… et création d’une F.F.E. pour les éclaireurs
1919 : le clergé et le scoutisme
L’Éclaireur de France de février 1919 rend compte d’une difficulté apparue dans certaines régions, due à la réaction du clergé catholique à l’encontre du scoutisme en général et, localement, du scoutisme des E.D.F. en particulier. Il nous a semblé intéressant de reprendre ici certains passages de ce texte dont le copie n’est pas toujours très lisible.
Le rédacteur fait une différence entre ceux « qui (…) ont horreur des innovations et s’effarent de voir entamer la lutte contre la routine chère à leurs esprits » et « une campagne de dénigrement menée par le clergé en chaire, au confessionnal et dans la presse ». Un article des « Nouvelles de Bretagne » trouve que « sous ses dehors de neutralité et de tolérance le scoutisme imite trop la franc-maçonnerie pour ne pas poursuivre le même but » et « briser le ressort moral de la jeunesse ». De plus « par sa prétendue neutralité, le scoutisme est opposé aux directions du St Siège, (…) il méconnaît l’importance de la formation morale et religieuse de la jeunesse par l’esprit laïque et irreligieux de ses directeurs, (…) il paraît bien, en dépit des déguisements dont il se couvre, une filiale de cette association antichrétienne ». Et comme on leur impose « un serment qui porte préjudice au droit des familles », on peut dire que « les parents manqueraient gravement à leurs devoirs et enfreindraient un précepte formel de l’Église en permettant à leurs enfants de s’enrôler dans les Éclaireurs ».
En réponse à ces accusations importantes car, dans un pays où une grande majorité des enfants reçoit une formation religieuse catholique, les parents peuvent être sensibles à cette mise en garde. La réponse à apporter s’appuie sur « l’esprit scout qui est fait de tolérance, de bienveillance et de fraternité, rappellent que la grande guerre en a montré la réalité… et que « un haut prélat de l’Église, l’évêque de Saint-Brieuc et Tréguier, a bien voulu donner son patronage à la section d’Éclaireurs de Saint-Brieuc en acceptant de faire partie de son Comité d’honneur.
Il s‘agit donc apparemment d’un reliquat d’une guerre déjà presque perdue, que nous avons évoquée par ailleurs, d’une partie de la hiérarchie catholique contre le scoutisme : des jeunes catholiques sont membres des E.D.F. (dont certains dirigeants sont pratiquants et ne le cachent pas), des expériences sont menées en divers endroits pour aboutir, quelques années après, à la création d’associations catholiques de scoutisme qui deviendront logiquement majoritaires. Sans lien avec la franc-maçonnerie…
1919 : création d’une Fédération Française des Éclaireurs
Le 3 août 1918 est créée une fédération qui a pour objet de « grouper en un seul faisceau toutes les associations qui s’efforcent sans arrière pensée de travailler pour le Pays par le Scoutisme ». Fondée par les Éclaireurs de France et les Éclaireurs Unionistes, « elle accueillera les bras ouverts tous les autres groupements réguliers de boy-scouts ayant le même idéal noble et généreux ».
D’où un appel vibrant :
« Chers camarades,
Désormais, lorsque vous vous rencontrerez nez à nez avec des troupes d’Éclaireurs Unionistes, ne vous regardez plus en chiens de faïence, au milieu d’un silence méfiant coupé seulement de réflexions plus ou moins aimables, mais fraternelles, puisque vous êtres triplement frères maintenant, comme Français, comme scouts et comme membres de la Fédération Française des Éclaireurs, et travaillez en commun. »
Petit rappel peut-être utile, à l’origine d’une coopération qui concernera entre autres, au plan national, le camp-école de Cappy et l’édition en commun du « Journal des Éclaireurs ».