.… et l’histoire du scoutisme au Sénégal
In Memoriam Saïdou Kane
Saïdou Abdoulaye Kane dit Baba Tokossel naquit à Marssassoum, en Casamance le 5 décembre 1935, où son père Abdoulaye Saïdou Oumar Kane était forestier. Sa famille est originaire de Saldé, ce centre historique du Fouta Toro, témoin archéologique du passage des Sérères, avant leurs pérégrinations migratoires dans d’autres lieux du Sénégal. Il appartient à la grande famille des Kanekanebee. Cousin germain de l’auteur de l’Aventure ambiguë, car sa mère Aïssata Racine était la sœur de Yéyya Kane, mère de Cheikh Hamidou Kane. Il est également le cousin d’Abdoulaye Elimane Kane, Hibou patient et de notre regretté Commissaire général Ahmed Beddi Kane, Pingouin taquin et farceur.
En 1962, Abdoulaye MBAYE, Commissaire régional du Cap vert venait d’être affecté à la Régie des chemins de fer, à Thiès et s’était vu confier par le congrès régional de Thiès, les destinées de cette belle région.
À chacune de mes escapades dans la capitale du rail, j’allais au Service de la comptabilité saluer notre vaillant Commissaire général Malick Diop Héron et c’est dans son Bureau, que Saïdou me fut présenté. La même année, en novembre 1962, il faisait ses premiers pas dans le mouvement Éclaireur, comme Chef de meute. Au cours du XXVe anniversaire, il fut mon invité à Gorée, qu’il découvrait pour la première fois. Le citoyen d’adoption du Cayor, qu’il était avait eu froid dans la chaloupe Saint-Charles, qui a cette époque-là assurait la liaison Dakar-Gorée. Cette nuit qu’il passa à Gorée, fut courte; car le lendemain dès 6h30, nous rejoignions le lieu du rassemblement national, où la plupart des représentants de toutes les régions des Éclaireurs du Sénégal avaient dormi, c’était dans la cour de l’école primaire Faidherbe, devenue depuis, École El Hadj Bibi N’Diaye, du nom de l’économe émérite de l’École normale William Ponty, proche ami de Maître Lamine Gueye. Il me fit une promesse, qu’il tint, d’organiser un grand camp pour les éclaireurs et louveteaux thièssois à Gorée, qui connut un grand succès.
Saïdou pour revenir à lui, était un éminent spécialiste de la branche cadette des Éclaireurs du Sénégal. Déjà en avril 1963, il participait comme stagiaire au Camp école préparatoire (CEP) de Mboro ; avant de poursuivre sa formation dans le cadre du Centre africain de formation, à la session de juillet-août 1964 à Dabou, en Côte d’ivoire. En plus de son diplôme de camp-école louveteaux n°145, il passa avec succès le diplôme d’instructeur de CEP n°40. Cette année-là, outre Abdourahmane Sow à l’encadrement, dans l’équipe de gestion et Albert Ndiaye de passage pour animer quelques conférences, les EDS avaient envoyé une forte délégation de stagiaires : Saïdou Kane, Ndèye Aïdara et Fatou Diallo aux louveteaux, Anta Diouf et Massérigne Sèye aux Éclaireurs et Moussa Cissé à la route.
Dès son retour, il devint le Commissaire aux louveteaux de la région de Thiès, puis le Commissaire régional, après le départ d’Abdoulaye Mbaye réaffecté à Dakar, au Centre des établissements publics.
En juillet 1967, le Centre africain de formation organisait une session premier degré à Dabou et fit appel à Saïdou dans l’équipe d’encadrement du sous-camp louveteaux. Cette session était suivie d’une session de deuxième degré, le Septième camp international d’entraînement louveteaux à Agboville, en Côte d’Ivoire, premier Cappy louveteaux organisé par le Centre africain de formation. Les EDS avaient sélectionné quatre représentants : Saïdou Kane, Mbor Thiaw (qui, suite à un empêchement de dernière heure, a été remplacé par Hamidou Bâ), Raoul Yansunnu et votre fidèle serviteur (Malick M’Baye). Saïdou obtint le diplôme n°29 ; quelques années plus tard, à l’Assemblée générale des EDS, à Thiès, en 1969, Saïdou devenait le Commissaire national aux louveteaux.
En 1974, lorsque la région connaîtra une baisse d’activités et un déficit de responsables, il n’hésitera pas à revenir militer au niveau régional, pour redynamiser le scoutisme laïque dans la région de Thiès et c’était tout à son honneur. Que de fois au cours de mes multiples missions professionnelles en Afrique ou de mes déplacements en France, nombre d’anciens du CAF se rappelaient à son souvenir et s’enquéraient des nouvelles de Saïdou. La plupart des stagiaires avaient été marqués par le souvenir de l’ambiance de ses sessions de formation et d’animation, tandis que d’autres évoquaient la dégustation de son thé Sénégalais digestif si prisé, qu’il leur fit découvrir et apprécier.
Il était jovial et avenant, toujours prêt à faire rire et à servir. Son engagement sans faille à la cause du scoutisme l’honorait. Il demeurera un grand éclaireur du Sénégal. Qu’il repose éternellement en paix, dans cette terre bénie du Cayor.
Malick M’Baye