Isabelle Dhoyer, présidente des E.E.D.F.
Conclusion de cette « journée de la mémoire du scoutisme laïque »
Concernant le sujet de la coéducation, je me suis questionnée sur mon propre parcours. J’ai identifié deux ou trois caractéristiques de ma situation, qui peuvent expliquer ma perception, l’impact, la place qu’a la coéducation dans ma construction personnelle.
Le 1 : j’ai grandi dans une famille nombreuse (6 enfants) et j’ai un frère jumeau : le nombre et la mixité étaient pour moi déjà quotidien, normal,
Le 2 : l’école publique devient mixte,
Je me souviens de mon institutrice un peu perdue, à l’idée de devoir adapter le cours de gym et l’atelier de travail manuel. Pour elle, les autres contenus ne poser pas de problème.
Le 3 : les EEDF, un complément, une continuité éducative, un espace d’aventure.
Avec le recul, je garde la sensation que ce qui m’a été proposé au sein de mon groupe local éclé m’a permis de vivre une coéducation dans une époque où cela était novateur.
Je pense que je suis de la génération qui a profité des expérimentations, des nouveautés pédagogiques et relationnelles. La mixité, la coéducation, sont une évidence à ce moment-là.
À mon tour, devenue responsable, j’ai choisi d’animer la branche « éclaireuses / éclaireurs ». J’en garde un formidable sentiment de plaisir, d’aventure, de liberté et d’école de la vie. C’est là que j’ai appris le plus, je crois, sur moi et sur les autres… et c’est là que j’ai initié la démarche de curiosité, d’apprentissage par l’action, et compris que l’imagination, la créativité servaient la vie.
La nouveauté qui peut déstabiliser apporte l’occasion d’expérimentation, de questionnement, d’évaluation, de remise en question, d’ajustement
De là, je pense que le contexte de départ détermine la façon de mettre en œuvre la proposition éducative et donc la coéducation.
Les équipages peuvent être mixtes ou non mixtes : tout dépend du contexte, de la situation et de l’objectif visé.
La coéducation fait partie des fondements des EEDF, comprise dans un Ensemble de « valeurs » que sont : la laïcité, la démocratie, la solidarité, l’écocitoyenneté.
Il me semble essentiel d’avoir une approche complète : chaque VALEUR s’appuie sur les autres ; le SENS, la direction à suivre est donné par l’ensemble.
La coéducation : un fondement de notre « vivre ensemble ».
En 2016, les EEDF construisent leurs « Orientations Nationales », ç’est peut être l’occasion de réactiver, de réaffirmer la volonté de vivre une coéducation adaptée à notre époque.
À chaque époque, à chaque endroit, les relations Homme / Femme sont établies dans un contexte de « pouvoir », de culture, d’éducation, qu’il nous faut connaître et intégrer dans notre analyse pédagogique.
Nous devons former nos cadres, nous devons débattre de ces sujets et clarifier les enjeux, et ainsi pouvoir adapter la proposition éducative à la situation locale.
Dans notre contexte actuel, le vivre ensemble est au cœur de toutes les préoccupations…
Chaque structure d’activité doit s’adapter à son public. Je pense que la coéducation ne peut pas toujours avoir la même réponse éducative.
J’aime à dire que « la liberté c’est de savoir tout faire ». Je n’ai pas la prétention de savoir tout faire, mais l’idée est de rendre libre en permettant à chacun de pouvoir apprendre ce qu’il a besoin, ce qu’il a envie… de cultiver la curiosité et de permettre à chacun de trouver par lui-même et avec les autres.
Pour s’épanouir, pour développer ce que l’on est, pour se trouver, pour oser, pour s’aventurer… Pour vivre ensemble … il est essentiel d’exister, d’être reconnu : ça doit se déterminer en compétences, en qualités – et non « en fille ou garçon ».
C’est ça le scoutisme …
Isabelle Dhoyer
Présidente des EEDF