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2015 : Un peu d’histoire de la coéducation

 

 

Quelques exemples d’ « étapes » dans l’avènement de la coéducation…

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Dans la Bible, l’histoire de Loth

(Loth est un agriculteur de la vallée de Sodome, très pieux et respectueux des lois, en particulier en ce qui concerne l’hospitalité. Il vient de recevoir deux visiteurs qu’il a installés chez lui) :

«  Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions ».

Loth sortit vers eux à l’entrée de la maison, et ferma la porte derrière lui. Et il dit :

« Mes frères, je vous prie, ne faites pas le mal ! Voici, j’ai deux filles qui n’ont point connu d’homme; je vous les amènerai dehors, et vous leur ferez ce qu’il vous plaira. Seulement, ne faites rien à ces hommes puisqu’ils sont venus à l’ombre de mon toit. »

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Vers 1960, l’orphelinat de Cempuis,

première expérience de coéducation des filles et des garçons

Extraits du site « Wikipedia » :


L’orphelinat de Cempuis est un orphelinat créé au début des années 1860 en région parisienne par Joseph-Gabriel Prévost. Il est connu pour avoir été dirigé de 1880 à 1894 par Paul Robin qui en fit le premier établissement expérimental d’éducation libertaire, où il mit en application ses principes sur l’éducation intégrale. Cet établissement fut la première école mixte française, et fit scandale à ce titre. Après avoir été géré par la Ville de Paris, il dépend aujourd’hui de la Fondation des Orphelins Apprentis d’Auteuil.

La création par Prévost :


L’orphelinat fut créé par Joseph-Gabriel Prévost, un philanthrope, dans son village natal de Cempuis2. Prévost était lié avec Ferdinand Buisson1, alors membre du Comité de secours et de patronage pour les orphelins de Paris. Celui-ci l’amena à signer, en 1871, un accord avec cette organisation philanthropique protestante afin de confier à l’orphelinat des enfants choisis par le comité.

Toujours sous l’influence de Ferdinand Buisson, Gabriel Prévost légua son œuvre et la totalité de ses biens au département de la Seine, pour entretenir son orphelinat de Cempuis en lui conservant son caractère d’établissement laïque ; il nomma Ferdinand Buisson pour son exécuteur testamentaire. Après le décès de Prévost, en 1875, et le règlement de sa succession, Ferdinand Buisson confia la direction de l’établissement à Paul Robin en 1880.

Les pratiques d’éducation intégrale sous la direction de Robin :


Paul Robin mit en pratique à Cempuis, sur un nombre important d’enfants, les théories sur l’éducation intégrale qu’il avait formulées dès 1869-1870. Cette éducation, basée sur la conviction de l’égalité de tous pour l’accès à l’éducation, voulait donner aux enfants des classes défavorisées, notamment, une éducation complète s’adressant aussi bien à leur corps et à leurs sens (pratique du sports et apprentissage manuel) qu’à leur intelligence et leur sensibilité (pratique de la musique notamment). Elle se caractérisait en outre, en raison du parcours personnel de Paul Robin, lui-même ancien Internationaliste, par son caractère athée et a-patriotique. Un autre aspect très novateur de l’œuvre que Robin accomplit à Cempuis, était la « coéducation des sexes » qui éduquait filles et garçons ensemble, côte à côte, comme dans les familles naturelles.

La fin de l’expérience :


En 1894, une campagne de presse très virulente fut menée contre Paul Robin par la Libre Parole. Octave Mirbeau prit alors sa défense et dénonça la collusion liberticide entre Cartouche (les politiciens républicains corrompus) et Loyola (l’Église catholique rétrograde). Si Paul Robin dut quitter la direction de l’orphelinat, son œuvre lui survécut sous la direction de maîtres et disciples formés par lui.

Bibliographie :


–   Christiane Demeulenaere-Douyère, « Cempuis. Un idéal d’éducation libertaire », Barricade, n° 4, février 2012.

–   Christiane Demeulenaere-Douyère, « Cempuis ou l’éducation libertaire aux champs (1880-1894) », dans Arnaud Baubérot et Florence Bourillon (dir.), Urbaphobie. La détestation de la ville aux XIXe et XXe siècles, Conseil général du Val-de-Marne-CRHEC-Editions Bière, 2009,

–   Christiane Demeulenaere-Douyère, « Buisson et l’Orphelinat Prévost de Cempuis », dans Laurence Loeffel (dir.), Ferdinand Buisson. Fondateur de la laïcité, militant de la paix, actes du colloque commémorant le 70e anniversaire de la disparition de Ferdinand Buisson, Grandvilliers, Oise (septembre 2002), Amiens, CRDP, 2004,

–   Christiane Demeulenaere-Douyère, Paul Robin (1837-1912). Un militant de la liberté et du bonheur, Paris, Publisud, 1994.

–   Nathalie Bremand, Cempuis, une expérience d’éducation libertaire à l’époque de Jules Ferry. 1880-1894, Editions du monde libertaire, 1992.

–   Renaud Violet, Régénération humaine et éducation libertaire. L’influence du néo-malthusianisme français sur les expériences pédagogiques libertaires avant 1914, mémoire de maîtrise, Strasbourg, 2002.

Les anarchistes en France 1880-1910 André Nataf, Hachette, 1986.

Extrait du site « L’encyclopédie anarchiste » :

L’accueil dans la presse :

–   Le Temps : « la porcherie de Cempuis »

–   La Libre Parole : « La pudeur naturelle à tous les animaux n’existe pas à Cempuis »

À propos de Paul Robin :

« Cet ignoble polisson a converti l’orphelinat Prévost en maison de tolérance »

« Robin contamine les enfants du peuple en les initiant aux théories préconisées par Épicure et le marquis de Sade »

« Abominable fripouille dont la méthode, soi-disant philosophique, consiste à faire des expériences sur des petits innocents sans défense, sans appui, sans protection… »

(Félicie Numietska, la coéducation, 1905)

 

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Vers 1880, la création des lycées de jeunes filles :

Quelques pages extraites de l’ouvrage de Mona Ozouf « L’École, l’Église et la République, 1971-1914 », collection Kiosque :

 

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Extraits du site « Vers demain »

Concernant la coéducation et l’éducation sexuelle

Par Pie XI. 31 décembre 1929 – Encyclique « Divini Illius Magistri »


Initiation téméraire


Il est un genre de naturalisme souverainement périlleux, qui, de nos temps, envahit le champ de l’éducation en cette matière extrêmement délicate qu’est la pureté des mœurs.

Très répandue est l’erreur de ceux qui, avec des prétentions dangereuses et une manière choquante de s’exprimer, se font les promoteurs de ce qu’ils appellent «l’éducation sexuelle». Ils se figurent faussement pouvoir prémunir la jeunesse contre les périls des sens, uniquement par des moyens naturels, tels que cette initiation téméraire et cette instruction préventive donnée à tous indistinctement, et même publiquement ou, ce qui est pire encore, cette manière d’exposer les jeunes gens, pour un temps, aux occasions, afin, dit-on, de les familiariser avec elles et de les endurcir contre les dangers.

Nature fragile

 

La grande erreur, ici, est de ne pas vouloir admettre la fragilité humaine, de faire abstraction de cette «autre loi dont parle l’Apôtre, qui lutte contre la loi de l’esprit»; de méconnaître les leçons de l’expérience montrant à l’évidence que, spécialement chez les jeunes gens, les fautes contre les bonnes mœurs sont moins en effet de l’ignorance intellectuelle que surtout de la faiblesse de la volonté, exposée aux occasions et privée des secours de la grâce.

Si, en matière aussi délicate, compte tenu de toutes les circonstances, une instruction individuelle devient nécessaire, en temps opportun, et de la part de qui a reçu de Dieu mission d’éducateur et grâce d’état, il reste encore à observer toutes les précautions que connaît si bien l’éducation chrétienne traditionnelle et que l’auteur Antoniano développe suffisamment en ces termes:

«Telle et si grande est notre misère, notre inclination au péché, que souvent ces choses mêmes que l’on nous présente comme remède au péché deviennent occasion et exaltation à ce même péché. Il importe donc extrêmement qu’un père, digne de ce nom, qui a à traiter avec son fils de matière aussi dangereuse, se tienne pour bien averti de ne pas descendre dans le détail des choses et des modes variées dont sait user l’hydre infernale pour empoisonner une si grande partie du monde. Autrement, au lieu d’éteindre le foyer du mal, il risquerait de l’allumer et de l’activer imprudemment dans le cœur encore simple et délicat de son enfant. Généralement parlant d’ailleurs, tant que dure l’enfance, il conviendra de se contenter de ces moyens qui, par eux-mêmes, font entrer dans l’âme la vertu de chasteté et ferment la porte au vice».


Coéducation


C’est une erreur du même genre et non moins pernicieuse à l’éducation chrétienne que cette méthode dite «coéducation des sexes», méthode fondée, elle aussi, aux yeux d’un grand nombre, sur un naturalisme négateur du péché originel.

En outre, pour tous ses tenants, elle provient d’une confusion d’idées déplorables, qui remplace la légitime communauté de vie entre les hommes par la promiscuité et le nivellement égalitaire. Le Créateur a ordonné et disposé la parfaite communauté de vie entre les deux sexes seulement dans l’unité du mariage; ensuite, elle les sépare graduellement dans la famille et dans la société. Il n’y a d’ailleurs dans la nature elle-même, qui a fait les sexes différents par leur organisme, par leurs inclinations, par leurs aptitudes, aucune raison qui montre que la promiscuité, et encore moins une égalité de formation, puissent ou doivent exister.

Les sexes, suivant les admirables desseins du Créateur, sont appelés à se compléter réciproquement dans la famille et dans la société, et justement par leur diversité même.

Cette diversité est donc à maintenir et à favoriser dans la formation et dans l’éducation, en sauvegardant la distinction nécessaire, avec une séparation correspondante, en rapport avec les âges différents et les différentes circonstances. Ces principes sont à appliquer en temps et lieu, suivant les règles de la prudence chrétienne à toutes les écoles, mais principalement durant l’adolescence, la période la plus délicate et la plus décisive de la formation. Dans les exercices de gymnastique ou de délassement que l’on ait particulièrement égard aux exigences de la modestie chrétienne chez la jeunesse féminine, pour laquelle sont de grave inconvenance tous genres d’exhibition et de publicité.


Par « Vers Demain » – Crimes contre nature


Rappelons-nous ce qu’a dit la Sainte Vierge à Jacinthe de Fatima en 1917: «Le péché qui entraîne le plus grand nombre d’âmes en enfer, c’est celui de la chair».

Or, le plus grand malheur de notre temps, c’est l’ignorance religieuse en général et en particulier des vertus morales et surtout de la pureté. De nos jours on n’aime pas parler de pureté, modestie, chasteté, mais la sexualité est exaltée… Un mot que sur les lèvres chrétiennes, on n’osait, autrefois, à peine prononcer. Aujourd’hui, la presse, la radio, la télévision, les discours, etc. nous rabattent les oreilles à la longueur de journées de ces termes grossiers évocateurs d’impureté.

Bien plus, l’enseignement sans Dieu a entrepris cette abomination de révéler à des petits innocents les mystères délicats de la transmission de la vie, mystères qui relèvent uniquement de la compétence des parents, aidés de la grâce de Dieu, à eux seuls conférée par le sacrement de mariage.

Au Québec, dans des écoles du Ministère de l’Éducation, la pilule est offerte aux jeunes filles à partir de l’âge de 12 ans et l’avortement est suggéré aux mineures concernées sans que les parents soient mis au courant. Quand cesseront tous ces crimes contre nature et contre Dieu? Quand arrêtera cette course vertigineuse vers les mœurs bestiales?

Il est temps de réagir contre cette décadence des mœurs qui met en péril la vie familiale et précipite les âmes en enfer.


Paroles de Pie XII, 18 septembre 1951


Il est un terrain sur lequel l’éducation de l’opinion publique, sa rectification, s’imposent avec une urgence tragique. Elle s’est trouvée, sur ce terrain, pervertie par une propagande, que l’on n’hésiterait pas à appeler funeste, bien qu’elle émane cette fois de source catholique et qu’elle vise à agir sur les catholiques, même si ceux qui l’exercent, ne paraissent pas se douter qu’ils sont, à leur insu, illusionnés par l’esprit du mal.


Intolérable effronterie


Nous voulons parler ici d’écrits, livres et articles, touchant l’initiation sexuelle, qui souvent obtiennent aujourd’hui d’énormes succès de librairie et inondent le monde entier, envahissant l’enfance, submergeant la génération montante, troublant les fiancés et les jeunes époux.

Avec tout le sérieux, l’attention, la dignité que le sujet comporte, l’Église a traité la question d’une instruction en cette matière, telle que la conseillent ou le réclament, tant le développement physique normal de l’adolescent que les cas particuliers dans les diverses conditions individuelles. L’Eglise peut se rendre cette justice que, dans le plus profond respect pour la sainteté du mariage, elle a, en théorie et en pratique, laissé les époux libres en ce qu’autorise, sans offense au Créateur l’impulsion d’une nature saine et honnête.

On laisse atterré en face de l’intolérable effronterie d’une telle littérature: alors que, devant le secret de l’intimité conjugale, le paganisme lui-même semblait s’arrêter avec respect, il faut voir violer le mystère et en donner la vision — sensuelle et vécue — en pâture au grand public, à la jeunesse. Vraiment c’est à se demander si la frontière est encore suffisamment marquée entre cette initiation soi-disant catholique, et la presse ou l’illustration érotique et obscène, qui, de propos délibéré, vise la corruption ou exploite honteusement, par vil intérêt, les plus bas instincts de la nature déchue.

Ce n’est pas tout. Cette propagande menace encore le peuple catholique d’un double fléau,  pour ne pas employer une expression plus forte. En premier lieu, elle exagère outre mesure l’importance et la portée, dans la vie, de l’élément sexuel.

Accordons que ces auteurs, du point de vue théorique, maintiennent encore les limites de la morale catholique; il n’en est pas moins vrai que leur façon d’exposer la vie sexuelle est de nature à lui donner dans l’esprit du lecteur moyen, et dans son jugement pratique, le sens et la valeur d’une fin en soi.

Elle fait perdre de vue la vraie fin primordiale du mariage, qui est la procréation et l’éducation de l’enfant, et le grave devoir des époux vis-à-vis de cette fin, que les écrits dont nous parlons laissent par trop dans l’ombre.