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2018 : Du passé au présent…

 

… la continuité d’une réflexion

 

 

Innovations et leçons du passé :

 

un questionnement d’hier comme d’aujourd’hui

 

 

 

 

Henri-Pierre Debord, A.H.S.L., ancien vice-président des EEDF

 

 

 

 

Nous voici arrivés à ce moment sensible, peut-être même crucial d’une « Journée de la Mémoire du Scoutisme laïque » où il s’agit de s’interroger sur les raisons, le sens, même, d’un rapport entre passé, présent et avenir dans l’éducation par le Scoutisme.

 

 

 

 

Le Scoutisme est un mode d’éducation qui se définit par  des buts, des principes et une « méthode ». Et ces buts, principes et méthode se sont affinés avec le temps. Accorder sa place au temps, c’est comprendre le sens d’un « but », c’est partager  l’« Histoire d’un but ».

 

 

 

 

Le but qui nous intéresse aujourd’hui, c’est le but « Former des citoyens utiles ». Baden Powell écrivait dans le « Guide du Chef Éclaireur » : « Le but de la formation scoute est d’élever le niveau général de ceux qui seront les citoyens de demain, surtout en ce qui concerne le caractère et la santé, de remplacer l’égoïsme par le service et de faire de chaque garçon une personne efficace, du point de vue physique comme du point de vue moral dans la perspective d’utiliser cette efficacité au service de la Communauté. » Le principe qui nous intéresse aujourd’hui, c’est le « principe d’auto-éducation progressive » de chaque membre accompagné, soutenu, éveillé par l’adulte. Les points de la « méthode » qui nous intéressent aujourd’hui sont : la « progression personnelle », le « système des équipes », le « développement communautaire » que nous avons, nous Éclaireuses, Éclaireurs de France, autrement dit « scouts laïques » vocation à… et habitude d’appeler « service de la Cité » ou « participation active à l’épanouissement du Vivre ensemble ».

 

 

 

 

Ce matin, chacun des intervenants a esquissé sa vision d’une évolution historique en prenant en considération, selon le point de vue qui était le sien :

 

–   les évolutions dans le temps des structures éducatives de base mises en œuvre au service du projet éducatif du Mouvement,  leur histoire propre, leur façon d’être efficientes pour une « tranche d’âge », une « branche »  et la manière pour chacune  de se situer le cas échéant par rapport à celle qui précède et à celle qui suit ; la démocratie, dans le scoutisme : enjeu d’animation mais aussi  enjeu de fonctionnement. C’était notamment le sens des exposés d’Adeline Eloy-Gavazzi, pour la première facette, et de Jean-Claude Darmengeat pour la seconde ;

 

–   les réflexions et débats à propos du rôle des « branches » et de la vocation à inscrire la « progression » dans un contexte philosophique de valeurs à promouvoir, au premier rang desquelles l’aspiration à « construire un citoyen ». Retenons à ce sujet le propos introductif d’Yvon Bastide et l’intervention de Dominique Bénard ;

 

–   la psychologie de chaque  tranche d’âge avec, en arrière-plan, l’importance relative pour chaque âge et chaque profil psychologique du « réel » et de l’« imaginaire ».

 

–   enfin, mais l’éventail n’est pas exhaustif, l’autonomie de chaque branche dans sa prise de conscience de la nécessité de répondre au besoin des enfants, des adolescents de s’approprier leur vie collective, de  vivre un scoutisme débattu, réfléchi. Comment ne pas retenir la leçon d’expérience d’Adeline ;

 

 

 

 

Au sein d’un Mouvement de jeunesse, qui plus est Mouvement de Scoutisme, le propre des générations qui ont fait vivre des « transitions », des « ruptures », des « révolutions culturelles » est de n’être plus dans l’action présente sauf à considérer que « transmettre », procéder à une « transmission » de  sa vision et son expérience reste de l’action ; le propre de la génération « aux affaires » est de conduire son projet dans un contexte donné, plus ou moins facile à circonscrire et à analyser, le propre des générations d’avenir est de « rêver » le projet tel qu’il leur est présenté, de s’intégrer dans un « système des équipes » renouvelé, transformé, résultat éventuel de « transgressions »  et d’en faire une  perspective d’engagement pour poursuivre l’aventure d’un Scoutisme laïque et démocratique, fier de ses racines, de son identité et de son idéal. Enfin,  le propre de la rencontre intergénérationnelle est de favoriser les échanges de questionnements et d’expériences, d’assurer la compréhension d’une époque, d’un contexte social, culturel, de formaliser  les transitions successives afin d’éclairer la démarche éducative visant à éveiller des « Scouts laïques » à l’idéal démocratique, à la pratique de la démocratie en jouant le jeu de « citoyens de leurs  sociétés de jeunes » sociétés identifiées au regard de la « méthode scoute » par le vocable « système des équipes »  pour cheminer vers l’objectif  « Citoyens de la grande Cité ».

 

 

 

 

Transmission, transitions, transgressions : trois mots qui éclairent les passages du passé au présent et du présent à l’avenir.

 

 

 

 

Allons-nous retrouver ce triptyque dans les interventions de cet après midi ? Attendons de voir. Ce qu’il est possible d’ores et déjà d’indiquer, c’est que nous trouverons dans ces interventions des échos aux transitions et transgressions passées visant à faire vivre la démocratie dans un cadre d’éducation non formelle fondé sur une méthode , la « méthode scoute » , en premier lieu dans la vie nationale :  ce sera l’exposé de Saâd Zian, délégué général des E.E.D.F, qui remplace au pied levé Isabelle Soltysiak-Gallet, vice-présidente des Éclaireuses et Éclaireurs de France, retenue in extremis par des obligations professionnelles, puis ensuite  dans la vie des groupes locaux. Deux visions de la démocratie dans la pratique de la vie des « branches », tranches d’âge, vont nous être ainsi apportées, pleines d’enseignements sur la manière d’être scout, démocrate, j’oserai dire également « républicain ». Les évènements de ces deux dernières années ont sans doute contribué à enrichir et à préciser encore davantage le lien entre vie scoute et contexte sociétal. Gregory Vandenberghe, du groupe de Lambersart (Hauts de France), traitera de « la démocratie aux éclés : impact dans l’équipage et l’unité au service du projet et prolongements dans la société ». Puis Sylvie Bachelet du groupe de Fontainebleau-Dammarie-les-Lys abordera le thème « Semer des petites graines pour éveiller les consciences des citoyens de demain ».

 

 

 

Viendra alors, après échanges avec vous toutes et tous, le temps de la réflexion conclusive présentée par Isabelle Dhoyer, Présidente des E.E.D.F.  Cette troisième édition de nos « Journées de la Mémoire du scoutisme laïque »  consacrée à «du système des patrouilles à la société de jeunes : l’émergence de la démocratie dans le scoutisme laïque» aura mis en lumière, nous l’espérons, une facette de notre idéal : « jouer à la vie » par le scoutisme, avec ses principes, ses buts, sa méthode, nos « valeurs » témoins vivants et éducatifs de  notre attachement à la liberté, à l’égalité et à la fraternité.

 

 

 

 

Simone Veil, notre sœur éclaireuse de la F.F.E. qui nous a quittés en juillet dernier – ayons en ce moment en mémoire la présence d’une délégation des Éclaireuses, Éclaireurs de France à l’hommage national qui lui a été rendu dans l’Hôtel des Invalides – déclarait « Je n’aime pas l’expression “ Devoir de mémoire ”. Le seul “ devoir ”, c’est d’enseigner et de transmettre. » Soyez rassurée, Madame ! Quand nous disons « Mémoire » (dans « Journée de la Mémoire »), nous ne pensons pas « devoir de mémoire ». Nous pensons « devoir de transmettre », « devoir de faire vivre de la façon la plus harmonieuse possible les transitions souvent liées aux contextes que nous impose  notre société » et, quand il le faut, nous pensons également « devoir de transgression ». Transitions, transgressions, transmission…

 

 

 

 

Autrefois, nous aurions  dit : « Maîtres-mots ».  Aujourd’hui ? …