C’est vrai.
Le souvenir du camp de l’Oradou tenu à Clermond-Ferrand du 24 au 26 septembre 1940 est suffisamment fort pour que le SF en fasse le titre de son journal. C’est à l’Oradou que 20 cadres de six associations créént le SF qui est constitué en association en décembre 1940.
La conception de l’Homme « d’un optimisme mesuré » en ce début d’automne 1940 alors que la France vient de subir l’une des plus grande défaites de son histoire, que les combats ont fait 93 000 morts, qu’il y a 2 millions de prisonniers en Allemagne et que les deux tiers du pays sont occupés traduit en fait un sacré optimisme dans l’avenir !
Le SF se choisit comme président le général Joseph Lafont (1874-1961), président des SDF depuis 1936. Général d’armée (5 étoiles) en 1939, il commande en juin 1940 la région militaire de Bordeaux et joue un rôle de premier plan dans les dernières heures de la IIIe République. Il restera à la direction du SF jusqu’en avril 1948. Sur cette photo qui paraît en couverture de l’EDF de novembre 1943, il porte l’insigne SF composé de celui des trois associations masculines hors EI et son foulard de Chamarande. Lors de la réunion de l’Oradou, il est bloqué en zone Nord. Il a été nommé président du BIF en août 1940. Le SF est le premier mouvement de jeunesse agréé par le gouvernement le 24 juillet 1941.
Cet homme va conduire le SF au travers des tourments de la seconde guerre mondiale. C’est un ami très proche du maréchal Pétain qu’il connaît et apprécie. Il est décoré de la Francisque, décoration officielle, très tôt. Il fait décorer l’aumônier général SDF, le père Forestier. Le 19 mars 1942, il organise un dîner au cours duquel le maréchal Pétain décore Dary (SDF), Gastambide (EUF), François (EDF), Basdevant (SF) de la Francisque. Gastambide la renvoie le lendemain par la poste… Les associations féminines n’ont pas été associées à ce dîner et les EIF ont été dissous deux semaines auparavant, le 7 mars 1942.
Le PCF lui reprochera vivement sa Francisque qui permet de le faire passer pour un fasciste. L’information judiciaire ouverte contre lui à la Libération sera classée et il sera témoin dans plusieurs procès à la Libération (Pétain, Weygand, Baudouin).
On va le voir, il saura dans l’adversité faire preuve d’un réel courage. Il s’oppose aux projets de jeunesse unique et soutient les EIF contre les projets antisémites du gouvernement.
Le premier défi auquel il est confronté est l’interdiction du scoutisme décidée par les Allemands par une ordonnance du 28 aout 1940 rendue publique le 22 septembre 1940. Ce texte qui suspend l’activité de toutes les associations vise clairement le scoutisme, même s’il n’y est pas nommé. Le SF ne s’y trompe pas et le premier document qu’il écrit est cette lettre du 1er octobre 1940, signée uniquement des SDF, EUF et EDF, envoyée au SGJ lui demandant de protester auprès de la délégation d’armistice.