Faire rupture avec l’exclusion, c’est ouvrir le chemin à d’autres possibles. On a vécu au sein des EEDF un courant idéologique, assez actif, qui nous interpellait en questionnant : « Sommes-nous tous normaux ? ». L’idée d’une continuité entre le normal et le pathologique, le valide et l’invalide, le capable et l’incapable se discute en permanence.
Ainsi l’Organisation Mondiale de la Santé a publié pour la première fois en 1980 la classification internationale des handicaps et santé mentale proposé par Philip Wood. L’OMS propose de penser la question du handicap (terme français) en déficience, incapacité et désavantage. Et cette classification va plus loin en énonçant que la question du désavantage est une question relative, temporaire qui interpelle les politiques publiques en faveur des publics en difficulté. On peut donc vivre avec un désavantage un jour et ne plus le subir le lendemain si l’environnement prend en compte cette réalité et son accompagnement.
C’était d’ailleurs la conclusion du rapport de la recherche de 86/88 :
« Souhaitons que l’évolution actuelle se fasse dans le sens d’une acceptation de la différence et d’une plus grande intégration dans la vie sociale. Car ne l’oublions pas, si la déficience est une donnée individuelle, le handicap est une donnée sociale. »
Alors, revenons à cette recherche et cette notion d’Accompagnant, Tiers médiateur et Passeur.
Les accueils des jeunes en camp de groupe EEDF classique montrent que, sans accompagnement spécifique, ces accueils sont douloureux pour tous. Un accompagnement par un Tiers médiateur, par un ouvreur de chemin s’avère nécessaire mais pas suffisant. La rencontre avec un groupe ouvert à la différence dans le plaisir de la rencontre est aussi indispensable.
Qu’est-ce qu’aurait donc le scoutisme de plus que d’autres pour réussir ce pari ?
Chez les jeunes animateurs qui encadrent ces temps de vacances, très peu ont une formation dans l’éducation spécialisée, mais beaucoup ont suivi une formation d’animateur de temps de loisir, dans une perspective éducative. Peut-être est-ce là, tout simplement, leur savoir-faire éducatif.
On a toujours adapté la méthode dans le temps et dans l’espace !
L’éducation par l’action tout d’abord : être et faire ensemble sans objectif de performance.
Le petit groupe ensuite : une taille humaine du vivre ensemble favorable à la rencontre et à la découverte de l’autre.
Une progression individuelle qui tienne compte des capacités des uns et des autres, et la solidarité qui va avec cet état d’esprit. Mais qu’en est-il de la continuité ?
Une relation éducative enfin, non pas de « dame patronnesse », mais de bientraitance et de sollicitation du « Pouvoir d’agir », dans la cohérence d’un vivre ensemble et d’un plaisir partagé.
Déjà si ce pari était tenu, alors oui, le scoutisme dans son extension à tous les publics a encore de belles années devant lui.
Et n’oublions pas Dame nature ! Un environnement à découvrir et à investir !
Baden Powell disait du scoutisme : « C’est une belle manière de se recréer en plein air. »
Après le « temps libre de la récréation » lié à ce moment de vacance(s), peut-être que maintenant le « temps des possibles de la re-création » est arrivé !
Et si on prenait Baden Powell au mot ? « Une belle manière de se recréer en plein air. » ?