Il nous semble intéressant de reproduire également le texte d’un article paru en 2009 dans « La Dépêche » de Toulouse qui nous en rappelle le parcours régional :
LA DÉPÊCHE
Publié le 23/11/2009
Elle avait 30 ans tout juste. Et devant elle, une société qu’il fallait à présent reconstruire en misant sur la jeunesse. 1945… L’année où l’institutrice Odile Victor, née à Ferrières, est donc entrée aux Éclaireurs de France, « parce que j’avais soif de renouveau, d’engagement », se souvient-elle aujourd’hui. Mlle Victor. « Toupinou » depuis 1947. Dictant immédiatement l’usage du « nous » plutôt que celui du « je ». De la photo de groupe plutôt que du portrait. Parce qu’on est là pour parler des Éclaireurs et Éclaireuses de France, dont c’est le congrès régional à Tarbes, samedi et dimanche prochains, du collectif qui a occupé l’essentiel de sa vie, non de l’individuel. Et que la proviseure de Reffye qu’elle a été est toujours bien vivante dans le ton, les idées claires sur la direction des opérations ; bref, pas prête à s’offrir à un quelconque panégyrique.
« Toupinou », alors ? Un totem qui lui est venu sur un quai de gare en 1947 et qui dit à la fois « lutin facétieux du Grand Nord, petit chaudron bouillonnant ou petit oiseau de chez nous », explique-t-elle. Forte personnalité qui ignorait « tout du scoutisme » et y est entrée au hasard d’un stage d’instruction à Toulouse, avec des responsables des Éclaireurs, des Francas et des Centres d’entraînement à l’éducation active « parce qu’en 1945, nous voulions tous trouver de nouvelles pistes éducatives dans une société qui en avait bien besoin ».
Autour d’Odile Victor, qui a fait un camp de formation scout chez Baden Powell en 1956,
Aline Bonnahon et Claude Théodore, à droite: trois générations d’éclaireuses.
Concrètement ? En créant « de véritables sociétés avec l’enfant, un enfant qui devenait acteur de ses décisions, qui tenait des conseils où il donnait son avis, avec des activités qu’il montait, des projets collectifs », rappelle-t-elle. Ce qu’elle fit donc chez les Éclaireurs, en s’occupant de la meute de louveteaux de Tarbes, à partir de 1948. Détachée de l’Éducation nationale pour servir l’éducation populaire, les activités extrascolaires avec la « bénédiction » laïque de l’inspecteur d’académie Pons, « le père de Bernard Pons ». Parce qu’à l’époque, recteurs et inspecteurs soutenaient concrètement le mouvement, « mouvement qui a éclairé ma vie et où j’ai rencontré des personnalités rares, hors du commun, dans un climat de confiance, d’amitié, de fraternité, de sincérité et avec le désir d’aller toujours de l’avant ».
Aller de l’avant ? Pour le scoutisme laïque, les Éclaireurs, c’était donc être l’avant-garde au sens strict. « Enfants d’ouvriers, de médecins, d’enseignants : il y avait une très grande mixité sociale » tous les jeudis après-midi ou au rendez-vous mensuel du dimanche, chez les louveteaux, pour les jeux et « l’éducation spirituelle » qu’on appellerait culturelle, aujourd’hui : l’initiation à la musique, la poésie, les grands textes, la peinture…
S’il y a des filles…
Mais « nous avons été aussi les premiers à être un mouvement de coéducation », rappelle « Toupinou ». Officiellement en 1966, avec le regroupement des Éclaireurs et Éclaireuses. Dès 1949 à Tarbes, chez les louveteaux. Même qu’elle n’a pas été facile à réaliser, cette mixité-là.
Car « s’il y a des filles, nous, on vient plus », avaient prévenu ses louveteaux frondeurs. Que l’arrivée d’une Fifi Brindacier de leur âge eut vite fait de retourner. Louveteaux, 8-11 ans… « c’est merveilleux, cet âge, » se souvient-elle encore. Qui, après plus de 40 ans d’engagement, pense que le mouvement doit continuer à évoluer et explique ainsi l’apport des Éclaireurs et des Éclaireuses : « ça donne aux gens le sens du possible et la volonté d’y accéder par le travail et l’investissement, un sens des responsabilités très apprécié plus tard, dans les parcours professionnels ». Et ce qu’elle en aura retenu, elle ? « Quand un enfant vous donne la main, avec toute sa confiance, vous vous sentez invincible. »
Sans plus de commentaire, Tupeenou est toute entière dans ce texte qui montre la continuité de son engagement à travers les décennies !