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2015 : quelques réflexions sur la coéducation aujourd’hui

 

 

Discussions croisées

Temps animé par Nadine Tetron et Maud Réveillé

 

On propose d’aborder trois thématiques, sur un mode d’échanges croisés, de brainstorming collectif, dans l’optique d’esquisser des pistes pour que le Mouvement des EEDF puisse trouver une nouvelle dynamique sur les questions de coéducation et d’égalité des sexes. Ces trois thématiques sont l’impulsion politique, la formation, la pédagogie et les outils pédagogiques.


Nous avons ici ordonné les échanges, mais sans hiérarchiser ou sélectionner les prises de paroles.


Quelle impulsion politique sur ces sujets, tant au niveau national que régional ?


Une question préalable à se poser : les acteurs de l’association, notamment les jeunes, ne se disent-ils pas qu’il n’y a plus de problèmes sur ces sujets ? Être conscients que la situation sociale n’est pas du tout la même que lors de la création des EEDF : on avait alors conscience d’être en avance, et on avait conscience des progrès à faire. Aujourd’hui, la situation semble plus difficile pour initier une mobilisation, parce que, dans la société comme dans l’association, il y a un risque à se dire « il n’y a plus de problèmes ». Les progrès faits ces dernières années sur l’accession de femmes à des responsabilités (responsable et trésorière régionales, collège féminin du CD) dans l’association peuvent, par exemple, masquer des inégalités persistantes, comme l’a montré la mesure des temps de parole lors de l’assemblée générale (entre 10 et 25 % seulement pour les femmes, mesures sur 3 années consécutives).

→ un enjeu : convaincre que c’est un sujet, un enjeu majeur dans l’association

→ Expliciter combien c’est un sujet inhérent à notre projet éducatif depuis toujours (notamment par la question de l’épanouissement individuel) et non pas une préoccupation nouvelle.

→ sujet aussi en vogue, auprès des Ministères, des financements sont possibles jusqu’en 2017 au moins.

→ s’appuyer peut-être sur l’écart du nombre de filles et de garçons dans l’association ; et d’un constat d’une tendance générale à la baisse du nombre de filles dans les Mouvements de scoutisme (AMGE).

Sur la question de l’impulsion politique, envie exprimée par des représentants de plusieurs mouvements présents de travailler ensemble, par exemple au sein du scoutisme français, avec en outre un sentiment d’avancer un peu isolés chacun dans nos Mouvements. Avec un objectif qui ne serait pas de débattre, mais, sur une base déjà commune, de construire ensemble. C’est le bon moment.

Se poser la question de la mesure de la réussite, quels seraient nos critères de progrès.

→ une proposition d’intégrer les outils de valorisation de progression personnelle, type brevets, dans cette réflexion,

→ se pencher sur les outils utilisés dans le monde du travail sur la question de la mixité et de la diversité.

Deux manières de regarder des situations inégalitaires : on peut regarder l’individu, se dire qu’il y a quelque chose en lui qui génère ces comportements inégalitaires ; ou on peut se dire que le comportement est lié à une situation.

Examiner plutôt collectivement des situations inégalitaires, et essayer de déconstruire ce qui les rend inégalitaires. La question des prises de parole est assez intéressante : on peut se dire que c’est avant tout les hommes qui parlent beaucoup et les femmes pas assez, ou on peut se dire que la configuration spatiale, la manière de choisir les thèmes de discussion, bref le cadre du débat est plus ou moins propice à de l’égalité.

→ il existe des techniques lors d’assemblée pour visibiliser les équilibres de prises de parole : par exemple dire que ceux qui souhaitent parler viennent se placer à l’avant, de manière à rendre visible l’alternance H/F

 

Quelle formation, comment intégrer ces préoccupations dans notre action de formation ?


Un aspect fort des formations éclés est l’idée de se remettre en cause, d’interroger ses pratiques, de prendre du recul. Les questions de genre et d’orientations sexuelles peuvent parfaitement s’intégrer dans cette matrice, si on le veut.

La capacité d’autocritique est une nécessité sur ces sujets, et c’est précisément quelque chose qui est central dans nos formations.

Le contenu de ce que l’on voudrait faire et travailler sur les questions de coéducation et d’égalité des sexes semble prêt : ce que l’on cherche collectivement, c’est le vecteur, le moyen de le diffuser, d’accompagner l’appropriation par les responsables. Il peut être intéressant de lier la question de la coéducation avec une réflexion renouvelée sur la diffusion des intentions éducatives et des outils pédagogiques dans l’association, ayant depuis longtemps constaté la limite des supports type fiches, plaquettes, brochures en termes d’appropriation.

→ l’attention et l’intérêt collectif semblent plus facile à générer « en personne », lors de rencontres comme les week-end tremplins, que ce soit en ateliers ou en discussions informelles. Utiliser les gens qui font des choses : raconter, témoigner de ce que certains tentent, pour donner envie. Proche d’une logique très anglo-saxonne du « role model », s’appuyer sur celles et ceux pour qui c’est une priorité éducative et qui en font un élément central de ce qu’ils mettent en œuvre pour « essaimer ».

Montée en puissance des règles et contraintes dans l’exercice d’encadrement de mineurs… l’exercice devient très contraint, ou au moins perçu comme tel.

→ un enjeu : vigilance à ne pas présenter ce sujet comme une contrainte, trouver le bon levier pour donner envie d’agir.

lors qu’il s’agit de travailler avec les responsables d’animation, arrêter d’en discuter et le faire. Dire « il faut que vous réfléchissiez à ça » ne permet pas d’avancer, ça entre dans une multitude de « choses à ». Dans les formations par exemple, des séquences de formation ne sont pas nécessairement le meilleur moyen de sensibiliser : en revanche, mettre en œuvre une réelle égalité et une vigilance sur ces sujets dans l’organisation de la vie quotidienne, des prises de parole, des prises d’initiative, ça permet de contribuer à le rendre incontournable, évident.

→ sur la question de la réglementation : ne pas hésiter à interpeller les institutions, à se positionner comme expérimentateurs sur certains sujets, à porter nos actions comme des expérimentations auprès des Ministères (y compris en matière de formation avec le classique base – stage – appro : partir de l’expérience et travailler une pédagogie sur la base de ce que l’on a fait)

→ Ne pas négliger, lors que l’on a « fait ensemble », l’étape d’explicitation : dire quelle était l’intention derrière cette action, la rendre visible et liée à notre projet éducatif.


Quels moyens et outils pédagogiques ?


Nécessité de proposer une gamme d’outils pédagogiques pour traiter ces sujets de manière active.

Faire la nuance entre l’attention collective à une répartition équilibrée des compétences et appétences entre des filles et des garçons, et la question des choix individuels (ne pas forcer les filles à faire des sioules). Le minimum de ce qu’est le scoutisme, c’est d‘ouvrir les verrous, de permettre à chacun de vivre ce qu’il souhaite, en élargissant aussi le champ des possibles par rapport à ce qu’un modèle social offre. Déconstruire ces verrous, ça nécessite parfois de construire nos activités dans une optique d’inciter à la découverte, au-delà de leur socialisation. De poser à un cadre qui permette de dépasser les stéréotypes intégrés et des déterminants sociaux.

Être vigilant sur les questions d’effectifs : la recherche de l’équilibre (et non de la stricte parité) correspond avant tout à éviter les situations de minorités insupportables.

Ne pas négliger que, lors de la création, les EEDF étaient un des rares espaces pour être ensemble filles et garçons, notamment puisque l’école n’était pas mixte. Aujourd’hui, on ressent parfois le besoin d’une non-mixité, ponctuelle, dans un contexte où la vie scolaire est mixte.

Réfléchir à la place de la non-mixité, aux conditions dans lesquelles elle peut être pertinente en tant qu’outil.