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1940 : Avant le Scoutisme Français : le bureau interfédéral (BIF)


Le particularisme E.I. dans un contexte scout à la française (1928-1940)


Contribution d’Henri-Pierre Debord

La naissance du « Scoutisme israélite est double comme pour les autres familles tant confessionnelles que neutres : il y a une naissance « masculine » et une « naissance féminine ». Cette distinction « Féminin-Masculin » va conduire à des évolutions contrastées.

Côté masculin, le Bureau Interfédéral du Scoutisme (B.I.F. crée en 1923 et fortement influencé par les Américains) va refuser à deux reprises l’admission des Éclaireurs Israélites de France, une première fois en 1928 et une seconde en 1937.

Côté féminin, La Fédération Française des Éclaireuses reçoit en son sein en 1927 la « section I » (Section Israélite). La naissance de cette section est communément datée  de 1928.

Cette même année 1928, les Mouvements existants  s’opposent à la multiplication de Mouvements scouts en mettant en avant que l’association « neutre » des Éclaireurs de France est à même d’accueillir les groupes Éclaireurs Israélites de France en son sein. Certains avancent par ailleurs que le refus a pu être motivé par la création à l’initiative des E.I.F. d’un « badge sioniste ». Il importe à cet égard de présenter du mieux possible ce qu’est le sionisme des années vingt en France et en Europe plus généralement (Hertzl, idéologie politique nationaliste, revendication d’un État, mais aussi espérance religieuse et réalité de l’antisémitisme alors que les esprits sont encore marqués par l’affaire Dreyfus et que les migrations d’Europe centrale impactent villes et quartiers).

En 1937, Le B.I.F formule de  nouvelles exigences :  

– réduction de l’action sioniste des Éclaireurs Israélites de France,  

– limitation du nombre d’étrangers dans les groupes Éclaireurs Israélites de France,  

– affiliation des groupes Éclaireurs Israélites de France d’Afrique du Nord aux Éclaireurs de France.

C’est dans ce contexte que des relations souvent bilatérales vont se mettre  en place :

–  formation des chefs Éclaireurs Israélites de France à Cappy, camp-école des E.D.F. et des E.U.,

– participation officielle d’une délégation Éclaireurs Israélites de France au camp inter-fédéral organisé par les E.U. à Walbach l’été 1936,

– réception à la Sorbonne de Baden-Powell pour les 25 ans des Éclaireurs de France et des Éclaireurs Unionistes,

– participation des Éclaireurs Israélites de France au Jamboree de 1937 dans le cadre d’une délégation « mixte » Éclaireurs de France/Éclaireurs Israélites de France.

Les Éclaireurs Israélites de France entrent officiellement  au Bureau Interfédéral du Scoutisme  le 30 mars 1939, c’est-à-dire plus de dix ans après leur première demande et un peu moins d’un an et demi avant « Montoire » et  l’installation de l’« État de fait » à Vichy.