avec parents et amis cette fois, pour un camp de ski en Roumanie. En 1995, le camp éclé franco-roumain y a réuni 80 participants ! Ces échanges se sont prolongés jusqu’en 1996.
Dans l’intervalle, j’ai été appelé en 1992 à faire partie de l’équipe régionale de Bretagne, en même temps que de l’équipe départementale de Côtes d’Armor. Je m’y suis occupé, avec Catherine Callemard, de développement, sous la houlette de Roland Daval. En 1998, j’ai été élu responsable régional pour une nouvelle période de 6 ans… Pendant cette période, j’ai pris conscience d’une nouvelle dimension de l’animation, avec des problèmes “ territoriaux ” à résoudre : programmation de la formation, organisation de rassemblements de branches, mise en place d’une permanence régionale…
Cette responsabilité ne m’a pas empêché de participer à des activités de terrain, comme les camps Louveteaux, et de diriger, en 1994, un camp national d’aînés à Bécours – où j’ai participé, ensuite, aux rassemblements Bécours 2000 et 2004. Mais, surtout, j’ai découvert celles proposées à des handicapés par les services Vacances. D’abord avec ceux d’Orléans, pilotés par François Daubin, puis de Caen. J’y ai pris conscience de l’apport de notre méthode au service des handicapés, et je représentais en quelques sorte, pour certains animateurs non EEDF, le “ canal historique ” de notre scoutisme. Je dois dire que ce contact est pour beaucoup dans mon orientation professionnelle : ayant suivi un parcours scolaire de “ sports études ”, j’ai envisagé un moment de m’orienter vers le sport…
Après un petit break d’un an, j’ai pris conscience de la dimension nationale de notre activité et je m’y suis intéressé. J’ai été élu au Comité Directeur en 2006, en principe simplement pour participer, mais je m’y suis retrouvé trésorier adjoint pendant un an, puis trésorier pendant deux ans, avant d’être élu président en 2009, à la suite d’une petite “ crise institutionnelle ” qui remet en cause les modalités de notre fonctionnement national.
Je pense qu’une première évolution s’est située en 2006 quand le Comité National – réunissant les responsables régionaux, élus par les régions, et le Comité Directeur, élu par l’Assemblée Générale – ont été regroupés pour former le Conseil National, consulté pour la définition des grandes orientations du Mouvement. Ce fonctionnement a commencé à changer la donne en ce qui concerne le partage des responsabilités nationales. Cette réflexion est à prolonger, et le Comité Directeur, où ont été élus plusieurs responsables régionaux, va s’y atteler pour définir les modalités d’une “ co-construction ” à trouver.
Nos valeurs ? Je ne mets pas en cause notre rattachement au scoutisme, qui nous apporte une originalité, même si l’évolution de certains de nos amis du Scoutisme Français semble préoccupante et nécessite une attention. Je mets au premier plan laïcité, démocratie et éco-citoyenneté.
Laïcité, car elle propose une façon de grandir et faire grandir en s’ouvrant aux autres ; je suis particulièrement attentif aux travaux de l’Observatoire de la laïcité mis en place par le Comité Directeur.
Démocratie, car elle ne se limite pas, chez nous, à une définition théorique : j’ai été élu délégué de classe tout au long de mon parcours scolaire, de la 6e à la Terminale, y compris une fois où je n’étais pas candidat… Notre Mouvement nous apprend à tous la possibilité de prendre la parole, d’exprimer notre point de vue de citoyen.
Éco-citoyenneté enfin, car c’est une citoyenneté du futur.
Optimiste ? Je le suis. Notre scoutisme est vécu, sur le terrain, il permet la transmission de ces valeurs, il a toute sa place. »