Les journaux régionaux de la F.F.E.
Nos archives contiennent quelques (rares) exemplaires des publications régionales. C’est bien dommage, car ce qu’on découvre en parcourant ces précieux vestiges, c’est toute une tranche de la vie de la FFE qu’on ne trouve pas ailleurs. Beaucoup plus près du terrain que les revues nationales, plus personnalisées que les documents administratifs nationaux, ces revues débordent de petits échos de ce qui se fait ici et là, donnent des nouvelles des unités, parlent des activités provinciales, traduisent les préoccupations des CPr, qui en sont les premières instigatrices. Nous présentons ici nos richesses, tous dépôts confondus, en espérant que l’une ou l’autre de nos lectrices pourra compléter ces indications. Nous lançons par là même un appel à toutes nos amies qui ont encore des trésors dans leurs greniers, à compléter nos collections.
Toutes ces revues se ressemblent quant à la forme : elles sont généralement ronéotypées, et de fabrication artisanale. Il y a des pages mal imprimées, doublées ou sautées, à la numérotation hasardeuse, et tout ce qui montre l’immense travail de fourmis bénévoles et non professionnelles, qui a été accompli dans les provinces. Parfois une ambitieuse se lance dans une illustration, tracée d’une pointe hésitante sur un stencil rétif ; telle autre a soigneusement collé sur chaque exemplaire un joli titre calligraphié, mais impossible à reproduire à la ronéo. Certaines années de vaches grasses, la parution est régulière et abondante. D’autres fois, la relève mal assurée ne permet pas de servir plusieurs fois par trimestre. L’amélioration de la revue suit probablement l’augmentation des effectifs, comme sa décadence en suit le déclin. Les numéros du temps de la guerre et de l’immédiat après-guerre se ressentent de la rareté et de la mauvaise qualité du papier et des fournitures nécessaires.
Ainsi la revue bretonne, d’abord « Feuilles régionales » en 1944, tapée à la machine sur papier pelure, et agrafée, et qui n’est en somme qu’une lettre circulaire de la CPr, agrémentée de quelques nouvelles, dès le mois de novembre est ronéotypée, s’intitule « Bulletin régional de Bretagne » et comporte 8 à 10 pages. En décembre 1945 ce mensuel prend le nom de Vent debout, et en janvier 1946, il est imprimé en petit format, sur quatre ou huit pages pliées en deux. Février 1948, Vent debout est de nouveau ronéotypé, même si en 1949 il s’orne d’illustrations, il ne retrouve pas son lustre d’antan.
Nous en possédons les années 1944 à 1949 :
Polycopiés : 1944-1945, dix numéros
Imprimés : 1946-1948, treize numéros
Polycopiés : 1948-1949, huit numéros
La Boussole, feuille de liaison mensuelle de la Province du Nord, ronéotypée, se présente avec un édito, comporte parfois des jeux, des fiches techniques. Nous avons deux périodes : 1954-1955 et 1958 à 1963, 6 numéros. Chaque numéro propose un éditorial, et cite longuement un auteur : Thucydide, Bernanos, Mounier, Camus, Montaigne, Valéry … Les nouvelles foisonnent des unes et des autres, camps, challenges, congrès, résumés de conférences. On sent une activité intense et chaleureuse. Le congrès provincial de 1953, à Lille, sera présidé par Sarment, Colette Roulet. Pour le camp de Pâques de Raismes en 1953, il nous est rappelé que les enveloppes de paillasses doivent être marquées et envoyées à l’avance, pour remplissage dans les délais voulus. Quelle organisation ! La CR dit ensuite qu’on y a eu bien froid. En 1954, la responsable EMT M. Mazoyer Rawhide, a été invitée. On trouve, en 1957, les noms de Marcassin, N. Foroux, Arlette Tarel, Nouzak…
La clé des champs (1955), puis le Sans Sosie (1955 à 1958) ont été d’autres titres éphémères de la région de » Douai.
Canto per you, journal régional puis provincial du Languedoc, est plus modeste. Il y a 6 pages ronéotypées pour les numéros que nous avons : 1941 à 1945, une vingtaine de numéros. Canto per you est réalisé par R. Lafont, CR Haut Languedoc, et J. Granon, CR Bas Languedoc. Interviennent également Maki, Geyser, Chouette, Koala. Un grand jeu « la Belle Joute » est programmé en 1942, avec R. Bruppacher Roseau, et L. Hardi. Nous trouvons des échos des challenges, et une longue page sur la mort de chef Walther.
Jus de Quetsches (Lorraine Champagne)
Un numéro de mai 1947, deux numéros de 1948, dont un, à demi-format, soigneusement cousu à la main, l’autre de quatre pages agrafées, et un (photocopies) de mars-avril 1949. La signature de Rit (Madeleine Hanriot) y figure plusieurs fois, avec celle de Jacqueline Sylvain, CPrN.
Le Léopard de Normandie est ronéotypé sur papier vert du plus bel effet. Il contient des fiches techniques, de nombreuses illustrations. 1948 à 1961, six numéros. J. Vancayzeele est CPrN. Le programme provincial de 1960 s’intitule « Léopard 60 ».
L’Olivier. Lettre mensuelle aux cheftaines d’Algérie, 6 ou 8 pages ronéotypées, de 1941 à 1948, 6 numéros. On y lit une extraordinaire activité. La revue donne également la liste, très importante, des unités implantées en Algérie, l’annuaire complet pour 1942. Les signatures sont celles de Mme Leenhardt, P. Desplaces, Y. Place, D. Chatoney, A. Lafuente, Mme Shemla, Jeanne Moatty … Que de dynamisme et de capacités !
Les Petits Ruisseaux, journal mensuel de la province du Rhône (Dauphiné Savoie). De 1940 à 1944, une vingtaine de numéros ronéotypés, signés Feu follet, Lac, Jeanne Ranson, Myrtille, Luce St Genis, Sympa. Un camp de CC a lieu à Mardi-Gras en 1940. Nous lisons le compte rendu des camps d’été, du camp national de 1941. En 1942, des rencontres pour le 22 février, camps de Pâques et d’été, aux Courmettes, des challenges. Les messages de la CR essaient de remonter le moral de toutes, et de re-dynamiser les unités. L’équipe provinciale est citée, Lise Gauthier Etoile de mer, Simone Métifiot Muskwa, Henriette Grandjean Flèche, Françoise Tournier, E. Reynier Serfouette… Le district de la Vienne et celui du Maconnais y ont leurs pages.
Salade, petit journal illustré à l’usage des cheftaines du Centre. C’est la seule de nos publications qui ne soit pas ronéotypée. Elle est lithographiée, et d’un bel aspect. Quatre feuilles recto-verso, pliées en deux, ornées de nombreux dessins, que la technique employée rend plus faciles à faire. Mais nous n’en avons qu’un numéro, de 1933, presque entièrement de la main de la rédactrice, R. Bruppacher. On trouve aussi les signatures de R. Ste Claire Deville, Cactus, Aloes de Clermont Ferrand. On annonce un camp école aux Mesnuls, à Montfort l’Amaury à Pâques 1933. Une page est réservée au Secteur Bourgogne.
Cœur (Région Centre), difficile d’en faire une longue description, nous n’en avons qu’un numéro ronéotypé de 1941, qui est une lettre de la CPr. La rédaction était assurée par M.J. Besson
Le Tambourinaire (Provence)
Entre 1939 et 1945, une quinzaine de numéros ronéotypés. A. Demêtre Bison, E. Glogg, G. Hunt, A. Brun, A. Finck, Lézard ont en 1941 présidé aux destinées du Tambourinaire avec Sarment A. Montet, et Cabri, G. Janey. La revue précise que le secrétariat national ne se tient plus à Château Silhol, mais à Vichy. L’indispensable annuaire figure en bonne place.
Vent d’Est, créé en 1932 comme publication régionale de l’Est jusqu’en 1939, puis provinciale d’Alsace. Sa rédaction avant guerre était assurée par J. Bricka, commissaire régionale, qui n’hésitait pas à tancer les unités en retards dans le paiement des cotisations. A partir de 1945, les CPr, E. Klaenschi, T. Klipffel, M.L. Lévy, y donnent les consignes, les convocations, les demandes de lieux de camp, le carnet … La collection conservée va de 1935 à 1939, et de 1945 à 1958, avec des lacunes.
Citons encore : La Pieuvre, revue de la Région Sud Ouest, dont nous n’avons d’exemplaires que sur deux années, 1946 à 1947, et qui faisait suite à La Liane, feuille régionale du sud-ouest, dont la publication va en tous cas de 1931 à 1940.
D.T. « debrouillum tibi », revue mensuelle des cheftaines de la région de la Seine, qui bénéficie d’un solide secrétariat, et d’effectifs confortables. Huit, dix, douze pages ronéotypées, agrafées en coin, parfois sur pages de couleurs ou de plusieurs couleurs, il est l’ancêtre de notre DT actuel. Nos collections en comptent entre 1938 et 1961, une vingtaine de numéros. On y trouve les annuaires complets de la Seine en 1940, et l’impressionnant appareil des commissaires. Sont citées L. Lépine, M. Bruneton, M.B. Hébert, S. Lemaire ; deux nouvelles sont présentées : F. Kapferer, et V. Ginger.
Dès novembre 1953, on trouve en couverture la Nef parisienne, reproduite dans le DT 100 page 3. Et un numéro de 1961 a tous ses titres et en-têtes calligraphiés à la main.
Le titre, dans un latin de cuisine qui n’a pas choqué les cheftaines de la Seine, ni en particulier Yvonne Robichon qui a ainsi baptisé leur revue, en hommage à Chef Walther qui avait l’habitude de répondre à chaque demande d’aide ou de directives : « Débrouille-toi ».
En 1981, Pouliche, Marise Arnaud, a repris ce titre en créant la revue des Anciennes de la FFE.
Denise Zwilli