… présenté par un numéro spécial de Routes Nouvelles
« Routes Nouvelles » de juillet 1980, après un éditorial consacré à la défense de la vie associative, ouvre un dossier « Les EEDF et les vacances pour handicapés » qui fait assez complètement, après une dizaine d’années, le point sur l’orientation du Mouvement sur ce que l’article considère comme « un problème national », à partir de quelques chiffres mettant en évidence l’importance quantitative du problème, qui concerne près d’un million de jeunes, dont plus des 2/3 handicapés mentaux. Cette approche quantitative, pas très fréquente dans le scoutisme, l’était encore moins dans le secteur «Extension», qui s’adressait à l’origine, essentiellement, à des jeunes scolarisés dans des établissements d’enseignement, sans trop se préoccuper de les voir comme un ensemble.
Notons au passage que ce constat rejoint celui qui, trois décennies plus tôt, avait conduit à la mise en place des grands services de vacances d’adolescents (Saint-Jorioz et La Gaillarde avec René Tulpin, Circuits Corse avec Claude Deru). Le rapprochement ne s’arrête d’ailleurs pas à cet aspect, mais concerne aussi une évolution, celle du scoutisme classique – une action éducative tout au long de l’année – vers une activité limitée dans le temps – les « vacances ». Point peut-être pas très mineur puisqu’elle a longtemps conduit certains à considérer que « ce n’est plus du scoutisme ».
Cette évolution est rappelée par le deuxième chapitre du dossier qui évoque l’organisation, à partir de 1965, de séjours destinés aux jeunes handicapés mentaux. Comme l’indique le numéro spécial édité en 1970, ces séjours ont été mis en place par le nouveau Commissaire National de la branche Extension, René Simonnet. La plupart ont eu lieu au domaine de Saint-Clément apporté par les Éclaireurs Français lors de la création du nouveau Mouvement. Cette action est importante car elle marque un choix de la part de ce responsable national : Érable Lévy-Danon, créatrice du service, avait consacré ses efforts à la mise en place de groupes scouts « classiques » dans les établissements – et en particulier, pour les handicapés mentaux légers, dans les classes de perfectionnement – ; son successeur choisit cette nouvelle orientation, qui va être, au fil des années, celle de l’association, comme le prouve ce dossier présenté une quinzaine d’années plus tard.
Nous suggérons aux visiteurs la lecture des pages qui suivent, qui, dès cette époque, mettent en évidence les conséquences de ce choix :
– régionalisation des actions (ici encore, nous retrouvons une caractéristique des grandes activités déjà évoquées : il ne s’agit plus de « groupes » mais de « services » et leur rattachement est départemental ou régional,
– appel à des « moniteurs », en général salariés, dont seulement une partie a été formée par le Mouvement,
– diversité des activités (camps itinérants, séjours équestres…),
– ouverture progressive aux adultes,
– le lien au scoutisme « traditionnel »…
et les problèmes que cette évolution pose au Mouvement, aussi bien dans son organisation que dans ses principes de fonctionnement.