Le Mouvement a recruté ses cadres nationaux dans tous les secteurs de l’Hexagone et il est très important que les diverses sensibilités régionales y soient représentées : c’est ainsi que Jean Gariepuy, ancien responsable régional de Bretagne, a été appelé à la présidence dans une période de réflexion sur l’avenir.
Témoignage écrit.
« 68 ans, divorcé, 3 enfants, 3 petits-enfants.
Un engagement dans l’enseignement spécialisé.
École Normale d’instituteurs de Rennes, de 1958 à 1963, puis professeur de collège d’enseignement général et, finalement, instituteur – éducateur spécialisé avant de devenir directeur d’établissements à caractère social et médico-social dans le cadre de l’association départementale des Pupilles de l’Enseignement Public.
C’est une carrière assez atypique mais qui démontre toutes les possibilités d’engagement qu’offrait l’École Normale… Je peux dire que je ne regrette rien : même si j’ai beaucoup aimé enseigner dans une classe, j’ai adoré ce que j’ai fait par ailleurs.
Un parcours bénévole en a tout naturellement résulté, avec les Pupilles dont j’ai été, à partir de 2000, année de ma retraite, trésorier puis président départemental,,président régional, et enfin secrétaire général adjoint au plan national.
Une quarantaine d’années à divers échelons…
Mes débuts remontent aux Scouts de France, de 1957 à 1960, dans une patrouille libre, comme second, chef de patrouille puis assistant au chef de troupe.
Dès la seconde année de mon arrivée à l’École Normale de Rennes en 1959, alors que j’étais encore aux SDF, je suis entré aux Éclaireurs de France. J’y ai exercé successivement les fonctions de responsable Louveteaux, responsable Éclaireurs, de district, de groupe et commissaire régional avec quelques arrêts pour enfants ou profession. Ma formation EDF et EEDF est passée par plusieurs étapes : camp école préparatoire, Cappy en 1960, stage Gilwell Park en 1969, tisons DCC, formateur et responsable de stages régionaux…
Je suis devenu en 1994 vice-président et en 1997 président du Comité Directeur.
Les EEDF ? un Mouvement de scoutisme laïque engagé.
Le document “ Engagement des EEDF ”, à la rédaction duquel j’ai participé lorsque j’étais président et qui a été adopté par l’AG de Montluçon en 1998, rappelle les valeurs et fondamentaux du Mouvement, auxquels nous sommes plus que jamais fidèles :
– un Mouvement de scoutisme laïque,
– un Mouvement de jeunesse et d’éducation populaire, partenaire éducatif de l’école publique et de la famille, et promoteur des méthodes actives,
– un Mouvement éducatif engagé, qui défend les valeurs de laïcité, de coéducation, de démocratie, d’ouverture, de solidarité, d’écocitoyenneté.
La conclusion de ce texte me paraît toujours d’actualité : “ Vivre aujourd’hui pour devenir demain. ”
Nous nous étions également beaucoup impliqués dans le projet 1998/2002, “ Agir pour grandir ”, (du dire au faire) : développement de la personne, mais également développement du Mouvement, décliné dans les Branches et les différents échelons, ainsi que dans les secteurs “ handicapés ”, “ international ”, “ formation ” et “ jeunes en difficulté sociale ”, en milieu rural ou urbain.
Une évolution positive.
Sommes-nous si éloignés des principes de BP, et des “ moyens éducatifs ” du scoutisme décrits par Henry Gourin dans les années 50 ?
L’évolution s’est faite sans trop d’à-coups… si l’on excepte la période post 68. Mais la reconstruction s’est opérée petit à petit, et l’on a même vu à Bécours, le 1er août 2007, au “ lever du soleil sur le Scoutisme ”, un siècle après le camp de Brownsea, des jeunes – et moins jeunes ! – éclés renouveler leur promesse et faire le salut scout !
Toujours à Bécours, en 2007, j’ai animé une rencontre de jeunes du Scoutisme Français : la conclusion des rapporteurs, après une âpre discussion, était que leurs associations, accueillant tout le monde, sans distinction de croyance (!), étaient laïques, elles aussi ! Je ne suis pas pour autant certain que les structures dirigeantes des SGDF catholiques, des EEUDF protestants, des EEIF juifs et des SMF musulmans partagent cette analyse !
Ces dernières années, les effectifs, stabilisés, amorcent une remontée. L’engagement des responsables paraît plus court qu’autrefois. Il s’apparente, semble-t-il, davantage à un CDI qu’à un CDD… Est-il pour autant moins fort ? Je ne le pense pas. L’époque où certains responsables exerçaient leur sacerdoce jusqu’à 77 ans s’achève. Est-ce un mal ? Je ne le pense pas non plus.
Les jeunes, et notamment les responsables et aînés, ont une meilleure information sur leur environnement, et, notamment, semble-t-il, une meilleure approche politique, par rapport à la nôtre au même âge. Tant mieux ! Globalement, l’évolution me paraît positive.
Nos difficultés ? Celles de toutes les associations et un environnement en pleine mutation.
Une fois élu au Comité Directeur, j’ai participé à beaucoup de congrès, de réunions nationales et régionales, voire locales, de camps d’été… Je me suis rendu compte de l’extrême diversité de notre Mouvement. “ C’est une richesse ! ” m’a-t-on dit. Oui, très certainement, mais à condition qu’on n’y fasse pas n’importe quoi. Et il est parfois difficile d’intervenir pour rappeler à certains potentats locaux que leur ancienneté et leur action dans le Mouvement ne justifient en rien l’appropriation indue d’un investissement, d’un groupe local ou de quelque structure que ce soit. C’est sans doute un des problèmes les plus importants dans le Mouvement (et dans tout le monde associatif !).
Viennent ensuite les difficultés relationnelles qui empoisonnent de temps à autre le fonctionnement : l’affectivité est toujours présente et c’est naturel… mais quand elle s’exacerbe, elle devient un frein. On perd beaucoup de temps, à tous niveaux, à gérer les problèmes d’ego des uns ou des autres.
Autre problème, plus actuel : le désengagement de l’Éducation Nationale qui risque d’entraîner la suppression de beaucoup de postes d’animateurs professionnels, si on n’a pas eu suffisamment tôt le souci de les financer autrement que par ses subventions.
Le Mouvement saura faire face, malgré tout.
La suppression progressive des subventions de l’Éducation Nationale, donc, mais aussi le changement programmé du paysage politique local vont conduire les EEDF à s’adapter à la création de nouvelles collectivités territoriales, à la disparition des I.A. et des D.D.J.S., etc. J’ai une grande confiance dans les capacités de notre Mouvement, qui, malgré les difficultés a toujours su faire face.
Merci les Éclés !
Les EEDF m’ont apporté énormément : des amis, tout d’abord. Et puis une éthique, une formation qui m’ont beaucoup aidé, dans ma vie personnelle mais aussi dans ma vie professionnelle. Elles m’ont, notamment, donné le goût, le sens des responsabilités… et la capacité de les exercer.
Je n’ai jamais manqué et je ne manquerai jamais une occasion de parler des Eclés : comment ne pas faire connaître un Mouvement qui donne aux jeunes d’aujourd’hui, comme il l’a fait hier, l’envie et les moyens de devenir des citoyens actifs dans le monde de demain ? »