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2018 : une « journée de la mémoire du scoutisme laïque »

 

 

Après la Libération : une politique d’implantation élargie :

Dès les années 30, la F.F.E. et les E.D.F. mettent en place un responsable national en charge du scoutisme d’extension (Melle Hourticq pour la F.F.E., M. Denis-Guillard pour les E.D.F.) mais, après la Libération, on voit apparaître dans les revues  E.D.F. une volonté d’action spécifique dans trois domaines :

–   l’information des structures potentiellement intéressées (établissements, enseignants),

–   le financement des surcoûts liés à l’action en direction des handicapés,

–   la coéducation avec l’ensemble du Mouvement.

Autrement dit, la « branche » extension va définir une politique spécifique d’adaptation du scoutisme « habituel » ; cette politique sera prise en charge par « Érable » Lévy-Danon, commissaire nationale de la branche, dans l’équipe nationale de Pierre François. Érable est la veuve de « Chouette » Lévy-Danon, ancien commissaire régional E.D.F. fusillé par les occupants. Elle donnera une magnifique définition de son secteur d’activité :

« À l’opposé des racistes qui n’accordent d’efficience qu’à l’homme assez musclé qui s’impose par la force, nous croyons en la valeur de tout être ayant usage de sa conscience. Nous croyons que tout être, même infirme, même malade, doit être doté de volonté libre et porté, comme les autres, par sa propre dignité. »

 

L’information : les « stages d’information sur le scoutisme d’extension » :

Proposé en juillet 1946 par la F.F.E. N et les E.D.F., le premier stage d’information est « ouvert à tous ceux (scouts ou non) qu’intéresse l’enfance handicapée (osseux, pulmonaires, paralysés, sourds-muets, aveugles, cardiaques, enfants retardés) ».  Le document de présentation, paru en avril 1946, annonce également un « stage d’information sur le problème de l’enfance en danger moral » dans un lieu et avec un encadrement différents.  L’inventaire des secteurs éventuellement concernés est large mais continue de donner une grande place aux « malades » dans le prolongement des décennies précédentes.

Dans le même temps, un appel est lancé par Eugène Arnaud, commissaire national adjoint, aux responsables : « Faut-il, pour être chef d’extension, des qualités spéciales, une compétence particulière ? Non ! Tout bon chef, toute bonne cheftaine peut apporter une aide immense à des jeunes déficients. (…) Attendrez-vous longtemps pour leur donner la joie de vivre ? »

Les stages d’information sur le scoutisme d’extension s’adressent à tous ceux qui, pour des raisons souvent professionnelles, seront en relation avec des jeunes inadaptés, par exemple les élèves des Écoles normales ou les instituteurs. Organisés par Érable Lévy-Danon, ils sont pilotés par deux inspecteurs généraux de l’Éducation nationale, M. Petit et Melle Mezeix.

Ils aborderont successivement tous les domaines où une adaptation du scoutisme est possible et permettront d’atteindre de nouveaux secteurs : c’est ainsi que, à l’initiative d’André Haim, psychiatre membre de l’équipe nationale Extension, deux instituteurs du centre psychopédagogique du Villaret, annexé à l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban sur Limagnole en Lozère, y seront envoyés en 1950 par le Dr François Tosquelles, psychiatre impliqué dans les recherches sur la psychiatrie institutionnelle. Cette participation conduira à la création d’une unité d’éclaireurs à Saint-Alban, en liaison avec le groupe E.D.F. de Montpellier. À notre connaissance, on peut y voir la première expérience d’adaptation de notre scoutisme à des handicapés mentaux sévères.

 Notons également l’action importante menée en direction des « classes de perfectionnement », créées en 1909 et devenues obligatoires en 1945 pour les « arriérés de l’intelligence » qui y disposeront de plus de temps pour un programme allégé avec des rythmes d’apprentissage adaptés aux capacités de chacun. Cette action est « pilotée » par une inspectrice générale,

Cette information ne se limite pas à la recherche de nouveaux responsables et à la création de nouvelles unités, elle s’accompagne d’une action de formation des responsables, en particulier à travers les fiches des « Cahiers ».

 

 

 

 

 

Les finances : la « vente Extension » et le « soir inhabituel » :

Les activités de la branche nécessitent la recherche d’un financement particulier, qui va se traduire par deux types d’actions faisant appel chaque année à ce qu’il est convenu d’appeler la charité publique : la « vente Extension » et le « soir inhabituel ».

–   la « vente Extension », dans les locaux du siège au 66, rue de la Chaussée d’Antin, quelque temps avant les fêtes de fin d’année, pour les achats de Noël,

–   le « soir inhabituel », mis en place par une équipe professionnelle qui fait appel à de nombreux artistes bénévoles.

Ci-après, nous reproduisons quelques pages souvenirs du « soir inhabituel » de 1954. L’invitation et le programme mettent en évidence la participation de nombreuses personnalités, et la conclusion est apportée par Gilbert Cesbron, auteur très apprécié à l’époque. Deux acteurs, Danièle Delorme et Daniel Gélin, également célèbres, ont enregistré un disque de poèmes. À noter que Danièle Delorme et Yves Robert s’intéresseront au groupe d’éclaireurs en rééducation de séquelles de poliomyélite (en chariots plats, fauteuils roulants ou corsets) de l’hôpital Raymond Poincaré à Garches.

 


 

 

 

 

Les résultats : intégration et coéducation :

La « branche » Extension prenant toute sa place à côté des branches dédiées aux tranches d’âge, les unités d’extension trouvent également la leur dans la vie du Mouvement à tous les niveaux.

Routes Nouvelles fait le point sur les unités Extension en 1962, tout en faisant remarquer leur concentration sur quatre régions. On peut penser que cette concentration résulte, en réalité, de celle des établissements concernés, en particulier pour les handicapés, les classes de perfectionnement étant, elles, plus dispersées sur le territoire.

L’effectif total, de l’ordre de 1500 cotisants, n’est pas très élevé, mais on peut constater que l’implantation se fait un peu dans tous les domaines, avec un début de développement du côté des inadaptés « psychiques » (incluant les inadaptés « sociaux »).