… et suggère des évolutions.
Notre Mouvement, comme toutes les associations reconnues d’utilité publique, est périodiquement inspecté.
La dernière inspection se situe fin 2018 et fait l’objet d’un rapport public, publié sur le site du Ministère.
Il nous a semblé intéressant d’en présenter la synthèse.
Rapport complet disponible sur le site du Ministère : « RAPPORT IGJS »
RAPPORT IGJS
MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA JEUNESSE
INSPECTION GÉNÉRALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS
MISSION DE CONTRÔLE DE L’ASSOCIATION
ÉCLAIREUSES ET ÉCLAIREURS DE FRANCE
Rapport établi en décembre 2018 – SYNTHÈSE
Reconnue d’utilité publique en 1925 et membre de la fédération du scoutisme français (FSF), l’association nationale des Éclaireuses Éclaireurs de France (EEDF) est le seul mouvement scout français laïque et dispose, à ce titre, d’un agrément de l’éducation nationale en qualité d’association éducative complémentaire de l’enseignement public, renouvelé en 2018.
Son activité principale d’organisateur de loisirs et de vacances est garantie par un agrément jeunesse éducation populaire (JEP) et régie par la réglementation des accueils collectifs de mineurs (ACM) pour les séjours de vacances adaptées que l’association a choisi de développer pour des mineurs en situation de handicap mental, sourds ou présentant des troubles du comportement.
Seul mouvement scout à avoir investi ce secteur depuis 1934, les EEDF organisent ce même type de séjours pour des majeurs, et dans ce cas, la réglementation de référence est celle des vacances adaptées organisées (VAO), contrôlée par les directions départementales chargées de la cohésion sociale.
Pour leurs activités de scoutisme proprement dites, les EEDF se voient appliquer des dispositions particulières destinées aux associations de scoutisme, allégeant les conditions d’encadrement et autorisant des titres et diplômes spécifiques au scoutisme pour celui-ci.
Le troisième champ d’intervention majeur de l’association est la formation des directeurs et animateurs développée conformément à l’habilitation générale obtenue par la fédération du scoutisme français pour l’ensemble de ses membres, en vue de la formation au brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur/ de directeur (BAFA et BAFD). Financée par le ministère chargé de la jeunesse et de l’éducation populaire, l’association des EEDF dispose d’une convention pluriannuelle d’objectifs (2018-2020).
Engagée auprès du ministère dans plusieurs instances (CNAJEP…) et pour de nombreux projets (charte de qualité des séjours de vacances adaptées…), l’association nationale constitue un partenaire représentatif du scoutisme français (troisième mouvement après les SGDF et les GSE, en référence au nombre d’adhérents et quatrième en termes de nombre de camps organisés).
La mission alerte sur une situation financière problématique, dont le redressement est urgent et déterminant pour l’avenir du mouvement. Prise en compte par les dirigeants nationaux (élus et salariés) conscients de l’urgence, celle-ci doit cependant encore faire l’objet de décisions fortes dans un délai rapproché. En effet, le respect de la démocratie associative mais plus encore de la lente évolution des mentalités et du partage de la mise en œuvre des décisions ne doit pas freiner une nécessaire détermination à sortir définitivement l’association de la situation actuelle qui mènerait inéluctablement à l’extinction d’un mouvement, noyé sous les contraintes générées par un patrimoine trop peu utile et un modèle économique obsolète
Profondément déstabilisée par le dernier plan social, l’association tarde à déployer tous les moyens indispensables pour assurer sa survie. La tentation de maintenir, coûte que coûte, un modèle dépassé, non pas quant aux valeurs du scoutisme plus que jamais en phase avec les demandes des parents, mais quant aux modalités de fonctionnement, équivaudrait à condamner l’association.
L’ex-présidente, Isabelle Dhoyer, élue en 2015 sur un projet que la mission qualifie de plan de sauvetage, disposait d’un mandat lui permettant d’atteindre l’objectif qu’elle s’était fixée, destiné à sortir l’association des difficultés financières d’ici 2020, tout en relançant les initiatives et les projets de développement. Cependant, son retrait de la présidence en juin dernier, montre combien ce poste est exposé, de par la contestation permanente qui règne dans cette association et les injonctions contradictoires qui pèsent sur le bureau de l’association et la direction. La remise en cause permanente des décisions, si elle peut être la manifestation d’une démocratie active, a pour corollaire un frein à l’action.
Or le fait que les EEDF se soient toujours sortis de situations financières difficiles laisse planer l’idée qu’une fois de plus, l’association peut s’en sortir sans trop de modifications internes. Or la mission a constaté que la situation actuelle n’est pas celle des précédentes périodes difficiles et la survie de l’association est désormais en cause à moyen terme. Les élus, bénévoles ou salariés, ne semblent pas tous persuadés de la disparation possible des EEDF et sont donc, pour certains, rétifs à faire les efforts nécessaires pour engager des réformes profondes du modèle économique et accepter les transformations de l’approche de l’activité qui en découlent. La remise en cause, par certains, de l’urgence à agir, semble animée par la seule volonté de maintenir leur centre ou leur mode de fonctionnement, même s’ils contribuent à creuser le déficit de l’association. Le refus d’évoluer dans un monde qui se transforme court à la perte de l’association alors même que celle-ci dispose d’atouts indéniables pour conquérir (reconquérir) des publics enclins à se tourner vers les valeurs fortes que dégage le scoutisme d’une façon générale et les EEDF en particulier. En effet, leurs statuts permettent l’accueil de tous, toutes obédiences confondues. Parfois mal comprise, la laïcité ne constitue pas un refus des religions mais un espace d’expression de la liberté de conscience.
Ainsi la campagne de communication « scouts et laïques » réaffirmant les fondements des EEDF, a constitué un premier pas vers une politique d’ouverture permettant le développement salvateur du mouvement.
Cependant, l’ouverture aux autres ne se décrète pas, elle se construit dans le temps. Si certains groupes locaux, services vacances ou centres permanents l’ont bien compris, il s’agit encore trop d’initiatives individuelles pour constituer un mouvement collectif de fond destiné à repositionner les EEDF en tête de l’élan que connaissent aujourd’hui les mouvements de scoutisme en France.
Les préconisations relatives à la situation financière portent sur la poursuite de la vente du patrimoine dont le déficit chronique empêche l’association de revenir à l’équilibre, la modification des modalités de gestion des centres et des groupes locaux pour que leur activité reste rentable ainsi que la recherche de solutions alternatives pour l’implantation de camps et de séjours avec hébergement.
En termes de gestion, les préconisations portent sur des mesures propices à un assainissement de la situation : la suppression définitive des flux internes qui rendent illisible la situation financière des centres permanents et le contrôle renforcé des budgets et comptes des délégations régionales et des structures locales en vue de leur maîtrise dans un budget consolidé au niveau national.
L’organisation complexe de l’association a des répercussions sur son fonctionnement et par conséquent sur sa capacité d’action. La mission préconise des mesures de rationalisation des embauches par une politique décidée à la tête de l’association, une professionnalisation de la gestion des salariés et une clarification des relations salariés/élus.
Élargissant la base des électeurs en 2011 pour une meilleure démocratie, les statuts mériteraient d’être allégés au profit du règlement général et le mandat du président consolidé en nombre d’années de mandat, pour faciliter la mise en œuvre de réformes.
Le plan de licenciement de 2013 a accentué les tensions entre salariés et élus bénévoles, dues à un flou persistant dans les rôles respectifs de chacun que les EEDF doivent éclaircir pour apaiser le climat social et rendre l’organisation plus efficace.
Pour ce qui concerne l’activité de l’association, la mission préconise de renforcer des secteurs qui sont au cœur des choix de développement faits par le mouvement au fil de son histoire et de les adapter pour les sécuriser et les rendre plus attractifs.
Ainsi, « scouts et laïques », slogan d’une campagne de communication récente, précise clairement les spécificités du mouvement. La mission préconise de s’y référer pour renforcer la transmission des valeurs fondatrices de l’association, à travers des contenus pédagogiques revisités, clarifiés et adaptés aux besoins des jeunes, tant dans les projets pédagogiques des camps que dans les formations BAFA et BAFD, en clarifiant les références éducatives de toutes les actions.
Les séjours de vacances organisés pour des mineurs et des majeurs en situation de handicap mental ou présentant des troubles du comportement sont historiques chez les EEDF, répondent à un besoin sociétal [qui ne peut être ignoré mais très peu pris en compte par d’autres opérateurs] et restent rentables pour les mineurs. Répartis de façon hétérogène entre mineurs et majeurs sur trois services nationaux, ceux-ci gagneraient à faire l’objet d’une centralisation, mutualisation et rationalisation du fonctionnement pour enrayer la chute de leur rentabilité. La mission préconise de renforcer la qualification d’un encadrement, par ailleurs très dévoué, et d’améliorer les conditions matérielles des accueils.
D’une façon générale, formés par les fondements du scoutisme à « se débrouiller » par eux-mêmes, les EEDF sont peu enclins à prévenir les DDCS quand un événement grave se déroule en leur sein. D’où des données relatives aux déclarations inférieures aux autres mouvements de scoutisme, eux-mêmes déjà inférieurs aux autres organisateurs d’ACM.
Dans ce domaine également, le modèle est dépassé et les EEDF doivent tenir compte de l’évolution de la société, de la nécessaire information du Préfet et de ses services, parfois dans l’obligation de répondre aux interrogations des médias et toujours tenu de coordonner l’action des services de l’État.
Les préconisations vont dans le sens d’un rapprochement des DDCS pour convenir du mode de communication le plus approprié pour anticiper les difficultés et les gérer au mieux quand elles surviennent.