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2018 : le scoutisme d’extension et l’éducation populaire en direction des handicapés auditifs

 

 

Les évolutions :

 

La société…

Heureusement, la société change, les élèves ne vont plus en rangs deux par deux des salles de classe aux cours de récréation. En 1962, révolution à l’internat, arrivée du premier éducateur spécialisé diplômé. Ce nouveau personnel remplace petit à petit les surveillants au pair, organise des loisirs avec des moyens financiers qui n’existaient pas auparavant. Non seulement les surveillants disparaissent, mais les scouts aussi, très progressivement. Les bénévoles que nous sommes apparaissent comme des concurrents du travail des éducateurs. Le moins qu’on puisse dire est que les écoles d’éducateurs ou bien ne parlent pas du scoutisme, ou bien n’en disent pas beaucoup de bien…

Les choses vont très vite : ouverture de l’école vers l’extérieur, participation des élèves à de nombreuses activités extra-scolaires, surtout sportives. Fermeture de l’établissement le dimanche, puis le samedi. Les jeunes, aidés par des personnels spécialisés (interprètes, codeurs, auxiliaires de vie, rééducateurs,…), sont admis dans les établissements scolaires « ordinaires », le plus près possible de leur domicile.  Ils peuvent faire des études supérieures en faisant appel à des interprètes, et bénéficier des progrès dans les aides auditives (prothèses, implants…) et les moyens de communication (vidéo, portables, ordinateurs, etc.)

 

Les activités…

Reste le problème des grandes vacances, il n’y a pas d’obligation de service pour les éducateurs l’été. L’I.N.J.S. n’est pas le seul établissement à fermer ses portes en juillet et août, des élèves d’autres établissements doivent trouver des accueils pour l’été. Première étape, nous décidons donc d’ouvrir nos camps d’été, conservés, à des jeunes de toutes origines, scouts ou non, de tous établissements. Ce qui conduit à la création d‘un lieu qui sera le Fieux près Saint-Goussaud dans la Creuse ; les sourds y accueilleront des entendants appartenant à des unités E.E.D.F. (et non l’inverse). Cette « coéducation sourds-entendants » sera le principe pédagogique directeur de ces séjours. Ces séjours « ouverts » resteront d’abord très « scouts » mais vont, petit à petit, s’éloigner des moyens éducatifs classiques du scoutisme. Si, au départ, les responsables ont pratiqué le scoutisme, ce n’est plus le cas après quelques années.

 

Le Fieux, vue générale

 

 

 

La Combe aux Taures, terrain de camp branche verte

 

 

Au camp,

 

 

 

Louveteaux, un coup de main au voisin

(photo pour le calendrier)

 

Très vite se pose le problème de la formation de ceux qui, bénévolement, viennent aider nos activités, qu’ils soient entendants (futurs interprètes, enseignants, éducateurs) ou sourds.

Dans ce double but, accueil et formation, une nouvelle association,  Loisirs Éducatifs de Jeunes Sourds, que l’on peut considérer comme une filiale du groupe, est créée en liaison avec la Société centrale d’éducation et d’assistance  pour les sourds-muets en France, association très ancienne, créée (sous le second empire) dans le cadre de l’établissement, animée surtout par des professeurs.

Reconnue association d’éducation populaire, Loisirs éducatifs crée des stages utilisant la langue des signes, la formation correspondante dépassant le cadre strict du scoutisme. L’association est agréée par la Jeunesse et les Sports pour délivrer un diplôme officiel d’animateur (le futur BAFA). Elle est subventionnée pour l’équipement du centre du Fieux. Le lien avec les E.E.D.F. est assuré au  niveau du Conseil d’administration et par un bail de mise à disposition du Fieux. François Daubin, délégué général des E.E.D.F., sera le deuxième président de l’association.

 

La communauté sourde…

Pour la communauté sourde, de grands changements : la reconnaissance des signes dans l’enseignement, plus question de cacher ou de faire « comme si… ». La langue des signes est, non seulement reconnue, mais utilisée dans des domaines où on ne s’y attendait pas : théâtre, danse, chansons, etc. Elle a son « académie », fondée par un de nos anciens éclaireurs, qui aide à concrétiser une seule langue des signes française. Elle a des interprètes formés. Les associations de sourds adultes se développent dans tous les domaines. Les sourds veulent l’inclusion mais tels qu’ils sont, avec leur mode de pensée, leur langage, leur culture…

Loisirs Éducatifs de jeunes sourds est partie prenante de cette vie associative, elle est, avec la Société Centrale, parmi les membres fondateurs de l’Union nationale pour l’insertion sociale du déficient auditif, l’UNISDA.