Conclusion :
Si l’on admet, comme nous le proposons, que le scoutisme ne contient pas, en lui-même, l’idée de démocratie, on peut constater que, dans ce domaine comme dans d’autres, le scoutisme laïque a fait preuve d’innovation, aussi bien dans ses objectifs que dans ses méthodes et leur mise en œuvre. Et qu’il a pris, comme dans d’autres domaines, un certain nombre de risques pas toujours clairement identifiés et traités. On retrouve un peu le cheminement qui a accompagné le choix de la coéducation des filles et des garçons : un certain nombre de réticences devant des innovations par rapport à des habitudes acquises, la nécessité d’une pédagogie permettant la diffusion des conclusions d’une expérimentation, un accompagnement structuré avant généralisation… Vaste programme !
Contrairement à l’impression qui peut en être gardée aujourd’hui, cette innovation n’était pas évidente au plan «culturel». Si nous risquons un peu d’analyse transactionnelle, il semble qu’elle supposait une modification importante de la relation présente à tous les niveaux du Mouvement : alors que la notion de formation, tant du comportement que des connaissances, – inhérente à la définition du scoutisme – suppose une relation de type «parent / enfant», la démocratie repose sur l’idée que la relation peut être «adulte / adulte». Ce qui présente une difficulté, mise en évidence par Jean Estève dans la plaquette «Notre style» : la décision, collective ou non, suppose un recueil d’informations qui peut nécessiter un apport de type… non démocratique. Mais c’est aussi un problème pour l’enseignement et, plus généralement, dans la vie du citoyen…
Autrement dit, des pièges se sont ouverts sur le trajet, nous y sommes quelquefois tombés… Et nous avons quelquefois «essuyé les plâtres». Mais c’est peut-être aussi le rôle de notre Mouvement, et la plupart des autres nous ont rejoints. Le scoutisme est un organisme vivant, il n’est pas figé pour l’éternité, il faut bien que certains essayent de le faire évoluer…