… et une formation à la démocratie
Contribution d’Andrée Mazeran-Barniaudy
Vers une laïcité plus affirmée
Et une formation à la démocratie
En mars 1947, l’Assemblée Générale des E.D.F. adopte la modification des statuts du Mouvement. Ce nouveau texte introduit la référence à la laïcité en identité avec l’école publique. La notion de devoir civique, intimement lié à la défense de la liberté, est mis en valeur. Cette même A.G. vote l’adhésion à la Ligue de l’Enseignement.
Sous l’impulsion de son président, Monsieur Monod, et de son Comité Directeur, le Mouvement s’est orienté vers une plus grande démocratie. Les unités, de plus en plus gérées par les jeunes eux-mêmes, devenaient des « sociétés de jeunes ».
L’évolution des techniques, en ouvrant un plus grand éventail d’activités, permettait aux unités (meutes, troupes, clans) d’exploiter des possibilités nouvelles, de mieux répondre aux intérêts de chaque enfant ou adolescent. Le mot d’ordre « technique nouvelles » répondait à celui de liberté. Et une plus grande liberté allait dans le sens d’une plus grande démocratie.
Le congrès de chefs qui a eu lieu au lycée Michelet à Vanves à Pentecôte 1949 a donné lieu à une démonstration éclatante de réalisations E.D.F. dans les domaines les plus divers, et ses travaux ont été centrés sur « les sociétés de jeunes ». Notre président était là, nous pouvions l’aborder facilement. Sa présence, sa force de persuasion a, sans doute, contribué à notre motivation et à notre enthousiasme. J’en ai été le témoin en tant que participante de 18 ans !
Conclusion :
L’évolution du Mouvement E.D.F. dans les années 47-50 s’est faite dans une très grande cohérence, malgré les apparences d’effervescence. Une volonté d’engager le Mouvement dans une formation à la citoyenneté en affirmant sa laïcité et son devoir civique s’est traduite dans les nouveaux statuts.
Un désir de rompre avec l’uniformité, en introduisant des techniques nouvelles souvent audacieuses, a conduit à une plus grande liberté. Cette « audace » venue de la base a été intelligemment canalisée, organisée, par les instances nationales. La liberté entraînait la discussion, la contestation, la concertation… C’était le chemin vers la démocratie.
Cela s’est traduit par la transformation de nos unités en sociétés de jeunes. Laïcité, liberté, démocratie, formation du citoyen, ne pouvaient s’exercer que dans une société mixte : la coéducation s’est donc imposée en même temps. La cohérence de cette évolution vécue et organisée en même temps prouve le sérieux et le « génie pédagogique » des Éclaireurs de France de cette époque.
Les manifestations du cinquantenaire des E.D.F. à Orléans, Clermont-Ferrand et Paris en 1961 ont été une démonstration de ce travail abouti. Dans une grande cohésion, cadres, jeunes, petits et grands, garçons et filles, en ont été les acteurs.
(Les parties en italiques ont été soulignées par l’auteur)