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1980 et la suite : des témoignages de responsables nationaux

Responsable régional puis national, Jean-Yves Talois a été très impliqué dans la mise en place de services Vacances dans le secteur handicapés, dans le prolongement de notre Scoutisme d’Extension, à partir des années 70.

Entretien téléphonique

« Né en 1954, je suis aujourd’hui un “ jeune ” retraité de l’Éducation nationale. Je reste impliqué dans le secteur associatif laïque, avec quelques missions dans le cadre des Pupilles de l’École Publique.

En 1972, je suis élève de l’École Normale d’Instituteurs de Caen ; un affichage des E.E.D.F. propose un stage de formation en direction de l’enfance dite inadaptée à Saint-Clément dans l’Allier. J’y rencontre Mireille Capestan, alors responsable nationale du secteur. Les E.E.D.F. sont un Mouvement de “ scoutisme laïque ”. La juxtaposition des deux mots m’étonne : pour moi, le scoutisme est plutôt suranné, la laïcité porte des valeurs actuelles… Stages et rencontres ultérieures me permettent de constater que les deux peuvent “ jouer ensemble ” !

La suite en dépendra beaucoup : dès 1974, avant ma sortie de l’É.N. puis dans mon premier poste d’enseignant, je participe à l’animation de séjours. En 1976 et 1977, je dirige un séjour à Cautines, au Moulin de Roland, investissement de la région de Paris. Un poste de “ mis à disposition ” me permet, à partir de 1977, de devenir responsable d’un secteur vacances pour handicapés mentaux en Normandie, d’abord pour enfants et adolescents, puis pour adultes. Cette activité n’est pas indépendante de celle de la région E.E.D.F. qu’elle complète, avec de nombreuses expériences d’intégration, par exemple à Crozant dans la Creuse. Ces expériences sont très enrichissantes et permettent de faire connaître les E.E.D.F. et leurs propositions à de nombreux étudiants intéressés par ce secteur.

Bien entendu, les choses n’ont pas été faciles : au début, le local du service occupait une pièce de mon appartement, et mon épouse s’est fait former comme comptable pour en assurer le suivi financier. Mais, à la fin des années 70, ce fonctionnement est pérennisé avec la mise en place d’un demi-poste de permanent à la disposition de la région, dont la cheville ouvrière est Bernard Lefèvre. Le service vacances assure une activité de type “ social ” en liaison permanente avec l’animation plus classique des groupes locaux. On peut, actuellement, considérer que l’osmose est complète. Et l’intégration de jeunes handicapés peut être un excellent levier pour la découverte des éclés !

Cette période a duré de 1977 à 1985, époque où je reprends un poste dans l’enseignement spécialisé, sans perdre le contact avec les E.E.D.F.. En 1990, Roland Daval m’appelle à l’équipe nationale pour définir et mettre en place une nouvelle approche de nos activités dans le secteur des handicapés, dans le prolongement du scoutisme d’extension mais en réponse à un besoin de séjours de vacances plus que d’activités continues, même si le scoutisme d’extension des débuts n’est pas oublié de la plupart des établissements spécialisés que nous rencontrons. Par exemple, dans un C.A.T. du côté de Vernouillet, les animateurs se rappellent avoir été responsables de l’unité d’Extension !

Ma mission à l’équipe nationale s’achève en 1993 car je souhaite retrouver ma Normandie. L’Inspecteur d’Académie du Calvados me propose un poste à plein temps pour les Pupilles de l’École Publique, avec comme missions l’organisation de classes de découverte, le développement d’actions en direction des handicapés, en complémentarité avec l’enseignement public. Côté E.E.D.F., je fais partie de l’équipe régionale dont je suis un “ jeune ancien ”.

En ce qui concerne nos “ valeurs ”, je crois que notre Mouvement a su faire une synthèse entre le scoutisme et la laïcité, et j’y ai découvert des éléments que je n’ai pas retrouvés ailleurs. J’en retiens des mots intangibles : la confiance mutuelle, la liberté, les rencontres et l’expérimentation. Notre laïcité induit un fort respect de l’autre, quel qu’il soit, et son importance.

Il n’existe pas beaucoup de milieux où un jeune peut assurer sa propre progression en prenant des responsabilités, en échangeant des idées, en participant à des expériences…

J’ai l’habitude de dire que… “ si tu veux avancer de quelques pas, prépare-toi à faire le tour du monde ”.

Notre Mouvement a su avancer dans cet esprit, il faut qu’il le garde et évite tout “ suivisme ” et toute “ institutionnalisation ” qui le paralyseraient. Il doit rester porteur d’une volonté d’évolution, de recherche d’options, d’expérimentation. Seules les utopies sont porteuses d’avenir ! »